Le CESE présente ce mercredi ses propositions, fruit du compromis des organisations de la société civile, qui s'inscrivent dans une vision globale des temps de l’enfant en Outre-mer. Un avis présenté par Dominique Gallet, Bernadette Groison et Evanne Jeanne-Rose, rapporteures et rapporteur, défend une organisation scolaire en adéquation avec les spécificités démographiques, sociales, géographiques et climatiques des territoires ultramarins.
La délégation aux Outre-mer du Conseil économique, social et environnemental (CESE) a rendu une contribution rapportée par Inès Bouchaut-Choisy sur Les temps de l’enfant dans les Outre-mer. Elle souligne l’inadéquation d’une organisation uniforme à l’échelle nationale face aux spécificités démographiques, sociales, géographiques et climatiques des territoires ultramarins.
L’avis du CESE s’inscrit dans le cadre des travaux de la Convention citoyenne sur les temps de l'enfant qui se sont tenus à Paris de juin à novembre 2025. Celle-ci a réuni 140 citoyens tirés au sort représentatifs de la diversité des Français, dont deux sont issus des territoires ultramarins. L’objet est de proposer des évolutions pour mieux structurer les temps des enfants afin que ceux-ci soient plus favorables à leurs apprentissages, à leur développement et à leur santé.
Des conditions de vie marquées par la précarité en Outre-mer
Le constat est préoccupant : non-scolarisation, pauvreté, violences intrafamiliales, insécurité et difficultés scolaires pèsent lourdement sur l’enfance, notamment à Mayotte et en Guyane où des milliers d’enfants ne sont pas scolarisés faute d’infrastructures suffisantes. La précarité des familles joue aussi sur les parcours et les activités scolaires souvent limités par les faibles moyens.
La délégation pointe le problème du financement communal des activités périscolaires, qui est exacerbé en Outre-mer. L’offre est très insuffisante et dépend de la présence de ressources associatives locales, de leur coordination avec les équipes scolaires et municipales. Le CESE souligne aussi un sous-équipement chronique des établissements : structures d’accueil périscolaires quasi inexistantes, écoles mal dotées en équipements sportifs, manque de transports en commun, accès difficile aux soins. La compensation de ces inégalités par rapport à la situation moyenne des communes pourrait justifier un effort financier supplémentaire de l’État.
Adapter les rythmes et renforcer les activités sportives, culturelles et l’engagement citoyen
La délégation aux Outre-mer plaide pour une meilleure adaptation des calendriers scolaires et des horaires de cours aux réalités locales, notamment pour mieux respecter la chronobiologie des enfants. Le calendrier scolaire reste trop aligné sur celui de l’hexagone alors que les réalités locales imposeraient des adaptations. Les rythmes scolaires sont souvent perturbés par le climat tropical et les risques cycloniques, avec une inadéquation des locaux (absence de climatisation ou d’eau potable).
La Réunion bénéficie d’un aménagement avec de longues vacances pendant la saison cyclonique, ce qui n’est pas le cas aux Antilles ou à Mayotte. La Nouvelle-Calédonie a de son côté fait le choix d’un calendrier totalement distinct, calqué sur l’été austral. Ces exemples devraient être suivis par les autres territoires.
La délégation encourage ainsi les Rectorats et les collectivités territoriales à utiliser pleinement leurs pouvoirs d’adaptation afin de mettre en place des solutions locales innovantes. Elle recommande un soutien accru de l’État pour financer les activités périscolaires, former des animateurs et travailleurs sociaux, et mieux associer les acteurs économiques et sociaux à la réflexion sur l’équilibre des temps de vie de l’enfant.
L’accent pourrait aussi être mis sur une conception de Projets éducatifs de territoire favorisant l’accès à la culture, au sport et à l’engagement citoyen, en proposant des activités au plus près des lieux de résidence, et attentifs aux spécificités des populations locales et des structures familiales.
Derrière ces propositions, l’enjeu est double : offrir aux enfants des conditions de vie et d’apprentissage épanouissantes, et prévenir les risques de désœuvrement et de mal-être qui fragilisent toute une génération. Pour le CESE, il est urgent que les droits à l’éducation, au sport et aux loisirs soient garantis au même niveau que dans l’hexagone.























