Malgré une population en baisse et des problématiques structurelles contraignantes, l’archipel conserve de nombreux atouts qui pourraient lui permettre de dynamiser son attractivité économique, d’après une étude de l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM). Parmi eux, un taux d’activité élevé, une très bonne connectivité numérique, une fiscalité plus favorable pour les sociétés et un environnement stable.
L’IEDOM constate tout d’abord que l’archipel enregistre une décroissance de sa population depuis le début des années 2000, due à une baisse des naissances, au vieillissement progressif et au départ des jeunes générations. Ainsi, la tranche des 15-29 ans constituait 12,9% de la population en 2020, contre 19,7% en 1999. La part des plus de 60 ans dans la population représente dorénavant plus de 25%. « À plus long terme, la baisse de la population active, l’augmentation des besoins de services à la personne ou encore la perspective d’une diminution de la consommation devraient peser sur la dynamique économique de l’archipel », relève l’organisme. Paradoxalement, le taux d’activité à Saint-Pierre et Miquelon demeure élevé, à 81,6% contre 71,9% pour la France entière fin 2020, se traduisant par un faible taux de chômage à 3,3% en 2022 contre 7,3% sur la totalité du pays.
« Les problématiques structurelles de l’archipel (conditions météorologiques, faible taille du marché intérieur, isolement, manque de ressources) contraignent le développement d’une production locale. Les importations représentent ainsi 41% du PIB en 2015 », observe l’IEDOM. Aussi, l’économie de Saint-Pierre et Miquelon dépend essentiellement du secteur des services. Le tertiaire concentre la majeure partie des emplois (86,7% en 2020 contre 81% en 1999) et plus particulièrement les administrations publiques, l’enseignement, la santé et l’action sociale. « Les revenus perçus du personnel de la fonction publique ou assimilé soutiennent la consommation privée des ménages de l’archipel », écrit l’institution.
Concernant le secteur privé, le commerce représentait 11,4% de la valeur ajoutée de l’archipel en 2015 et près de 17% des entreprises enregistrées en 2022. Le nombre d’entreprises commerciales est en hausse depuis 2020. Saint-Pierre-et-Miquelon en comptait 106 en 2020 contre 120 en 2022, l’activité de détail étant prédominante. « Néanmoins, le développement de ce secteur est incertain car les commerçants de l’archipel font face à de nombreuses contraintes : faible profondeur du marché local, enclavement du territoire qui engendre des difficultés et des délais d’approvisionnement, concurrence de la vente en ligne, concurrence des achats directs sur le marché canadien, coût du transport maritime, etc. », note l’IEDOM.
En dépit de l’arrêt de l’activité durant la période hivernale, la construction constitue le second secteur le plus important avec environ 7% de l’emploi en 2020 et 11% des entreprises enregistrées à Saint-Pierre-et-Miquelon en 2022. Ce poids s’explique notamment par l’importance de la commande publique, précise l’organisme. Bien que durement affecté par la pandémie de Covid-19, le secteur du tourisme a enregistré quant à lui une franche reprise en 2022 avec l’entrée de quelque 12.000 touristes sur l’archipel, ce nombre étant cependant inférieur de 13% à la moyenne des touristes enregistrée au cours des trois années qui ont précédé la crise Covid.
Pour ce qui est de la pêche, activité historique de Saint-Pierre et Miquelon, le secteur a connu d’importantes restructurations. « Depuis 2017 qui marque la chute de l’activité de la pêche industrielle, la moyenne annuelle de prises est de 367 tonnes, contre 974 tonnes de prises annuelles en moyenne entre 2010 et 2017, soit une baisse de 62% », souligne l’IEDOM. « Avec le déclin de la pêche industrielle, la pêche artisanale a renforcé sa position, ses prises ont augmenté de près de 1,3% au cours de la dernière décennie et le secteur concentre désormais 88% des prises totales sur les deux dernières saisons ». L’institution déplore que le secteur de la transformation des produits de la pêche soit encore insuffisamment développé sur l’archipel, ces derniers restants donc soumis à une forte saisonnalité avec une valeur ajoutée limitée dans l’économie.
« L’enjeu pour le territoire est de retrouver l’attractivité économique nécessaire pour impulser un nouvel élan démographique, essentiel à la diversification de l’économie de l’archipel et pour pallier les difficultés de recrutement existantes qui limitent le développement du secteur privé », conclut l’étude de l’IEDOM, qui liste les atouts de Saint-Pierre et Miquelon : une très bonne connectivité numérique, une fiscalité plus favorable pour les sociétés et un environnement stable avec de faibles problèmes de sécurité. L’organisme indique toutefois que l’amélioration de l’attractivité de l’archipel nécessite notamment d’apporter des réponses aux tensions observées sur le marché immobilier et de renforcer son indépendance énergétique et alimentaire.
► Un archipel en quête d’attractivité
PM