A la découverte des Outre-mer : Zoom sur l'aventure écotouristique à Mayotte

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A la découverte des Outre-mer : Zoom sur l'aventure écotouristique à Mayotte

Tout au long de l’été, Outremers360 vous propose d’explorer les différents aspects du tourisme dans les territoires d'outre-mer. Plongez au cœur des cultures ultramarines, parcourez des paysages époustouflants et laissez-vous emporter par des expériences uniques, révélant comment ces destinations insulaires préservent leur patrimoine tout en accueillant les visiteurs du monde entier.Cette semaine, Outremers 360 vous emmène à Mayotte, surnommée « l'île aux parfums » ou « l'île-hippocampe » en raison de sa forme distinctive vue du ciel. 

 

Mayotte offre un cadre enchanteur. Nichée au cœur de l'océan Indien, l’île est entourée d'une barrière de corail spectaculaire qui abrite un lagon aux eaux cristallines. Sa biodiversité exceptionnelle se distingue par sa faune et sa flore uniques, ainsi que par un riche patrimoine immatériel. 

Julie Fournereau, responsable de la promotion et de la communication à l’Agence d’Attractivité et Développement Touristique de Mayotte, AaDTM, anciennement le Comité Départemental du Tourisme de Mayotte, CDTM, nous guide et nous dévoile les trésors de son île de cœur.

Mayotte vue par le satellite Sentinel-2, en 2021 © DR

Selon le rapport économique de l’Institut d’Emission des Départements d’Outre-Mer (IEDOM), la fréquentation touristique à Mayotte a augmenté en 2023, avec près de 162 000 nuitées enregistrées, soit une hausse de 37 % par rapport à 2021. Le taux d'occupation hôtelière a également progressé, atteignant en moyenne 78 %, comparé à 74,2 % en 2022 et 73,3 % en 2021. Cette croissance s'explique en partie par l'augmentation du nombre de chambres disponibles dû à la création de nouveaux établissements et à l'agrandissement d'établissements existants. On observe également une augmentation notable des locations de meublés et d'appartements. « On note un essor considérable ces dernières années sur le plan des infrastructures, avec une augmentation de 53 % de l'offre touristique sur l'ensemble du territoire » précise Julie Fournereau. La clientèle touristique à Mayotte est principalement composée de touristes affinitaires (63 %) et de touristes d'affaires (23 %), principalement originaires de France hexagonale et de l'île de La Réunion.

L’arrivée récente de l’île sur le marché touristique de l’Océan Indien permet à Mayotte d’éviter les écueils et d’identifier en amont les obstacles : « Mayotte reste une destination encore jeune, avec une offre touristique naissante. Nous avons la chance à Mayotte de développer le tourisme après les autres et donc de tirer les leçons de ce qui s’est passé ailleurs. A l’heure actuelle, nous avons une offre de prestation très faible par rapport à d’autres endroits, et nous sommes donc très rigoureux sur la préservation. Nous sommes le premier parc naturel en France à interdire le mouillage sauvage pour protéger les coraux et les herbiers, et à adopter une approche très respectueuse des mammifères marins. Par exemple, la mise à l’eau avec les baleines n’est pas autorisée à Mayotte. Nous avons la chance de pouvoir prendre très tôt des habitudes vertueuses. Le tourisme avance à son rythme mais sans retour en arrière », nous précise Julie Fournereau.

 Un Paradis Écotouristique

Mayotte se positionne comme une destination écotouristique soucieuse d’intégrer harmonieusement ses activités avec l'environnement local. Parmi les activités phares, la plongée sous-marine se distingue. Mayotte est mondialement reconnue pour ses centres de plongée situés en bord de plage. Avec le plus grand lagon fermé du monde et sa barrière de corail, Mayotte offre un cadre exceptionnel pour observer une biodiversité riche et variée, incluant des coraux mous et durs, des grands requins, des thons, des napoléons, des raies Manta, des dauphins et également des barracudas. En été, les baleines à bosse viennent se reproduire et mettre bas au large de Mayotte : « Les baleines peuvent être observées depuis la terre sans être dérangées. Les baleineaux passent leurs premiers mois dans ces eaux avant de repartir vers le grand Sud. »

Un site emblématique de Mayotte est le Jardin Maoré sur la plage de N'Gouja : un écolodge qui propose une offre complète d’hébergement, de restauration et un centre de plongée dans un cadre de préservation naturelle. En se promenant dans l'eau, on peut découvrir un herbier qui abrite une centaine de tortues vertes. Les herbiers servent de sites d'alimentation et de ponte pour les tortues. Ce qui explique l'importance de leur préservation. Le Centre d'Étude et de Découverte des Tortues Marines (CEDTM), à La Réunion, a ainsi constaté que la population de tortues est en augmentation à Mayotte, confirmant ainsi l'impact positif que peut avoir un tourisme respectueux des conditions naturelles.

