Contre le crime organisé et le trafic de stupéfiants à La Réunion, la présidente de la Région réclame un renforcement des moyens douaniers

©Police nationale de La Réunion

Contre le crime organisé et le trafic de stupéfiants à La Réunion, la présidente de la Région réclame un renforcement des moyens douaniers

La Présidente de Région Huguette Bello appelle à un renforcement des moyens de lutte contre le crime organisé et le trafic de stupéfiants à La Réunion, indique un communiqué de la Région, qui précise que sa présidente Huguette Bello a écrit au Premier ministre François Bayrou en ce sens. Plus concrètement, elle réclame une augmentation des effectifs douaniers, une réflexion sur l’implantation d’un service de douane judiciaire et la remise en place d’une brigade garde-côtes des douanes.

« Depuis plusieurs années, La Réunion est confrontée à un afflux massif de drogues de plus en plus dures et nocives avec des conséquences graves en termes de santé publique, de sécurité et de cohésion sociale pour ses habitants » constate la Région, qui précise que « plus de 200 personnes ont été admises dans les services d’addictologie entre 2022 et 2024 selon les chiffres de l’Agence Régionale de Santé ». « De même, les saisies de cocaïne ont augmenté de 87 % sur la même période ».

Si la Région salue « l’efficacité des services de santé et de police qui sont à pied d’œuvre et qui font le maximum pour endiguer ce phénomène », elle déplore « une insuffisance de moyens face à des fléaux qui s’implantent durablement sur notre territoire et menacent notre vivre ensemble ». « La réalité est que nos services des douanes sont débordés et finissent par pousser un cri d’alarme face à ce phénomène contre lequel ils s’estiment démunis » insiste la Collectivité.

Dans un courrier adressé au ministre de l'Intérieur, le député Philippe Naillet (PS) détaille « des chiffres éloquents » : « Pour la cocaïne, 16 kilos saisis en 2022, 30 kilos en 2023 et 50 kilos en 2024 ; pour la résine de cannabis, 300 kilos en 2023 et 500 kilos en 2024 ; pour l’ecstasy ou MDMA, 76 000 cachets saisis en 2023 et 172 000 cachets en 2024 ». Des chiffres qui « ne représentent par ailleurs que les saisies » précise le député, « le trafic étant estimé à minima à 10 fois plus ».

« Face à la gravité de la situation, et après avoir reçu une délégation des représentants de la CFDT Douanes de La Réunion », Huguette Bello a ainsi écrit au chef du gouvernement, le 7 mai dernier, pour demander à l’exécutif « de prendre la pleine mesure de ce problème qui grandit à bas bruits et qui devient majeur pour notre territoire ».

Le communiqué cite deux points d’entrée principaux : l’aéroport Roland Garros et le Grand port Maritime, où « à l’heure actuelle, les agents de contrôle ne sont pas assez nombreux sur ces deux points ». « S’agissant du port, il y aurait ainsi très peu de contrôles sur les conteneurs issus des bateaux de pêche ou de commerce. Si la livraison d’un scanner est bien prévue, les postes nécessaires pour le faire fonctionner n’ont pas été créés au budget 2025 ».

« La Direction régionale des douanes compte seulement 206 agents, dont 60 dédiés aux contrôles, répartis entre la brigade de l’aéroport, celle du port et celle de Saint-Pierre » a renchéri le député Philippe Naillet dans son courrier à Bruno Retailleau. « En l'espace d'un an, le nombre de mules et la quantité de stupéfiants transportés ont explosé, avec des saisies en constante augmentation à l’aéroport principal ».

Parmi les solutions, Huguette Bello réclame notamment un renforcement des effectifs de contrôle « avec quatre maîtres-chiens supplémentaires spécialisés dans la traque de stupéfiants et vingt douaniers piétons ».  Elle a également demandé une réflexion sur l’implantation d’un service de douane judiciaire de type Office National Anti-Fraude (ONAF) afin de traiter des affaires de stupéfiants et de blanchiment d’argent.

Enfin, Huguette Bello demande « la remise en place de la brigade garde-côtes des douanes contribuerait grandement au renforcement des contrôles maritimes aux abords de l’île ». « À la différence des autres départements d’outre-mer, la douane réunionnaise n’a plus de brigade garde-côtes depuis 1984. Il y aurait un réel enjeu à rétablir une présence douanière au large des côtes réunionnaises » souligne-t-elle.

« La Réunion se trouve aujourd’hui à un carrefour en matière de lutte contre le crime organisé et les trafics de stupéfiants. Seule la pleine mobilisation des autorités de l’État et le renforcement des moyens engagés peuvent permettre d’agir avec efficacité » a conclu la présidente de Région.