Un nouveau cap franchi pour La Brique de Guyane, la norme ATEx reçue dans les prochains jours

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Un nouveau cap franchi pour La Brique de Guyane, la norme ATEx reçue dans les prochains jours

Présentée comme l’une des solutions aux enjeux environnementaux liés au secteur du BTP, La Brique de Guyane, que l’on obtient à partir de terre crue sans cuisson, continue de faire son bout de chemin. Plébiscité par les acteurs du territoire pour son côté écologique, économique et durable, c’est un nouveau chapitre qui devrait commencer à s’écrire pour le produit « made in Guyane ». La validation de sa demande d'Appréciation Technique d'Expérimentation (ATEx) devrait être rendue publique dans les prochains jours. L’obtention de cette norme doit permettre à la brique de pouvoir être utilisé comme mur porteur, notamment. 

À la question que représente la validation de cette ATEx pour La Brique de Guyane, Stéphane Lambert, le Président de l’entreprise, répond : « c’est un aboutissement car le processus était relativement long ». Il précise néanmoins être encore dans l’attente de la publication officielle « qui devrait se faire avant Noël ». Cette norme, délivrée par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment, permettra à la brique de Guyane d’être utilisée pour le remplissage, ou en tant que mur porteur pour des constructions à venir. « On avait déjà une reconnaissance qui était une certification de marquage CE. Le produit pouvait être vendu sans difficulté, mais il ne pouvait pas être porteur parce qu'il n'y avait pas de normes. Malheureusement en France, mais à peu près partout en Europe, il n'y a pas de normes sur la terre crue. Il y a tout à faire ».

Pour les particuliers et les professionnels 

Deux types de briques existent depuis le début de la commercialisation du matériau que l’on obtient grâce aux ressources naturelles de la terre et qui justifient leur bas carbone par leur processus de fabrication : elles n’ont pas besoin de fours, émetteurs d’importantes quantités de dioxyde de carbone. « Il y a la brique classique, que l’on utilise pour la construction de logements et il y a les briques par emboîtement, de type Lego, parfaites pour les bricoleurs, par exemple : ceux qui veulent faire leur îlot de cuisine, leur agencement pour leur barbecue… Ça correspond au type de clientèle de Leroy Merlin et c’est ce qui a dû plaire ». 

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Le président de La Brique de Guyane confirme, par ailleurs, que ce partenariat devrait se renforcer d’ici mars avril 2023, avec une multiplication des points de vente. Plus de ventes directes auprès de promoteurs, constructeurs, sont également prévues. La brique séduit, même si l’idée d’exporter au-delà des frontières guyanaises a ses limites. « Les bateaux qui viennent en Guyane avec des conteneurs, repartent à 97 % vides, donc exporter vers la Métropole ne présente pas de coût carbone supplémentaire, ou vraiment très faible. On nous a dit que cela rendait service, mais il est vrai que les coûts de transport, de logistique... Cela fait plus que doubler le prix de la brique, donc déjà, il y a un problème de compétitivité… Pour les Antilles, nous sommes en cours de démarches. Ici, c'est un problème de bateaux : il n’y a pas de liaisons régulières, sans oublier la question des tests sur le sismique... Je ne dis pas que nous ne nous continuerons pas de nous exporter, mais nous devons être raisonnables et cohérents. Nous pouvons en revanche accompagner ceux qui le souhaitent, les aider à monter des usines, voir ce qui peut être fait avec la terre locale ». 

Malgré près de 700 tonnes exportés, l’objectif pour La Brique de Guyane est donc de répondre aux demandes et aux enjeux locaux. Avec une capacité de production de près de 3 millions de briques par an, Stéphane Lambert assure pouvoir aujourd’hui répondre à un marché guyanais d’environ 1 000 logements par an. La prochaine étape pour l’entreprise est de viser la massification en termes de volume. « Nous allons pouvoir monter en puissance rapidement, être plus indépendants, donc plus économiques. Nous continuons bien évidemment de viser le bas-carbone ».

Les Outre-mer avant-gardistes

Dans cette quête pour la préservation de l’environnement, La Brique de Guyane continue de vouloir innover. « Nous nous sommes beaucoup ouverts au milieu de la Recherche, et ce, afin de pouvoir concevoir des plateformes d'éco matériaux en Guyane. Nous allons, par exemple, travailler la fibre et développer d'autres produits. Aujourd'hui, nous travaillons la brique, demain d'autres matériaux. Nous commençons à faire des enduits... Nous ferons aussi des briques beaucoup plus légères, pour apporter différentes réponses... Nous aurons une gamme complète ». 

Stéphane Lambert indique d'ailleurs échanger régulièrement avec les acteurs d’un autre territoire ultramarin qui a, il y a quelques années, obtenu une ATEx pour sa maçonnerie de blocs de terre comprimée : Mayotte. « Mayotte est pionnière en la matière. On travaille avec eux dans un programme de recherche pour essayer de calibrer la bonne façon de faire des unités de production de gros artisanats ou d'industriels de différentes tailles ; pour essayer de voir comment on peut faire pour apporter des réponses à des sites plus éloignés, voire isolés ». La mutualisation pourrait se généraliser dans les territoires ultramarins. L'entreprise est également en lien avec les acteurs de la Nouvelle-Calédonie. C’est donc un réseau qui est en train de se mettre en forme, petit à petit.

Abby Said Adinani