 Préserver les tortues de la pollution lumineuse

À Mayotte, de nombreux efforts de sensibilisation sont en cours, notamment sur les trois principaux sites de ponte : la plage de N'Gouja, les plages de la presqu'île de Saziley, et la plage de Moya. La presqu'île de Saziley est entièrement naturelle, sans routes ni lumière excessive. Elle peut être visitée avec des associations ou des prestataires qui organisent des randonnées ou des bivouacs encadrés pour ne pas perturber la faune. Les visiteurs peuvent observer les pontes de tortues le soir et les émergences des bébés tortues retournant à la mer le matin, sous un ciel étoilé sans pollution lumineuse.

La plage de Moya, située sur d'anciens cratères volcaniques en bord de mer, offre une série de plages en demi-cercle entourées de grandes falaises. Ce site accueille également de nombreuses tortues. Des sorties avec des guides certifiés permettent d'observer les pontes et les émergences des bébés tortues, garantissant une expérience enrichissante tout en respectant la nature.

Car la pollution lumineuse a un impact significatif sur les tortues marines à Mayotte, notamment sur leurs habitudes de ponte et la survie des jeunes tortues. Les tortues femelles préfèrent pondre leurs œufs sur des plages sombres et isolées. Lorsqu'elles rencontrent une plage trop éclairée, elles peuvent être dissuadées de pondre, ce qui réduit le succès de la reproduction. De plus, les jeunes tortues utilisent la lumière naturelle de l'horizon pour se diriger vers la mer. Une plage fortement éclairée peut les désorienter, les attirant vers les sources lumineuses artificielles et les éloignant de l'eau. Cette désorientation augmente leur vulnérabilité aux prédateurs et réduit leurs chances de survie. À Mayotte, des efforts de conservation visent à minimiser la pollution lumineuse sur les plages de ponte, garantissant ainsi un environnement sûr pour la reproduction des tortues et la migration des jeunes vers la mer.

« À Mayotte, le tourisme se développe en harmonie avec l'écosystème local, permettant de profiter de la nature tout en préservant ses trésors. » nous indique notre hôte. Ce qui fait écho au slogan de l’AaDTM « La Vie s’émerveille à Mayotte » #mayotteforever.

Plage de N’Gouja ©FrédéricDucarme
Bébé tortue plage de Moya ©Kelly064

Les secrets de beauté des mahoraises

À Mayotte, il existe une longue tradition d'entretien et de soin de soi. Les femmes Mahoraises sont coquettes et souvent très apprêtées. Le vendredi, il n’est pas rare de les voir revêtir le salouva, la tenue traditionnelle composée d'un jupon et d'un tube de tissu très coloré, porté sur un body et assorti d'un petit châle, le kichali.

Un élément distinctif de la beauté mahoraise est le masque de beauté, le m’zintzano. Composé de bois de santal frotté contre une pierre de corail auquel on ajoute un peu d'eau, cette pâte est appliquée sur la peau comme soin régulateur, matifiant et protecteur contre le soleil. Certaines femmes y ajoutent du safran ou des graines de baobab pour lui donner de la couleur. Pour les fêtes, un masque de beauté spécial est préparé à partir de kaolin, une terre blanche. Des dessins artistiques sont réalisés sur le front et les joues à l'aide d'une tige de cocotier.

© Jardin Maore

Les huiles de coco et de santal reconnues pour leurs nombreuses vertus bénéfiques pour les cheveux et la peau sont très prisées des Mahoraises qui les fabriquent souvent elles-mêmes.

Les bijoux tiennent également une place importante dans le quotidien des Mahoraises qui arborent souvent des bijoux délicats issus de l’orfèvrerie locale renommée pour sa finesse et son caractère unique.

Ces pratiques et traditions, transmises de génération en génération, montrent l'importance de l'harmonie avec la nature et le respect des ressources locales dans les rituels de beauté des Mahoraises. Elles illustrent une approche de la beauté qui allie soin de soi, esthétique et préservation des savoir-faire ancestraux.

Afin de permettre aux visiteurs de découvrir et de s'initier aux traditions et savoir-faire locaux, Mayotte Immersion, une initiative locale, offre aux visiteurs l'opportunité unique de vivre une expérience authentique et enrichissante à Mayotte. Les touristes sont alors invités à participer aux traditions locales, comme la poterie, la cuisine traditionnelle, ou d'autres aspects de la culture mahoraise. Ces expériences sont conçues pour offrir une immersion authentique dans la vie et les pratiques à Mayotte, souvent avec l'accompagnement de guides ou de personnes locales.

