Sargasses aux Antilles : Une étude du Legos écarte le rôle des fleuves tropicaux dans la prolifération des algues brunes

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Sargasses aux Antilles : Une étude du Legos écarte le rôle des fleuves tropicaux dans la prolifération des algues brunes

Alors que les algues sargasses ont fait leur retour sur les côtes de Martinique et de Guadeloupe depuis plusieurs semaines, une étude menée par le Laboratoire d’Etudes en Géophysique et Océanographie Spatiales vient de contredire la thèse selon laquelle l'apport en nutriments présents dans les fleuves tropicaux influe sur la propagation des algues sargasses dans l'arc antillais.
 

Depuis 2011, l'Atlantique est confronté à une prolifération massive des macroalgues Sargassum Natans et Sargassum Fluitans, avec de graves conséquences environnementales et socio-économiques. Jusqu'ici concentrés dans la mer des Sargasses et dans le golfe du Mexique, ces algues ont considérablement élargi leur territoire, formant désormais une « ceinture de Sargasses » et s’échouant par millions de tonnes sur les côtes des Petites Antilles, de l'Amérique centrale, du Brésil et de l'Afrique de l'Ouest.

L'étude coordonnée par le LEGOS dans le cadre du projet ANR FORESEA et de la convention de recherche sur les Sargasses qui lie l’IRD et le Ministère de la transition écologique avait pour mission d'évaluer le rôle des grands fleuves tropicaux (Amazone, Orénoque et le Congo) sur le phénomène de prolifération massive des Sargasses qui affecte l'océan Atlantique. A  partir de données in-situ et de données satellites acquis ces 15 dernières années, Océanographes, hydrologues et biologistes sont parvenus à la conclusion suivante : « bien que les effets de la déforestation et de la pollution sur ces grands bassins fluviaux soient très préoccupants, ces résultats indiquent que les changements hydrologiques et biogéochimiques qu’ils subissent ne sont pas les moteurs de la prolifération des Sargasses».
Les scientifiques soulignent par exemple qu'aucun pic majeur de flux de nutriments n'a été observé pendant les années record de Sargasses en 2015 et 2018. De plus, les détections satellites de Sargasses révèlent que seulement 10% de la biomasse annuelle de Sargasses sont localisés dans des régions sous l'influence des panaches fluviaux». Ils relèvent toutefois que « la présence d'une concentration en chlorophylle relativement élevée indique la disponibilité en éléments nutritifs pouvant favoriser la croissance des Sargasses». 

L'origine des nutriments qui alimentent la croissance des Sargasses ainsi que les mécanismes de variabilité interannuelle restent encore un mystère à élucider.