« Vers la guerre ? » : Le livre du ministre des Armées Sébastien Lecornu accorde une large place aux Outre-mer, « au carrefour de tous les dangers »

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« Vers la guerre ? » : Le livre du ministre des Armées Sébastien Lecornu accorde une large place aux Outre-mer, « au carrefour de tous les dangers »

Dans son analyse, Sébastien Lecornu livre une évaluation sans compromis de la position de la France face aux crises internationales croissantes. Le texte met en lumière une accumulation de menaces : terrorisme, compétition entre États, prolifération nucléaire, rivalités de blocs et tensions militaires, y compris dans les territoires d’Outre-mer. Le ministre des Armées souligne que la sécurité collective de la France et de l’Europe n’a jamais été aussi menacée depuis la fin de la guerre froide, évoquant un bouleversement profond dans les repères géopolitiques.

 

Concernant les Outre-mer, Sébastien Lecornu fait tout d’abord remarquer que les territoires ultramarins sont fondamentaux pour la nation. Répartis sur trois océans, ils font partie de la géopolitique globale, mais également des crises régionales, en étant de plus soumis aux effets du dérèglement climatique. Ces régions insulaires constituent donc des défis de souveraineté pour la France, qui, grâce à eux, font du pays la deuxième zone économique exclusive après les États-Unis. Toutefois chaque territoire, bien qu’il soit protégé par le système de défense globale, possède des vulnérabilités sécuritaires qui lui sont propres.

 « Les Antilles (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin et Saint-Barthélemy) sont au cœur des routes du narcotrafic, l’archipel de Mayotte est aux prises avec des flux migratoires venant des Comores et désormais de l’Afrique des Grands Lacs, sans oublier le risque terroriste présent non loin de là au Mozambique et dans le canal du même nom », constate Sébastien Lecornu. Il souligne également que La Réunion est victime d’un dense trafic maritime au large de l’Afrique et que la Guyane doit se protéger face à la pêche illégale, l’orpaillage, et sa souveraineté aérienne en sécurisant le port spatial de Kourou.

© Ministère des Armées

Le ministre des Armées relève aussi que les territoires du Pacifique – Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Wallis et Futuna – rencontrent les défis de la souveraineté en mer, avec notamment les pêches illégales d’Asie du Sud-Est. « Ils commencent aussi à ressentir – comme tout le Pacifique sud – les premiers effets des tensions entre la République populaire de Chine et les États-Unis ou leurs alliés d’AUKUS (accord de coopération militaire tripartite entre l’Australie, les USA et le Royaume-Uni, ndlr) : compétition, tentatives diverses d’investissements dans des projets économiques aquacoles, touristiques ou d’infrastructures, prédation des ressources naturelles rares (nickel en Nouvelle-Calédonie)… »

Couverture du livre « Vers la Guerre»

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 À l’exception de Saint-Pierre et Miquelon, les Outre-mer doivent faire l’objet d’une attention particulière, incluant les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), écrit le ministre, en raison de convoitises malveillantes ou de contestations de souveraineté. « La nouveauté tient davantage à une action plus directe, plus assumée d’ingérence, comme on a pu le voir récemment avec celle de l’Azerbaïdjan en Nouvelle-Calédonie », où, en décembre 2023, les services de renseignements français ont repéré la présence d’Azerbaïdjanais en soutien de manifestants du FLNKS.

 Sébastien Lecornu ajoute qu’en Outre-mer les forces armées française ont pâti des économies budgétaires et d’un sous-investissement chronique. Pour cela, un effort majeur sera réalisé dans la loi de programmation militaire 2024-2030, avec 13 milliards d’investissements. Les capacités maritimes et aériennes de surveillance seront notamment renouvelées, « avec l’arrivée de deux patrouilleurs Outre-mer supplémentaires en Polynésie et à Mayotte/La Réunion et le remplacement progressif des avions F200 Gardian par des F50 M en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie », précise le ministre.

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 Ce dernier affirme que les effectifs présents sur place devraient augmenter de 900 hommes d’ici à 2030, que ce soit pour les états-majors et les directions interarmées de tous les territoires, avec notamment la création d’une section de génie en Guyane et d’une section d’éclairage régimentaire en Martinique. « À Mayotte, les effectifs croîtront d’un quart, avec une centaine d’hommes de plus qui seront appuyés par un nouveau moyen de transport amphibie », ajoute-t-il.

 Enfin, le ministre des Armées tient à souligner que ces forces de souveraineté sont essentielles pour la diplomatie et l’influence française dans toutes les régions où ses intérêts sont présents, au travers de missions de renfort ou d’entraînement, mais également d’actions de coopération et de développement. C’est notamment « un des moyens pour nous d’affirmer aujourd’hui une légitimité singulière auprès de la plupart des États de l’Indopacifique ».

Sébastien Lecornu, « Vers la guerre ? La France face au réarmement du monde », éditions Plon, octobre 2024, 286 pages.

 

PM