Révolution médicale : Une première mondiale en transplantation cardiaque, un cœur venant du CHU de Guadeloupe transplanté à Paris

Le greffon a été transporté par avion commercial © Programme Pegase - IHU ICAN

Révolution médicale : Une première mondiale en transplantation cardiaque, un cœur venant du CHU de Guadeloupe transplanté à Paris

En janvier 2024, une équipe médicale parisienne de la Pitié Salpêtrière a réalisé une première mondiale en transplantant un cœur prélevé aux Antilles, au CHU de la Guadeloupe, et après une préservation de 12 heures. Cet exploit médical, fruit du programme PEGASE, a été mené par l'hôpital de La Pitié-Salpêtrière, en collaboration avec les CHU de Martinique et de Guadeloupe.



Traditionnellement, la conservation des greffons cardiaques est limitée à quatre heures, ce qui rendait impossible leur transport sur des distances aussi grandes que celle entre les Antilles et l’Hexagone par exemple.
Cette contrainte géographique obligeait les patients de ces régions à se déplacer dans l'hexagone pour recevoir une transplantation. Le programme PEGASE a surmonté cette limitation grâce à un dispositif de préservation innovant de la société XVIVO, utilisant une perfusion hypothermique oxygénée pour prolonger la viabilité du cœur jusqu'à 12 heures.
La réussite de cette transplantation a nécessité une coordination minutieuse entre les équipes de prélèvement et de greffe, les régulateurs de l'Agence de la biomédecine, et les CHU de Guadeloupe et de Martinique. Le greffon a été transporté par avion commercial via Air France, démontrant ainsi une gestion logistique exceptionnelle.

Le premier receveur, un homme de 70 ans souffrant de cardiomyopathie ischémique terminale, a quitté l'hôpital en bonne santé 30 jours après l'opération. Une seconde transplantation similaire a été réalisée le mois suivant  Ces résultats prometteurs ouvrent la voie à une inclusion de vingt patients dans le cadre de l’étude PEGASE, visant à confirmer l'efficacité et la fiabilité de cette technique.

Cette avancée marque une révolution dans le domaine de la transplantation cardiaque, notamment pour les régions éloignées comme les Antilles et la Guyane et d'autres territoires des Outre-mer. En permettant le transport de cœurs sur de longues distances sans compromettre leur viabilité, cette technique pourrait augmenter le nombre de greffons disponibles et améliorer l'organisation des opérations de transplantation. Si les résultats de l'étude se confirment, cette pratique pourrait se généraliser, offrant ainsi de nouvelles chances de survie à de nombreux patients à travers le monde. 

Actuellement, en France, environ 384 greffes du cœur sont réalisées chaque année, avec 500 patients sur liste d'attente. La généralisation de cette technique pourrait significativement transformer ces statistiques, en augmentant le nombre de transplantations possibles et en offrant un espoir renouvelé à ceux en attente d'un nouveau cœur. 

Des poursuites de collaboration entre le CHU Guadeloupe et de Martinique sont prévus.


 

Damien CHAILLOT