Paris 2024: Vanessa Gladone, la Martiniquaise au service des athlètes des Jeux Olympiques

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Paris 2024: Vanessa Gladone, la Martiniquaise au service des athlètes des Jeux Olympiques

À 42 ans, Vanessa Gladone, ancienne sportive de haut niveau, a déjà plusieurs vies à son actif :  championne de France, spécialiste du triple saut et du saut en longueur, journaliste, autrice, animatrice, coach en neurosciences appliquées pour les sportifs et anciens sportifs de haut niveau ; elle est, depuis quelques mois maintenant, coordinatrice Services aux athlètes des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. À moins d’un mois de l’événement planétaire, les derniers préparatifs se mettent en place. Ce ne sont pas moins de 3000 athlètes qui sont concernés par le dispositif dont elle, et son manager, Alain Blondel, ancien champion d'Europe du décathlon, ont la responsabilité.

 

Le 1er août 2024 marquera le début officiel des compétitions d’athlétisme des Jeux Olympiques 2024. Les épreuves auront lieu au Stade de France. À cet endroit même, quelques jours plus tôt, se dérouleront les compétitions de rugby. Pour Vanessa Gladone, coordinatrice Services aux athlètes, c’est un autre paramètre à prendre en compte dans le cadre de ses missions. À la question « Comment vous sentez-vous ? », l’ancienne athlète de haut niveau est plutôt transparente quant à son état d’esprit. « Nous aurons 36 heures pour transformer le Stade de France de rugby en un stade d’athlétisme. C’est un vrai défi. Est-ce que je suis stressée ? Qui me le reprocherait ! C’est plutôt l’inverse qui serait inquiétant. Mais à chaque jour suffit sa peine. Nous avançons pas à pas avec une deadline qui se rapproche, mais le calendrier est tenu, donc nous sommes sur de bons rails. Mon état d’esprit est opérationnel. » Et il faut dire que dans cette machine enclenchée que sont les JO 2024, rien ne doit être laissé au hasard. Mardi dernier, un test opérationnel a été réalisé pour une compétition en version olympique mais également paralympique. Tout se met en place pour que, dès juillet, la machine se mette en route. Parmi les différents services dédiés exclusivement à l’athlétisme, Vanessa Gladone aura la charge de faire en sorte que tout se passe bien pour les athlètes. 

Depuis le mois d’avril, où elle a officiellement intégré son poste, elle n’a de cesse de remonter tout ce qui lui semble important pour que les athlètes puissent donner le maximum d’eux-mêmes, lors de leurs compétitions. « Nous sommes une équipe de 27 personnes avec chacun une mission bien précise. La mienne consiste à faire en sorte que les athlètes se sentent le mieux possible. Cela commence dès qu’ils mettent le pied sur la piste d’échauffement, jusqu’au moment où ils quittent le stade. Cela passe par la gestion des affaires, les bains froids à préparer… J’aurai une centaine de volontaires pour m’épauler dans cette mission. Aujourd’hui, lors des réunions, il s’agit de faire en sorte que rien ne soit oublié pour que tout se passe bien. Comme nous sommes nombreux et que chacun a à cœur sa mission, tous sont focalisés sur leurs tâches respectives. À moi de rappeler, parfois, certaines choses. Je suis là pour le bien-être des athlètes. Nous devons rendre chaque moment fluide et efficace pour les athlètes, afin qu'ils puissent se concentrer uniquement sur leur performance. Je le reconnais, pour moi, aujourd’hui, ce sont mes bébés », glisse la coordinatrice en souriant.

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 Une expérience d’athlète associée à une solide expérience professionnelle dédiée aux autres

 Si Vanessa Gladone prend autant à cœur sa mission, c’est qu’elle est elle-même une ancienne athlète de haut niveau. Ce n’est pourtant pas pour ce fait d'arme qu’elle a été recrutée au départ, même si cela l’aide énormément aujourd’hui. « Je suis devenue journaliste après la fin de ma carrière. Au bout de 12 ans, j’ai démissionné, repris des études et je suis devenue coach en neurosciences appliquées pour les sportifs et anciens sportifs de haut niveau. Je continue à intervenir de temps en temps dans les médias en tant que consultante… J’interviendrai d’ailleurs ce week-end sur L’Équipe, mais j’ai cumulé beaucoup d’autres expériences ailleurs. J’ai été notamment cheffe de projet pour une ville. C’est ce qui a plu à ceux qui m’ont recrutée : ma polyvalence et mon expérience. Quand on m’a parlé de cette offre, j’ai postulé sans trop y croire, mais au fur et à mesure des entretiens, je voulais m’investir ! Je voulais participer à cette incroyable aventure ! Ce recrutement a été l’une des expériences les plus compliquées de ma vie. Ce fut long et éprouvant. » Même si la Martiniquaise n’a eu que très peu de temps pour prendre le train en route, son objectif est clair : être force de solutions à tout éventuel problème. « On le sait, même quand on se prépare à tout, il y a toujours des choses qui ne vont pas aller. Nous serons force de solutions. Nous l’acceptons. Dans ces événements aussi importants, il y a toujours des imprévus. Je suis prête. »

 Vanessa Gladone et ses équipes se préparent aux Jeux Olympiques, mais également aux Jeux Paralympiques qui auront lieu, dans la foulée, du 28 août au 8 septembre. « À ce poste, ils ne cherchaient pas forcément une ancienne sportive de haut niveau. Mais je le suis et c’est plus facile pour moi de me mettre dans les baskets de sportifs valides. Se mettre dans les baskets d’un para, c’est plus compliqué, d’autant qu’une fois qu’on a dit « para », on n’a rien dit. Les différences entre eux sont énormes : il y a des déficients visuels, d’autres ont des problèmes de coordinations, des amputés tibiales… Il y a tellement de différences... Quand on est valide, c’est difficile d’appréhender mais heureusement, nous avons avec nous un spécialiste, dans l’équipe ».

Et après ?

À la question « Est-ce que vous savez déjà ce que vous ferez après cette période ? », Vanessa Gladone répond très sereinement. « Non. Et c’est ça qui est beau, n’est-ce pas ? ». Son travail d’experte et de coach en neurosciences appliquées, elle ne l’a pas abandonné. « J’ai expliqué à mes clients que je faisais un break mais j'en ai gardé certains… Comme je suis spécialisée sur des questions de santé mentale, on parle beaucoup de burn-out, de dépression… Surtout avec les anciens sportifs! Cela me semblait important de ne pas tout couper. L’objectif, c’est de repartir avec mes clients. Maintenant, la vie étant ce qu’elle est, je suis quelqu’un qui ne recule pas devant un défi. J’irai là où mes envies me portent et je suis prête à relever de nouveaux défis, quels qu'ils soient ».

Abby Said Adinani