Martinique : Une économie encore fragile mais résiliente, selon l’IEDOM

Martinique : Une économie encore fragile mais résiliente, selon l’IEDOM

Légère diminution du taux de chômage, décélération de l’inflation, prévisions d’investissement bien orientées, campagne cannière favorable, reprise du tourisme… L’économie martiniquaise a montré des signes positifs en 2023, d’après l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM). Mais elle demeure cependant fragile et des points de vigilance doivent être observés comme le niveau de trésorerie des entreprises, notamment dans le secteur agricole.

En 2023, l’indicateur du climat des affaires a reculé, les entreprises exprimant des inquiétudes sur leur niveau d’activité surtout au deuxième semestre, mais finalement l’économie s’est montrée « résiliente » en fin d’année, constate l’IEDOM. « Les soldes d’opinion sur les effectifs sont bien orientés, alors que les niveaux de trésorerie sont toujours dégradés en lien avec le remboursement des PGE (prêts garantis par l’État, ndlr) et l’augmentation des charges d’exploitation (salaires, énergie notamment). »

Sur le marché du travail, le taux de chômage a diminué de 1,6 point pour s’établir à 10,8%. Cette tendance s’explique principalement par la diminution du nombre de chômeurs de catégorie A d’une part (-8,7% sur un an), et du nombre de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans d’autre part (-2,2% sur l’année). « L’emploi salarié s’est stabilisé en 2023 en Martinique (+0,2%, soit 280 emplois supplémentaires), après une forte dynamique de création d’emplois en 2022 (3072 emplois supplémentaires, +2,4%). L’augmentation des effectifs est portée par le secteur public (+0,9%) puisqu’ils se contractent très légèrement dans le secteur privé (−0,1%) », relève l’étude.

L’IEDOM a observé une décélération de l’inflation, l’indice des prix à la consommation ayant augmenté en moyenne de 3,3% en 2023, après 4,2% en 2022. Toutefois la consommation a montré des signes d’essoufflement en 2023 par rapport à une forte dynamique en 2022. Les prévisions d’investissement restent bien orientées, malgré la hausse des taux d’intérêt. « Des chantiers significatifs devraient débuter en 2024 tels que la rénovation de l’hôpital de Saint-Esprit, de l’échangeur de Mangot Vulcin (40 millions d’euros), l’agrandissement du Club Med (50 millions d’euros), ou encore l’extension du port (122 millions d’euros). Les travaux du grand port de Martinique devraient démarrer au deuxième semestre 2024 et s’étaleront sur une durée de trois ans », précise l’IEDOM.

L’année 2023 a été mitigée en fonction des secteurs. Les expéditions de bananes sont en baisse en 2023 (-11,6% par rapport à 2022). La campagne cannière a été plutôt favorable. Le tonnage de cannes broyées a augmenté de 10,2% en 2023 (+14% pour la sucrerie et +9,6 % pour les distilleries). Par contre la production de rhum est en baisse de -7,6% par rapport à 2022. Concernant la filière élevage, le tonnage total abattu diminue de 9,6% par rapport à 2022 (-4,6% pour les bovins, -12,3% pour les porcins, -9,9% pour les ovins et caprins, et -39,5% pour les équins). L’étude souligne que « le secteur agricole a connu plusieurs exercices délicats, ce qui entraîne des tensions sur la trésorerie des entreprises du secteur et constitue un frein au développement des entreprises et à la mobilisation des fonds européens (FEADER) pour lesquels un apport de 15% est demandé. »

Concernant le BTP, il a faiblement progressé sur l’année 2023, d’après l’IEDOM. Par ailleurs, les charges d’exploitation ont continué d’augmenter et la trésorerie des entreprises s’est fortement dégradée, notamment à cause de la hausse des coûts des matières premières et de l’énergie. « Le nombre de logements autorisés à la Martinique s’établit à 2200 en décembre 2023 (en cumul sur un an), contre 3000 en décembre 2022, soit une baisse de -26,7%, et le nombre de logements commencés s’élève à 2000 en décembre 2023, contre 2600 en décembre 2022, en recul de -23,1%. »

Bonne nouvelle par contre pour le tourisme qui confirme sa reprise. « Le nombre de nuitées hôtelières (+5,6%) ainsi que le nombre de passagers à l’aéroport (+5,3%) sont en hausse en 2023, après une année de reprise en 2022 », souligne l’IEDOM. Le nombre de croisiéristes a atteint 346 830, contre 84 796 en 2022, et retrouve le niveau de 2019 (337 648). Cependant l’impact a été limité pour l’économie locale, tempère l’organisme. En outre, le secteur connaît des difficultés de recrutement qui entraîne les professionnels à augmenter les salaires, ce qui pèse notamment sur les charges et la rentabilité des restaurateurs.

PM