La FEDOM souhaite consacrer une grande partie de son action sur le premier semestre 2023 aux enjeux des transitions énergétiques et climatiques, à travers notamment l’organisation, avec ses adhérents, de séminaires territoriaux, a-t-elle indiqué dans une tribune transmise à la rédaction d’Outremers360. Les conclusions de ces travaux seront présentées au Gouvernement au mois de juin, et constitueront la feuille de route de la FEDOM pour inscrire nos entreprises au cœur de la transition énergétique.
Les entreprises des Outre-mer sont-elles toutes concernées par les enjeux des transitions énergétiques et climatiques ? Oui et, conscientes de leur rôle déterminant, elles mettent tout en œuvre pour diminuer leur empreinte carbone, dans un contexte où les engagements pris par la France en matière de transition écologique (Accord de Paris, Paquet « climat » de l’Union européenne) imposent d’aller vite. Toutefois, elles ne bénéficient pas toujours d’un environnement politique, économique, institutionnel et juridique adapté, leur permettant de mener à bien et rapidement un certain nombre de projets ambitieux et innovants. La FEDOM souhaite consacrer une grande partie de son action sur le premier semestre 2023 à ce sujet, à travers notamment l’organisation, avec ses adhérents, de séminaires territoriaux.
Les territoires ultramarins concentrent tous les défis des transitions énergétiques et climatiques : éloignement des sources d’approvisionnement, insularité, exposition accrue au changement climatique, préservation d’une biodiversité exceptionnelle et économie fortement carbonée.
Ce dernier point est sûrement le plus inquiétant pour les Outre-mer. Il faut d’ailleurs relever ce paradoxe qui soumet les collectivités ultramarines à une dépendance bien plus forte que l’Hexagone à l’importation d’énergies fossiles, alors même qu’en ce qui concerne la part d’ENR dans le mix électrique, elles sont en avance sur la métropole. Cette contradiction soulève une question primordiale et bien trop souvent négligée : et si les Outre-mer pouvaient construire leur autonomie énergétique démarrant par un mix-électrique décarboné ? En juillet déjà nous alertions sur la gravité de la situation énergétique dans les Outre-mer et proposions une réflexion sans tabous, incluant l’hypothèse du « petit nucléaire ». Il nous faut aujourd’hui mener une double réflexion, sur la production et sur la consommation, pour identifier les voies et moyens d’atteindre cet objectif.
Les entreprises au cœur de la transition énergétique
Pour y parvenir, tous les acteurs doivent assumer leur part de responsabilité : entreprises, collectivités, Etat. Il convient de dépasser le postulat où les entreprises n’étaient que consommatrices d’énergie fossiles. Aujourd’hui, elles innovent, développent des projets qui concourent au déploiement et à l’accélération de la production d’énergie renouvelable. Elles mettent leur savoir-faire, leurs moyens et leur détermination au service de la transition énergétique et écologique.
Mais pour ce faire, les règles doivent évoluer : maîtrise de la demande, capacité de stockage, fiscalité, recherche & innovation… les collectivités territoriales et l’Etat doivent accompagner les entreprises d’Outre-mer.
Développement de la géothermie aux Antilles ou en Guyane, montée en puissance des énergies marines renouvelables dans l’océan Indien ou dans le Pacifique, structuration d’une filière hydrogène vert en Nouvelle-Calédonie, en Guyane ou à La Réunion, valorisation des déchets, décarbonation des transports… les idées ne manquent pas ! Nos entreprises font preuve de dynamisme et ont des projets qui peuvent devenir structurants, la principale condition étant que des évolutions législatives, réglementaires et fiscales aient lieu, rapidement.
Pour conduire ces transformations, il convient également de partir des singularités de nos collectivités. L’Outre-mer couvre des réalités diverses et n’appelle pas une politique uniforme, même si des outils communs doivent aussi exister. Par ailleurs, et la situation vécue sur le plan énergétique par l’Europe aujourd’hui le démontre bien, il y a nécessité absolue de diversifier les modes de production énergétique afin que nous ayons une résistance accrue aux crises, quelles qu’elles soient.
Un cycle de séminaires territoriaux
Consciente de l’ampleur des défis et du rôle majeur des entreprises dans la capacité des territoires à les relever, la FEDOM organise, de février à juin 2023, un cycle de séminaires, afin d’encourager les entreprises, les collectivités et l’Etat à travailler de concert à la décarbonation énergétique des Outre-mer. Ces séminaires seront l’occasion, sur le terrain, de mettre en exergue des projets structurants et innovants et d’identifier les différents obstacles qu’ils rencontrent ainsi que les solutions collectives à mettre en œuvre pour les lever. Les conclusions de ces travaux seront présentées au Gouvernement au mois de juin, et constitueront la feuille de route de la FEDOM pour inscrire nos entreprises au cœur de la transition énergétique.
La FEDOM, qui regroupe les organismes consulaires, les principales organisations patronales et sectorielles, ainsi qu’un grand nombre d’entreprises des onze territoires ultramarins, prend ainsi ses responsabilités d’organisation professionnelle, en proposant à tous les acteurs concernés de réfléchir au triple défi – environnemental, technologique et industriel – de la transition énergétique et d’agir pour le relever.
Les Outre-mer peuvent se décarboner et les entreprises veulent être acteurs de la transition énergétique et climatique. Trouvons, ensemble, les moyens de le faire !
Hervé Mariton, ancien ministre des Outre-mer et président de la FEDOM