Une étude « Tourisme et Résilience Outre-mer » a été présentée ce lundi 6 décembre lors du séminaire de la FEDOM sur le thème « Résilience et plan de reconquête du tourisme en Outre-mer ». L'étude a révélé que les destinations ultramarines affichent une bonne résilience face aux crises locales et internationales mais souffrent d'un manque d'ingénierie touristique pour rebondir face aux crises.
Crise Requin ou crise des Gilets Jaunes à la Réunion, Sargasses ou Ouragan Irma au Antilles, crise politique dans le Pacifique ou plus récemment la pandémie de la Covid-19? Qu'elles soient sociales, environnementales, d'ordre sanitaire ou sécuritaire, les crises sont régulières dans les territoires et elles impactent le secteur touristique de ces territoires. L'étude « Tourisme et Résilience Outre-mer», commanditée par l'ACCD'OM et la Banque des Territoires et réalisée par le cabinet Aiguillage, avait pour objectif de comprendre les modes de résiliences du tourisme des territoires d'Outre-mer mais aussi de déterminer un socle d'identité touristique territorial en Outre-mer.
S'appuyant sur les différentes données compilées des instituts statistiques et les observations des acteurs du tourisme ultramarin, le secteur dispose d'une capacité de résilience innée. 64% des interrogés précisent que les destinations ultramarines sont résilientes et 71% soulignent que « cette résilience fait partie de leur ADN». Les sondés estiment que les crises sanitaires sont 41% plus impactantes sur l'économie touristique, suivies des crises sécuritaires (23%°). Pour les professionnels du tourisme en Polynésie, « la crise de la Covid-19 est celle qui a fait le plus de mal que l'ensemble des précédentes crises traversées ». A Mayotte où le secteur touristique est en train de se structurer, la question de l'insécurité est un élément qui ne favorise pas la venue de touristes.
Si les destinations ultramarines affichent une bonne résilience face aux crises locales et internationales et connaissent un rebond du secteur deux ans après la crise, les acteurs touristiques mettent toutefois en exergue le manque d'outils spécifiques pour anticiper la crise. Ils soulèvent une «adaptation difficile pour certains opérateurs touristiques positionnés sur l'international et qui peinent à mobiliser une clientèle locale. C'est le cas notamment du tourisme à Saint-Pierre-et-Miquelon. A l'image de la crise de la Covid-19, les professionnels du tourisme ultramarin reconnaissent la mobilisation rapide de l'intelligence collective pour résister à la crise mais ils insistent sur un besoin de partage de bonnes pratiques, de boîte à outils et d'ingénierie touristique pour mieux anticiper et rebondir une fois la crise terminée.
Rebondir en s'appuyant sur la biodiversité et le patrimoine matériel et immatériel
Pour rebondir après la crise de la covid-19 qui a fortement mis à mal le secteur, les professionnels du voyage interrogés préconisent entre autres de «renforcer l'identité touristique des territoires d'Outre-mer pour proposer de faire vivre des expériences uniques». Cette identité touristique devra s'appuyer sur la biodiversité unique aux Outre-mer mais aussi la richesse du patrimoine matériel et immatériel (culture, populations, gastronomie).
De manière plus globale, l'étude « Tourisme et Résilience Outre-mer » établit plusieurs axes de travail pour un tourisme durable et plus résilient en Outre-mer. Elle propose entre autres de définir une identité touristique commune dotée d'une stratégie marketing par marché, de structurer la commercialisation de l'ensemble des Outre-mer sur les marchés cibles, disposer d'outils de veille homogène et partagées, de bénéficier de ressources humaines et référentes pour tous les Outre-mer, voire de créer «une boutique des Outre-mer» (une plateforme virtuelle B2B et B2C dotée d'un observatoire touristique des Outre-mer élaboré avec les destinations des Outre-mer pour répondre aux besoins des marchés émetteurs et aux besoins d'échanges entre les territoires sur des outils, des stratégies).