Services publics de l’eau en Outre-mer : des tarifs élevés, mais des rendements inférieurs

Services publics de l’eau en Outre-mer : des tarifs élevés, mais des rendements inférieurs

L’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement, instauré par l’Office français de la biodiversité et les services de l’État, vient de publier son douzième rapport, concernant l’année 2020. Le document, qui présente une synthèse de l’organisation et de la performance des services publics d’eau et d’assainissement collectif et non collectif, montre que les Outre-mer sont à la traîne.

 

L’une des premières constatations du rapport est que les départements et régions d’Outre-mer (excepté Mayotte) se situent dans la moyenne haute de la consommation domestique d’eau potable par habitant, surtout pour La Réunion et la Martinique (entre 70 et 100m3 par an, contre 50 à 60 pour la majorité des départements de l’Hexagone). « Cela peut s’expliquer en partie par le développement résidentiel, la pression démographique et l’arrosage extérieur », expliquent les auteurs du texte.

 

Répartition du prix moyen total TTC par m3 (eau potable plus assainissement collectif) en fonction des bassins hydrographiques

La France compte sept bassins hydrographiques dans l’Hexagone (incluant la Corse) et cinq dans les Outre-mer. Deuxième observation en ce qui concerne ces derniers, les écarts de prix moyen de l'eau sont très marqués avec « un prix moyen très élevé en Guadeloupe (6,52 €/m3 en 2020 et 6,39 €/m3 en 2019) et un prix moyen le plus faible à La Réunion (2,66 €/m3 en 2020 et 2,60 en 2019 €/m3 ». La Martinique se situe elle aussi dans une fourchette haute, proche de la Guadeloupe, et les prix sont un peu moins élevés pour Mayotte (entre 4 à 4,60 euros/m3). Les données ne sont pas disponibles pour la Guyane pour 2020. Le prix moyen national est de 4,30 €/m3. Dans l’Hexagone, c’est le bassin Artois-Picardie qui présente le prix moyen total du service le plus élevé (4,59 €/m3). 

Les rendements de réseau

Tout service ayant un rendement supérieur à 85% est considéré comme conforme aux exigences réglementaires. « En deçà de ce seuil absolu, le rendement seuil est évalué dans une fourchette comprise entre 65 et 85% et comparé avec le rendement du service. Si le rendement est inférieur au rendement seuil, le service a l'obligation d'établir un plan d'actions visant à réduire ses fuites », précise le rapport de l’Observatoire. Au moins 20% des services (sur les 5391 observations disponibles), représentant 8% de la population couverte, ne sont pas conformes à la réglementation. En Outre-Mer, la Guadeloupe, la Martinique et la Réunion affichent des rendements moyens inférieurs à 70% (sous la barre des 60% en Guadeloupe, ce qui place le territoire dans l’obligation de s’attaquer au problème des fuites). Mayotte, quant à elle, peut se féliciter d’avoir un rendement supérieur à 70%.

Enfin, certains départements d’Outre-mer accusent un déficit important de connaissance de leurs réseaux, notamment en Guadeloupe et à Mayotte avec des Indices de connaissance et de gestion patrimoniale des réseaux d'eau potable (ICGP) moyens aux alentours de 40 points, soit les plus bas de France. Notons cependant que La Réunion et la Martinique affichent des ICGP à hauteur de 91 et 84 points respectivement, proches de la moyenne nationale (100).

Le saviez-vous ?

► À l'échelle « France entière », les pertes par fuite annuelles représentent près de 937 millions de m3, l’équivalent de la consommation annuelle d’environ 18 millions de personnes.

► Les conclusions des Assises nationales de l’eau de 2019 engagent désormais les agences de l’eau à soutenir l’investissement des collectivités dans le domaine du renouvellement de leurs réseaux, particulièrement les collectivités rurales au regard de leurs ressources financières.

PM