À Mayotte, la vaccination s’accélère encore avec l’ouverture aux plus de 12 ans

©ARS Mayotte

À Mayotte, la vaccination s’accélère encore avec l’ouverture aux plus de 12 ans

10 pour 100 000 habitants. C’est le taux d’incidence que connaît Mayotte depuis un mois et demi. L’île est aujourd’hui le département le moins touché par l’épidémie. Il faut dire que la vaccination bat son plein et s’ouvre désormais aux plus de 12 ans. Une aubaine pour l’île qui possède une population très jeune, ce qui a sans aucun doute largement contribué à la diffusion de la maladie. Détails et explications avec notre partenaire France Mayotte Matin. 

Que s’est-il passé entre le mois de février et le mois de juin 2021 ? Le mystère reste entier lorsque l’on compare les chiffres de contamination. En effet, le relâchement actuel semble au moins équivalent à celui de la fin d’année dernière. Pourtant, le nombre de cas est aujourd’hui à son taux le plus faible. Alors, à la question de savoir si nous avons déjà atteint l’immunité collective à Mayotte, Dominique Voynet répond sans artifice : « On ne le sait pas encore ». 

L’accalmie est-elle due à la vaccination, au fait que beaucoup de personnes ont attrapé le virus, ou à ces deux facteurs cumulés ? Impossible de répondre avec certitude. La directrice générale de l’ARS assure cependant qu’une grosse enquête de séroprévalence va avoir lieu au retour des vacances scolaires. Une enquête qui n’a pas pu être menée avant, l’ARS n’ayant pas réussi à recruter suffisamment de personnes pour réaliser ce travail titanesque. 

En attendant, une chose est sûre, le taux d’incidence très bas se maintient dans le temps. Depuis un mois et demi, le département est en dessous de 10 cas pour 100 000 habitants. Le nombre de personnes qui arrivent à l’hôpital est très faible. Actuellement, 2 malades sont accueillies en médecine, et deux autres en réanimation. Nous sommes bien loin des chiffres des mois de février et mars.

Le virus circule toujours, mais Mayotte est le département français avec le taux d’incidence le plus bas. Nul doute que la vaccination a joué un rôle. C’est d’ailleurs pour cela que les autorités ont décidé d’accélérer la cadence en conditionnant la possibilité de voyager à l’acquisition d’un schéma vaccinal complet. Désormais, toutes les personnes de plus de 12 ans peuvent avoir accès au vaccin. Et si les adolescents n’ont pas été vaccinés plus tôt, c’est uniquement que le vaccin Pfizer n’était pas encore autorisé par les autorités publiques. 

« On a d’abord dit d’accord pour les 16-18 ans et maintenant on nous dit à partir de 12 ans on peut vacciner », confie Dominique Voynet. « C’est fondamental pour nous car il y a énormément de jeunes et d’adolescents qui se fréquentent beaucoup et ne respectent pas très bien les gestes barrières ». En début d’année, de nombreux établissements scolaires ont en effet enregistré un nombre important de cas. 

Concernant la polémique lancée par le collectif des citoyens de Mayotte qui accuse l’ARS et le rectorat de ne pas respecter les règles pour la vaccination des mineurs, Dominique Voynet l’a balayée d’un revers de la main. Selon elle, la vaccination n’est pas obligatoire. Pour les adolescents, il faut obtenir leur accord, « ils ont le droit de dire non, même si leurs parents disent oui ». L’accord des deux parents est bien entendu indispensable. « Je peux vous dire que nous respectons strictement la réglementation et nous ne vaccinons personne qui ne soit pas volontaire et dont les parents n’ont pas donné leur accord ». 

Le contraire aurait été étonnant mais comme l’a précisé l’ancienne ministre, tout en ajoutant que depuis le début de la crise, « une polémique en balaye une autre ». Mais l’ARS a réussi à convaincre des bienfaits du vaccin. Actuellement, environ 1 000 personnes sont vaccinées chaque jour à Mayotte. Un chiffre qui peut monter jusqu’à 1 600 certains jours. Les centres de vaccination sont ouverts plus longtemps que par le passé mais les habitants privilégient largement le matin pour se faire vacciner. 

Dominique Voynet réfléchit donc à réorganiser les choses pour éviter que du personnel et du matériel soient mobilisés « pour rien » jusqu’à 17h. Car dans cette vaste campagne de vaccination, le facteur limitant reste le personnel. Selon Dominique Voynet, « l’ARS ne sort pas les médecins de sa poche. Les médecins mahorais sont très peu nombreux dans le monde libéral. En métropole il y a beaucoup de médecins et de pharmaciens libéraux qui vaccinent. Ici, tout le dispositif vaccinal repose sur l’ARS ».

L’agence s’appuie depuis le début sur le renfort de la réserve sanitaire. Néanmoins, cela risque d’être plus compliqué lors des prochaines semaines, car « tout le monde aspire à des vacances après les crises covid. Il va falloir qu’on adapte vraiment bien notre dispositif à la demande mahoraise ». S’adapter sans cesse. C’est sans aucun doute le maître mot face à cette crise, dont on espère qu’elle constituera très vite un mauvais souvenir. 

Pierre Bellusci pour France Mayotte Matin.  

Pour précision, outre Mayotte, la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane et La Réunion ont aussi ouvert la vaccination aux mineurs de 12 à 18 ans, depuis ce 15 juin et en même temps que l’Hexagone. Parmi les Collectivités d’Outre-mer, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie française ont sauté le pas quelques jours auparavant.