A Mayotte, une micro-unité de potabilisation d'urgence face à la pénurie d'eau

©Mayotte Hebdo

A Mayotte, une micro-unité de potabilisation d'urgence face à la pénurie d'eau

A Mayotte, qui subit l'une des pires pénuries d'eau de son histoire, les autorités ont présenté mardi une installation servant à « potabiliser de l'eau douce » près de la rivière Coconi, au centre de l'île, mais qui ne répondra toutefois qu'aux besoins d'urgence.

Sur ce territoire d'outre-mer, où les réserves s'amenuisent et ne pourront bientôt couvrir que 25 à 50% des besoins, quarante militaires de la formation militaire de la sécurité civile (ForMiSC) sont arrivés vendredi pour « aider à la production et à la distribution d'eau sur le territoire »

Leur unité de potabilisation - qui ne sera pas reliée au réseau d'eau - pourra produire « jusqu'à 200 m3 » par jour, pour remplir les 15 citernes-cuves arrivées sur le territoire pour des besoins d'urgence. « Certaines de ces cuves pourront servir à alimenter les établissements de santé en cas de rupture », précise Gilles Cantal, le préfet chargé de l'eau à Mayotte.

Le reste du temps, elles seront stockées dans les locaux du régiment du service militaire adapté (RSMA), à Combani, à 10 kilomètres. L'unité produira alors « environ 20m3 quotidiennement, pour continuer à faire fonctionner le matériel », indique le commandant Luc, de la ForMiSC. Mais il n'est pas prévu que l'eau produite alimente le réseau public. 

Le manque de pluie à Mayotte assèche ses deux retenues collinaires qui représentent 80% de la ressource. « Actuellement, le taux de remplissage de la retenue de Dzoumogné (au nord) est de 8% et celui de Combani, de 17% », contre respectivement 71 et 95% l'an dernier à la même époque, indique la préfecture.

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Depuis le 4 septembre, les habitants sont privés d'eau deux jours sur trois pour « préserver cette ressource et tenir jusqu'en novembre », expliquait le préfet de Mayotte Thierry Suquet, à l'annonce de ces restrictions. Malgré cela, la consommation de la population - estimée à 43 000 m³ par jour en temps normal - peine à descendre en dessous des 30 000 m³.

Lorsque la vidange des deux retenues collinaires sera complète, seules les eaux souterraines - qui représentent 15 % de la ressource - et la production de l'usine de dessalement - qui couvre 5 % des besoins - permettront d'alimenter le territoire. « Nous pourrons alors produire 20 000 m³ par jour », assure Gilles Cantal.

Selon un participant aux réunions hebdomadaires de la cellule de crise sur l'eau, qui souhaite conserver l'anonymat, la production sera plutôt d' « environ 10 000 m³ par jour ». Soit à peine un quart des besoins. « A partir de fin octobre, nous risquons d'être sur une alerte maximale », concède le préfet de l'eau. Et même si la saison des pluies démarre dès début novembre, comme habituellement, « il faudra du temps pour réalimenter les retenues collinaires », estime Gilles Cantal.

Avec AFP