La préfecture organise le départ de 300 migrants vers l’Hexagone depuis le camp de Cavani, suscitant tensions et espoirs pour les migrants. Les détails d'une évacuation délicate et ses implications avec nos partenaires de France Mayotte Matin.
C'est une journée bien particulière aujourd'hui pour les migrants du camp de Cavani, puisque 300 d'entre eux sont appelés par la préfecture pour se rendre dans l’Hexagone. Il s'agit bien évidemment des personnes en situation régulière disposant d'un statut de réfugié, qui sont concernées par cette démarche.
Toute la matinée, l'effervescence était de mise du côté de Cavani. Entre les traditionnelles activités sportives comme les matchs de foot entre africains, la présence régulière des collectifs d’habitants et les personnes venues constater par elles-mêmes les départs car l’information avait circulée, la tension est très rapidement montée entre les migrants qui cherchaient à savoir précisément qui allait partir versus qui n'allait pas partir. Pourtant ceux qui partaient le savait mais l’incertitude semblait planer sur le camp...
Le mot d'ordre était clair : à 07h30, les migrants concernés partaient, mais ce n'est qu'à 13h00 qu’ont commencé à arriver 6 autocars, qui ont embarqué les migrants concernés par le voyage. Première destination : l'ancien hôpital de Dzaoudzi en Petite-Terre, où ils allaient être regroupés en vue de leur départ dans un avion affrété lundi matin pour Paris.
Très tôt, les migrants africains du stade de Cavani avaient préparé leurs sacs et attendaient de pouvoir partir. Les esprits se sont échauffés quand des migrants entre eux ont essayé de faire des listes de gens qui devaient bénéficier d’un logement car en situation irrégulière, occasionnant bagarres et dérapages parfois violents. Les équipes de la préfecture et les travailleurs sociaux étaient sur place pour calmer les esprits.
En début de matinée, des camions d'entretien de la ville de Mamoudzou se sont présentés aux abords du stade pour pouvoir ramasser les détritus et autres immondices, ainsi que les restes des cabanes déconstruites par leurs occupants. La présence de la Police municipale a permis de contenir toutes ces personnes particulièrement agitées.
C'est dans un vol affrété par la préfecture que les 300 migrants vont rejoindre l’Hexagone. La préfecture mettra près de 300 000 € sur la table pour permettre cette évacuation. Reste à espérer maintenant que ce départ de réfugiés vers l’Hexagone ne va pas inciter les autres migrants, toujours stationnés par milliers en Tanzanie, à tenter la traversée pour eux aussi pouvoir bénéficier du transfert.
Pour bon nombre d'observateurs à proximité du camp, les arrivées de migrants ne cessent pas, et il y a fort à parier que le problème va rapidement se reposer. En tout état de cause, les migrants sont arrivés dans le calme sur le site de l'ancien hôpital de Dzaoudzi, le préfet Bieuville était sur place. Ils ont passé la nuit dans le calme et vont décoller pour Paris ce matin.
Anne-Constance Onghéna pour France Mayotte Matin