 L’Ylang-ylang

Surnommée l'île au parfum, Mayotte porte en elle l'héritage parfumé de Guerlain. Car ce qui caractérise Mayotte c’est aussi d’abriter l’ylang-ylang, la fleur des fleurs dont la qualité exceptionnelle et sa senteur enivrante et puissante en faisait un élément essentiel dans la composition de parfums prestigieux. Également connue sous le nom de Cananga odorata, l’ylang-ylang est une plante originaire d’Asie du Sud-Est qui a été introduite dans les îles de l’océan Indien, notamment à Mayotte, au XXe siècle. L’ylang-ylang pousse sur des arbres pouvant atteindre 25 mètres de hauteur. La floraison, bien que présente toute l'année, est particulièrement abondante pendant la saison des pluies, de décembre à avril. La récolte se fait à la main, et le jour même, elles sont distillées à la vapeur d'eau pendant environ 24 heures. Ce processus extrait l'huile essentielle. À Mayotte, cette précieuse culture s'étend sur plus de 100 hectares et compte 71 producteurs. Aujourd'hui, des entreprises familiales perpétuent cette tradition et ouvrent leurs exploitations aux touristes.

Ces entreprises proposent des expériences immersives pour explorer la culture de l'ylang-ylang : les visiteurs sont accueillis le matin avec un petit-déjeuner traditionnel de thé au thym et citronnelle, où ils peuvent discuter avec les hôtes de l'exploitation et apprendre à fabriquer des paniers en feuilles de coco tressées, un matériau largement utilisé localement. Ensuite, ils participent à la récolte des fleurs d'ylang-ylang et découvrent le processus de distillation sur place à travers des alambics. Ils assistent à toutes les étapes, de la distillation à la transformation et aux différents usages.

Le repas de midi est pris au sein de l'exploitation, mettant en avant des produits naturels cultivés dans l’exploitation tels que la salade de papaye verte, le mataba, le riz au coco. L'après-midi est consacré à la visite des autres cultures de l'exploitation, notamment les épices comme la cannelle, le curcuma, le gingembre, et la vanille, dont la filière connaît un essor remarquable et a été récompensée par une médaille d'argent au concours agricole pour son produit d'excellence ces deux dernières années.

L'agroforesterie est grandement favorisée à Mayotte. Ce modèle agricole diversifié permet notamment une meilleure préservation des ressources en eau.

©Bordy Nathalie

Labélisation et éducation : les enjeux du développement économique local

La labellisation vise à préserver, ancrer et perpétuer les savoirs locaux tout en valorisant le patrimoine riche déjà présent sur le territoire. C'est également un levier économique crucial pour le développement de Mayotte, une destination touristique encore jeune. Ainsi l’ouverture il y a quelques années à Mayotte, de l'École Vatel, prestigieuse institution reconnue mondialement pour la qualité de ses formations en hôtellerie et gestion touristique, offre aux étudiants locaux et internationaux l’opportunité de se former aux standards élevés de l’hôtellerie de luxe tout en restant ancrés dans un environnement culturel riche et diversifié. L’établissement contribue ainsi à élever les standards de formation sur l'île. Le lycée polyvalent de Kaweni-Lycée des métiers du goût et des saveurs,  propose des BTS en hôtellerie et restauration spécialisés, posant ainsi les bases pour un développement touristique durable axé sur la qualité de vie des habitants, des infrastructures de qualité et la préservation du patrimoine naturel. Ces établissements jouent un rôle clé dans la formation de la future main-d'œuvre qualifiée de Mayotte, contribuant ainsi au développement économique et touristique de l'île : « Nous établissons les bases pour favoriser l'essor du tourisme : améliorer la qualité de vie des habitants, offrir des infrastructures de premier plan et préserver le patrimoine naturel » conclut Julie Fournereau.

Avec des initiatives innovantes et audacieuses de préservation de la biodiversité, des projets de labellisation de savoir-faire locaux, et l'implantation d'institutions éducatives prestigieuses, l'avenir du tourisme à Mayotte s'annonce prometteur. En choisissant de découvrir les trésors de Mayotte, les visiteurs sont assurés de vivre une expérience authentique et inoubliable.

Protéger la biodiversité à Mayotte : entre ciel et mer

La préservation de la faune à Mayotte concerne à la fois les espèces marines et terrestres, marquant un engagement fort pour la conservation de la biodiversité locale. Du côté marin, des initiatives sont mises en place pour protéger des espèces emblématiques telles que les raies Manta et les Dugongs, avec un espoir croissant quant à l'augmentation de leurs populations. La naissance récente d'un bébé dugong est un premier signe encourageant, bien que le processus de reproduction soit encore au stade précoce.  

Sur terre, Mayotte abrite des espèces uniques comme le Maki, lémurien de Mayotte, très répandu et très attachant. D'autre part, la Roussette, grande chauve-souris diurne, dont l’envergure peut atteindre jusqu’à 1,5 mètre ainsi que des reptiles comme le caméléon, participent à la richesse de la diversité biologique de l'île. En soutenant ces efforts de conservation, Mayotte maintient un équilibre précieux entre le développement humain et la préservation environnementale.

Pour préparer votre voyage à Mayotte : https://www.mayotte-tourisme.com/

 

EG