« Yafa le pardon », le film du réalisateur guadeloupéen disparu Christian Lara doublement primé au 21ème Festival International du Film Panafricain de Cannes

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« Yafa le pardon », le film du réalisateur guadeloupéen disparu Christian Lara doublement primé au 21ème Festival International du Film Panafricain de Cannes

La 21ème édition du Festival International du Film Panafricain de Cannes qui s’est déroulée du 23 au 27 octobre 2024 a distingué le film « Yafa le pardon » du réalisateur guadeloupéen Christian Lara disparu l’an dernier. Un film doublement récompensé par un Dikalo Awards aux titres de meilleur long-métrage de fiction et du meilleur acteur pour le duo Sidiki Bakaba et Luc Saint-Eloy, comédien guadeloupéen. Un bel hommage posthume rendu par ses pairs à ce grand réalisateur caribéen, pionnier du cinéma antillais et qui restera une inspiration permanente pour les nouvelles générations du septième art antillais.

 

Il y a un peu plus d’un an – 9 septembre 2023 – disparaissait à 84 ans Christian Lara. Considéré comme le pionnier du cinéma antillais, le réalisateur guadeloupéen voulait faire du cinéma pour que ses compatriotes puissent « se voir et être vus ». Il est en effet à l’origine du premier long-métrage antillais avec « Coco la Fleur candidat », un film qui sera un succès en restant à l’affiche pendant plus d’un et lui permettra de poursuivre dans cette voie. Une première qui le mettra ainsi sur les traces de son grand-père Oruna Lara, premier historien noir de Guadeloupe. Christian Lara réalisera au total 26 films, dont « Yafa le pardon », un de ses derniers en 2020.

Lire aussi : Cinéma : « Yafa, le Pardon» du réalisateur guadeloupéen Christian Lara, lauréat de l'Ubuntu d'Or

50 films issus de 60 pays présents au FIFP de Cannes 2024

Après avoir été célébré pour l’ensemble de sa carrière lors de la 21ème édition du Pan African Film Festival de Los Angeles, il l’a été de nouveau à la 21ème édition du Festival International du Film Panafricain (FIFP) de Cannes qui s’est déroulée du 23 au 27 octobre derniers. Présenté par l’Association Nord Sud Développement, ce festival est depuis 2004 une plateforme d’exposition du cinéma africain et de ses métiers des Arts et des savoir-faire et réunit les professionnels du monde entier autour de l’Afrique et de sa diaspora. Il a rassemblé pour cette 21ème édition 50 films issus de 60 pays d’Afrique, d’Amérique, des Caraïbes, d’Europe, d’Asie et du Pacifique, dont certains ont été présentés en avant-première.

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Au cours de ce festival, un vibrant hommage a été rendu au réalisateur caribéen par les participants. Hommage exprimé notamment sous la forme d’une double récompense : celle du Dikalo Awards du meilleur long-métrage de fiction attribué à « Yafa le pardon » et du Dikalo Awards du meilleur acteur décerné au duo Sidiki Bakaba et Luc Saint-Eloy, comédien guadeloupéen et acteur fétiche   avec une dizaine de films tournés avec le réalisateur aujourd’hui disparu.

 

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Interrogation sur la question identitaire des Antillais

« Yafa le pardon » est une histoire de rencontre entre deux hommes : l’un policier d’origine martiniquaise Lucien Charles-Henry, interprété par Luc Saint-Eloy et l’autre Demba – Sidiki Bakaba – migrant arrêté lors d’un contrôle. Un dialogue s’instaure entre les eux hommes d’abord dans un rapport de dominant à dominé, mais au fur à mesure que la nuit avance, les rapports s’inversent. Le dominé qui se trouve être professeur d’histoire et de géographie dans son pays, devient dominant suscitant d’abord doutes, incompréhensions et colère chez le policier, puis les relations s’équilibrent jusqu’à la connexion. Un film qui interroge sur les questions identitaires des Antillais et leur rapport à l’Afrique et au monde.

Un thème auquel le jury de ce 21ème Festival International du Film Panafricain de Cannes a été sensible et pour lequel il a voulu témoigner de la qualité du travail du réalisateur guadeloupéen et son apport au cinéma caribéen et plus largement au cinéma noir. Christian Lara laisse en héritage une filmographie « exceptionnelle et audacieuse » et a montré à tous les cinéastes antillais que « c’était possible ». Il restera une inspiration pour les nouvelles générations du cinéma antillais. A noter aussi le Dikalo Awards attribué au réalisateur martiniquais Patrick Beaucelin pour son long-métrage dans la catégorie documentaire « La couleur de l’esclavage »

E.B.

Palmarès officiel des Dikalo Awards 2024 :

  • Meilleur long-métrage de fiction : « Yafa le pardon » de Christian Lara
  • Meilleur long-métrage documentaire : « La couleur de l’esclavage » de Patrick Beaucelin (Martinique)
  • Meilleur court-métrage de fiction : « Sous les pieds d’une mère « de Elias Suhail (Royaume –Uni)
  • Meilleur court-métrage documentaire : « Lapo Chapé » de Mélissandre Monatus et Aude Julienne-Wiltord
  • Meilleure actrice : Amélie Baye pour « L’ai-je bien coupée » de Amélie Baye (Sénégal)
  • Meilleur acteur : le duo Sidika Bakaba et Luc Saint-Eloy pour « Yafa le pardon » de Christian Lara
  • Mention spéciale du jury/ long-métrage de fiction : « les divorcées de Casablanca » de Mohammed Ahed Bensouda (Maroc) et « Sans jugement » de Gabi Ruben NGounou et Vicky Patterson (Canada)
  • Mention spéciale du jury/long –métrage documentaire : « Le roi des rois : Edward Jones » de Harriet Marin Jones (France)
  • Mention spéciale du jury/court-métrage de fiction : « Bâtiment 62 » de Hakim ZZiwa (Ouganda)
  • Mention spéciale du jury/ court-métrage documentaire : « Les tambours de Rasaki et les riches rythmes des Yorubas du Nigéria – Nouvelle introduction » de Eve A. Ma (Etats-Unis)
  • Coup de cœur du jury documentaire : « Venus d’ailleurs » de Patrice Jean Exenat, de Yousseline Saint-Thomas et Kylian Exenat
  • Dikalo de la Paix Nord Sud : « Sans jugement »
  • Dikalo de l’innovation : « Le mystère de Waza » de Claye Edou (Cameroun)
  • Dikalo de la meilleure performance musicale : Pierre –Michel Menard