Dans un document intitulé « Opérateurs et territoires touristiques, s’adapter pour faire face au changement climatique », l’Agence de la transition écologique (ADEME) constate qu’avec 79 millions de visiteurs internationaux en 2022, le tourisme est un secteur clé de l’économie française. Il représente environ 3% du produit intérieur brut total, soit 75,7 milliards d’euros. Dans ce cadre, le dérèglement climatique génère d’importants effets sur la filière : changements dans la disponibilité de l’eau, érosion et inondation des côtes, dégradation des barrières de corail, etc. Tout comme dans l’Hexagone, les Outre-mer subissent les profonds impacts de ces bouleversements.
Dans les Outre-mer, l’étude précise que le changement climatique, au travers de l’augmentation des températures et l’acidification des océans associée à la pression exercée par les activités humaines locales (pollution ou artificialisation des sols), met en péril la survie des écosystèmes coralliens et des écosystèmes voisins qu’ils protègent (mangroves, herbiers marins, etc.). Par ailleurs, des glissements de terrain et coulées de boue peuvent être également accentués par de fortes pluies liées aux tempêtes et aux cyclones, particulièrement sur les côtes au vent, comme en Martinique.
« Les récifs coralliens et les mangroves jouent un rôle naturel dans la lutte contre l’érosion et un rôle d’amortissement des vagues et de la forte houle. En plus de la perte de ces services écosystémiques, leur dégradation (blanchissement des coraux par exemple) entraîne d’autres impacts en chaîne pour les populations locales et notamment pour l’économie touristique qui repose en grande partie sur la plongée sous-marine pour certains atolls », indique l’ADEME. Afin de faciliter la résilience de la biodiversité, l’étude suggère une augmentation des surfaces d’espaces naturels avec une gestion adaptée par des actions de protection et de restauration.
Elle préconise également de réduire l’érosion côtière par la renaturation du haut de plage. « Avec le dérèglement climatique et la montée des eaux, les Outre-mer sont confrontés à de plus en plus de défis et de difficultés. Après l’échec de solutions en dur (comme les cordons d’enrochement) pour lutter contre l’érosion des plages qui voient leur superficie diminuer de plus en plus au profit de la mer, de nombreux acteurs publics et privés se tournent aujourd’hui vers des solutions fondées sur la nature (SafN) et des solutions plus naturelles ».
L’ADEME cite le cas du Club Med les Boucaniers en Martinique qui s’est inspiré du savoir-faire de l’Office national des forêts (ONF) en Guadeloupe pour développer une solution de restauration végétale (replantation d’espèces indigènes) pour contrer l’érosion en haut de plage. « Ce projet a été valorisé dans le cadre du projet ADAPTOM qui vise à recenser les solutions d’adaptation fondées sur la nature (SafN)dans les territoires d’Outre-mer, permettre la mise en réseau d’acteurs et proposer des outils méthodologiques pour déployer et suivre des actions ».
Pour se prémunir des ouragans en Outre-mer, l’étude recommande que dans les zones à risques, il faut mettre en place des solutions d’adaptation à ce phénomène dont on constate une augmentation de l’intensité, ainsi qu’un allongement de la saison. Pour cela, il est urgent d’instaurer des systèmes de prévision des cyclones plus précis, pour anticiper entre autres les mesures d’évacuation ; d’approfondir la connaissance des risques cumulés : submersion, inondation, coulées de boues, chute d’arbre, etc., découlant d’une tempête, ainsi que la variation de leur impact en fonction des territoires.
Enfin, l’ADEME souhaite « combiner des mesures d’adaptation dures et douces, telles que la mise en place de digues, la préservation de la mangrove ou des récifs coralliens, la construction de bâtiments résistants aux catastrophes, ou encore la mise en place de systèmes d’alerte précoce pour les zones côtières ; et de mettre en place des systèmes de protection financière, tels que l’assurance contre les risques de catastrophe ».
PM