Violences en Guadeloupe : Le GIGN et le Raid en renfort, réunion à Matignon lundi avec les élus guadeloupéens

Violences en Guadeloupe : Le GIGN et le Raid en renfort, réunion à Matignon lundi avec les élus guadeloupéens

Après une nouvelle nuit de violence malgré le couvre-feu, Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu ont annoncé l’envoi en renfort d’une cinquantaine d’agents du GIGN et du Raid, parmi les 200 gendarmes et policiers annoncés vendredi. Une réunion aura lieu lundi à Matignon avec les élus de l’archipel.

Au total, le préfet de Guadeloupe va bénéficier de 2 250 policiers et gendarmes, dont les 200 agents annoncés vendredi et qui arriveront « dans les prochaines heures ». « Une cinquantaine d'agents du GIGN et du Raid » feront partie des effectifs, a annoncé Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, à l’issue d’une cellule de crise interministérielle ce samedi, place Beauvau.

Les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer avaient annoncé vendredi l’envoi de 200 forces de l’ordre, alors que les premières violences avaient éclaté dans la nuit de jeudi à vendredi, en marge de la grève illimitée contre l’obligation vaccinale et le pass sanitaire. Quelques heures plus tard, le préfet avait annoncé la mise en place d’un couvre-feu de 18h à 5h du matin, dès vendredi soir et jusqu’au 23 novembre. 

À l’issue de la cellule de crise, les ministres ont également annoncé une réunion d’urgence entre le Premier ministre Jean Castex, les parlementaires de l’archipel guadeloupéen et les présidents de la Région et du Département. De son côté, le ministre de la Santé Olivier Véran devrait engager des discussions avec le personnel hospitalier et notamment les syndicats. Le préfet sera chargé de mener les discussions avec les pompiers. 

Malgré le couvre-feu imposé jusqu’au 23 novembre, des pharmacies et des commerces de téléphonie ont été la cible des émeutiers dans la nuit de vendredi à samedi. Selon le ministère de l’Intérieur, 31 interpellations ont été effectuées.  « La nuit a été très agitée » a confié une source policière à l’AFP, faisant état de « tirs à balles réelles sur un véhicule de police » dans la ville du Gosier et « sur des gendarmes mobiles » à Pointe-à-Pitre, le chef-lieu de ce territoire d’environ 400 000 habitants. 

Les Antilles, où la vaccination reste minoritaire bien qu’en augmentation, ont été confrontées cet été à une très dure 4e vague de COVID-19, les taux d’incidence ayant atteint plus de 1 000 cas pour 100 000 habitants sur l’île de Martinique et jusqu’à 2 000 cas en Guadeloupe, pour un seuil d’alerte situé à 50 cas. La mobilisation en Guadeloupe a été lancée lundi par un collectif d’organisations syndicales et citoyennes contre le pass sanitaire et l’obligation vaccinale des soignants, mais elle se double désormais de violences commises par des émeutiers. 

Au total, selon la police, les forces de l’ordre ont été visées par des armes à feu « sur quatre secteurs différents » et « une vingtaine de pillages ou tentatives de vols » dans des commerces de Pointe-à-Pitre et du Gosier. Dans la localité de Petit-Bourg, deux commerces de téléphonie ont été incendiés et pillés et, selon une source au sein de la gendarmerie, « une armurerie a été cambriolée ». 

À Saint-François, à l’extrême est de l’île, « des gendarmes sortants de la brigade ont été menacés par des jets de projectiles enflammés ». Selon une autre source, la situation a été plus calme dans le sud de la Basse-Terre (ouest), où « des gens, notamment des entrepreneurs, commencent à s’organiser et enlèvent des barrages, des riverains ont aidé les gendarmes ». Samedi matin, les principaux axes restaient bloqués et de nouveaux barrages s’installaient. 

Situation « incompréhensible » 

Après une nuit de jeudi à vendredi particulièrement violente, les écoles étaient restées fermées vendredi et, en raison de très nombreux barrages routiers, l’activité tourne au ralenti. Au Centre hospitalo-universitaire (CHU), les seuls véhicules autorisés sont les ambulances.  

Dans un communiqué diffusé vendredi matin, la directrice générale de l’Agence régionale de santé (ARS), Valérie Denux a condamné « la mise en danger de la vie de Guadeloupéens et Guadeloupéennes et l’attaque des soignants », qualifiant la situation d’« incompréhensible, alors que près de 90 % des soignants du territoire sont en conformité avec la loi » qui les oblige à se faire vacciner. Au 16 novembre, 46,4 % des personnes de plus de 18 ans avaient reçu au moins une injection en Guadeloupe.