Pénurie d'eau en Martinique : Un arrêté préfectoral d'ici vendredi pour augmenter les prélèvements dans les rivières et diminuer la consommation d’acteurs économiques et industriels

© Préfet de Martinique

Pénurie d'eau en Martinique : Un arrêté préfectoral d'ici vendredi pour augmenter les prélèvements dans les rivières et diminuer la consommation d’acteurs économiques et industriels

Après avoir réuni tous les acteurs de l’eau ce lundi 13 mai « en urgence », le représentant de l’État va notamment prendre un arrêté préfectoral d’ici la fin de semaine, pour augmenter les prélèvements et réduire la consommation en eau des acteurs économiques. Détails avec notre partenaire RCI Martinique.

 

10 000 Martiniquais sont privés d’eau chaque jour. Hier, le préfet de Martinique a réuni en urgence l’ensemble des acteurs de l’eau, fermiers et collectivités, pour dresser le constat d’une « situation de la Martinique en matière hydrique catastrophique ».

 «Nous sommes en déficit pluviométrique depuis le mois de février. Le mois d'avril a connu un déficit pluviométrique de 70% par rapport à la moyenne de ces 30 dernières années. Les températures sont supérieures à la moyenne de 2 à 4 degrés depuis trois mois. Et nous avons connu cette dernière semaine une vague de chaleur qui a fait que, pendant deux, trois jours consécutifs, les températures ont été supérieures à 34,5 degrés. Tout cela conjugué fait que nous nous retrouvons aujourd'hui dans une situation où la Martinique  se rapproche de la situation qu'elle avait connue en 1973, qui est l'année de référence en matière de catastrophes hydriques et de déficit pluviométrique. Donc, il faut prendre la mesure de cette situation, déjà, pour pouvoir comprendre que la meilleure volonté du monde des fermiers, des opérateurs, ne peut pas permettre de trouver de l'eau là où il n'y en a plus. Il n'y a plus d'eau.»,  a déclaré le Préfet de Martinique Jean-Christophe Bouvier. 

Pour lui, le problème de répartition de la distribution ne fait que s’ajouter au problème majeur de l’absence de ressource en eau. « Sur les 20 points de captage en Martinique, 15 sont en situation rouge vif ».

Arrêté préfectoral et mises en demeure

C’est pour trouver des solutions que le représentant de l’État a réuni les acteurs hier soir, afin de définir des mesures, que seul l’État est en capacité de prendre puisqu’elles impliquent des dérogations.

D’ici vendredi prochain, un arrêté préfectoral sera pris, à la fois pour pouvoir augmenter les prélèvements dans les rivières mais aussi diminuer la consommation d’acteurs économiques et industriels jusqu’à environ la fin du mois de mai. Il s’agit, selon le préfet, de mettre en application concrète une « solidarité territoriale » avec une double conséquence : sollicitation des milieux naturels et des acteurs économiques.  «J’ai appris hier soir que des Ehpad étaient privés d’eau depuis plus de 4 jours, ce qui est profondément scandaleux et, à ce titre, j’ai signé deux mises en demeure concernant les opérateurs compétents pour que, dans les 24h qui viennent, ils puissent approvisionner les opérateurs en eau. Pas forcément via les canalisations puisqu’il n’y a plus d’eau mais en utilisant des bonbonnes, des bouteilles d’eau qu’ils mettront à disposition des résidents»

Une cellule sera activée à la préfecture pour permettre, notamment aux maires, de faire remonter leurs difficultés. Le préfet insiste et rappelle que c’est aux acteurs de régler ce problème.  « Sinon, je serais obligé de me substituer à eux et c’est ce que je souhaite le moins possible ».

Un peu plus tôt, hier, après une première rencontre avec la Cacem, la Collectivité Territoriale de Martinique avait, de son côté, convié Cap Nord et devrait recevoir l’Espace Sud en fin de semaine.

Des travaux à Vivé fin juin

Dans un communiqué, le président du conseil exécutif, Serge Letchimy, annonce des travaux à réaliser sur le dessableur de l’usine de Vivé à partir de la fin du mois de juin, pour une durée d’un mois, afin de porter les capacités de livraison à 24 000 m3 d’eau potable par jour (au lieu de 20 000).

Des études techniques portant sur l’augmentation de la capacité de production maximale de l’usine de Vivé, à 35 000 m3 d’eau potable par jour, seront également lancées.

Bruno Nestor Azérot, le président de Cap Nord s’est engagé, pour sa part, à rechercher des solutions pérennes consistant à exploiter des sources souterraines (Lorrain, Grand Rivière, etc.). «Depuis 2015, Cap Nord a procédé au renouvellement de 11 kilomètres de réseau de distribution d’eau potable. L’EPCI prévoit le renouvellement complémentaire de 44 kilomètres de réseau entre 2024 et 2026. Les travaux de remise à niveau de l’adduction du Galion à Trinité devraient également débuter en fin d’année 2024, pour une fin de chantier au 1er trimestre 2025. Ces travaux représentent un investissement de 2 millions d’euros dont 400 000 euros financés par la Collectivité Territoriale de Martinique », précise la CTM.
 

Par RCI Martinique