Migrations, famille et vieillissement en Guyane : l’INED et l’Insee livrent les résultats de leur seconde enquête

Vue d’un marché en Guyane ©Outremers360

Migrations, famille et vieillissement en Guyane : l’INED et l’Insee livrent les résultats de leur seconde enquête

Une majorité de personnes non natives du territoire, beaucoup d’étrangers en situation de précarité, une fécondité élevée et un taux important de familles nombreuses, des solidarités informelles en recul, une légère amélioration de la situation des femmes… Voici les principales conclusions de la deuxième enquête menée en Guyane par l’Institut national d'études démographiques (INED) en collaboration avec l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).  

L’enquête « Migrations, famille et vieillissement en Guyane » qui vient de paraître fait partie d’études spécifiquement conçues pour les départements et régions d’Outre-mer (Drom) par l’INED et l’Insee. Elles ont pour objectifs d’analyser et de mesurer les mutations socio-démographiques dans chacun de ces territoires, et de contribuer ainsi à l’élaboration et la mise en œuvre de politiques sociales et sanitaires adaptées au niveau local. Une première enquête avait été conduite en 2009-2010. Cette dernière a été réalisée en 2020-2021 pour une mise à jour.  

Concernant le phénomène migratoire en Guyane, la population âgée de 18 à 79 ans y résidant « se distingue par une faible part de natifs, qui ne représentaient en 2020 que 40% des adultes vivant dans le département (contre 78% en Guadeloupe, 79% à La Réunion et 83% en Martinique) », rapporte l’INED. La majorité des immigrants proviennent d’Amérique du Sud ou des Caraïbes. Haïti arrive en tête, suivi du Suriname et du Brésil. En outre, la part de personnes nées en Guyane de parents qui n’y sont pas nés a presque doublé en dix ans. Elle est passée de 24% en 2010 à 41% en 2020.

La plupart des migrants en Guyane, particulièrement les femmes, justifient leur déplacement pour rejoindre ou accompagner un membre de leur famille. Pour les hommes, l’immigration est le plus souvent liée au contexte socio-économique, humanitaire et politique des pays qu’ils cherchent à quitter (Haïti, Suriname), pour trouver un emploi et de la sécurité. « Parmi les immigrés étrangers, 69% des hommes et 80% des femmes n’ont pas exercé d’activité rémunérée depuis leur arrivée sur le territoire. C’est le cas pour 69% des natifs du Brésil, 77% des natifs d’Haïti, et 87% de ceux du Suriname. Parmi ceux ayant occupé un premier emploi en tant que salarié, la part de ceux dépourvus de contrat de travail demeure très importante et est significativement plus élevée pour les femmes (39% contre 29% des hommes en 2020) », précise l’INED.

Sur le plan familial, la Guyane est le département ou le taux de fécondité (3,7 enfants par femme en 2021) est le plus élevé après Mayotte, et le nombre moyen d’enfants par femme augmente légèrement dans les générations les plus récentes. Cette tendance est principalement due aux femmes nées à l’étranger, constate l’organisme. Par ailleurs, « la Guyane se distingue des autres Drom par la proportion très élevée de femmes concernées par la contraception, soit 30%, qui déclarent n’utiliser aucun contraceptif au moment de l’enquête, soit un niveau très supérieur à ceux de Martinique (13%), de Guadeloupe, (21%), de La Réunion (14%) ou de l’Hexagone (8 % en 2016) ».

Au niveau de la santé, 36% des hommes et 33% des femmes âgés de 50 à 79 ans déclaraient en 2020 être limités dans leurs activités quotidiennes depuis au moins six mois. La Guyane est « le territoire dans lequel les difficultés pour marcher sont les plus fréquentes quel que soit le sexe : 32% des hommes et 41% des femmes sont concernés, soit près de 10 points de plus que dans les autres Drom », relève l’INED. Cependant, les problèmes fonctionnels rencontrés par les hommes en Guyane dans la tranche d’âge considérée sont beaucoup plus générateurs de limitations que ceux des femmes (73% contre 59%), d’où moins de restrictions d’activité pour ces dernières.

Enfin, l’enquête souligne que les solidarités informelles sont globalement en recul par rapport à 2010. Cette proportion a surtout diminué chez les hommes : « 56% des jeunes hommes de 18-24 ans apportent et/ou reçoivent une aide de leurs proches contre 65% en 2010 », écrit l’INED. Une explication pourrait résider dans la diminution des aides étatiques reçues. « Chez les séniors, on constate également une baisse des solidarités informelles : 36% des hommes de 65-79 ans font partie d’un réseau d’entraide informelle de proches, contre 52% en 2010. Cependant, si les plus âgés apportent moins d’aide, ils en reçoivent toujours autant. En 2020 comme en 2010, on observe peu de différences entre les natifs de Guyane et de l’étranger », conclut l’enquête.

Migrations, Famille et Vieillissement en Guyane 

PM