Mobilité des jeunes aux Antilles et à La Réunion : des taux de scolarisation et de réussite plus élevés pour les natifs des Drom résidant dans l’Hexagone

©CIDJ

Mobilité des jeunes aux Antilles et à La Réunion : des taux de scolarisation et de réussite plus élevés pour les natifs des Drom résidant dans l’Hexagone

Un rapport de l’Institut national d’études démographiques (Ined) et de l’université de Strasbourg réalisé pour l’organisme France Stratégie s’est penché sur la mobilité sociale des jeunes aux Antilles et à La Réunion. Objectifs : « documenter de la manière la plus précise possible les réalités de leur mobilité « inter » et « intra » générationnelle, leurs souhaits potentiels, ainsi que la spécificité de leur(s) parcours. »

 

L’étude, très détaillée et comprenant de nombreuses statistiques, constate tout d’abord, reprenant des chiffres de l’Insee, qu’environ 37% des natifs des Antilles vivent hors de leur territoire d’origine, contre 18% à La Réunion. En outre, « parmi les jeunes adultes de 25-34 ans, ce sont plus de 40% aux Antilles et près de 25% à La Réunion qui ont quitté leur région à destination le plus souvent de l’Hexagone, pour y poursuivre leurs études ou occuper un premier emploi. Les jeunes hommes (47%) un peu plus que les jeunes femmes (42%) aux Antilles ; à La Réunion, ces proportions sont respectivement de 26% et 22% ».   

Autre caractéristique : les taux de scolarisation sont plus élevés pour les natifs des départements et régions d’Outre-mer (Drom) résidant dans l’Hexagone, comparativement à ceux demeurés dans leur région de naissance. Conséquence de cette scolarisation (scolaire et/ou estudiantine) en France hexagonale, « les natifs ultramarins diplômés du supérieur s’y retrouvent en part nettement supérieure que dans leur territoire d’origine : l’écart est de 12 points aux Antilles et il atteint près de 20 points à La Réunion », selon l’Ined. La part des diplômés du supérieur (Bac +2 et supérieur à Bac +2, natifs des Drom âgés de 25 à 34 ans résidant dans l’Hexagone) était cependant légèrement inférieure en moyenne (46% contre 48%) pour l’ensemble de jeunes du même âge de France hexagonale en 2019.

La poursuite des études étant l’un des premiers motifs de départ, aux Antilles comme à La Réunion, les natifs qui reviennent sont plus souvent diplômés du supérieur que ceux qui sont restés sur place : « c’est le cas de 46% des jeunes Antillais de retour et 51% des jeunes Réunionnais de retour, contre respectivement 5% et 9% des ‘sédentaires’ », précise l’Ined. « En termes d’emploi, la situation des « natifs de retour » est aussi largement plus favorable. Plus d’un sur deux est en emploi, contre moins d’un « natif sédentaire » sur trois », ajoute cette institution. En conséquence, le taux de chômage est nettement plus élevé chez les natifs demeurés dans leur territoire que chez les natifs de retour ; il représente respectivement 66% et 45% des jeunes sédentaires aux Antilles et à La Réunion, contre 38% et 29 % des Antillais et des Réunionnais de retour.

« En témoigne pareillement le niveau de vie mensuel médian par unité de consommation du ménage nettement supérieur chez les « natifs de retour » : plus de 1250 euros, contre 680 euros pour les « sédentaires », aux Antilles », poursuit l’Ined. Cette inégalité de revenus découle également de l’origine sociale. Les natifs qui retournent chez eux sont plus fréquemment issus des classes moyennes et supérieures, avec une part de « Dominante Cadre/Intermédiaire » nettement plus importante que les « sédentaires ». Les chiffres sont respectivement de 39% (dans le cas des Antilles) pour les premiers, contre 9% chez les seconds.

 En ce qui concerne la mesure de l’effet du territoire sur la mobilité sociale, le rapport relève une valorisation du diplôme plus difficile pour les jeunes qui vivent aux Antilles et à La Réunion, et une reproduction des inégalités plus forte dans ce dernier territoire. « On observe toutefois que la part de jeunes, sortis d’études depuis 5 à 10 ans, devenus cadres ou dans des professions intermédiaires est un peu plus élevée aux Antilles qu’à La Réunion, en 2010 comme en 2020. Ce résultat semble témoigner d’une plus grande potentialité de promotion sociale aux Antilles pour les natifs issus des catégories à dominante « employés/ouvriers » : 26% sont cadres ou professions intermédiaires contre 19% à La Réunion », souligne l’Ined.

En termes de mesure de l’effet du parcours migratoire, l’organisme indique également que la migration favorise l’accès aux diplômes pour les jeunes des classes défavorisées. En 2020, pour des enfants de parents peu diplômés, la part de diplômés du supérieur et intermédiaire (CAP, Baccalauréat) est de 61% pour ceux vivant dans le Drom de naissance de leurs parents et de 82% pour ceux vivant en dehors du territoire (pour l’essentiel dans l’Hexagone), détaille l’étude.

 

PM