Martinique : une économie contrastée en voie d’amélioration, selon l’IEDOM

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Martinique : une économie contrastée en voie d’amélioration, selon l’IEDOM

Démographie, macroéconomie, emploi, agriculture, tourisme… l’Institut d’émission des départements d’Outre-mer (IEDOM) vient de dresser son nouveau panorama de la Martinique. Une terre de contraste. Une population vieillissante mais une croissance en hausse, un taux de chômage en baisse mais des inégalités persistantes, une inflation plus faible qu’au niveau national mais des prix élevés. Cependant, en dépit de certaines fragilités structurelles, la situation semble aller dans le bon sens.

 

La Martinique comptait exactement 352 205 habitants au 1 er janvier 2022, marquant un phénomène de dépeuplement qui ne fait que s’amplifier, principalement lié au départ des jeunes. Depuis 2022, la collectivité est la région la plus âgée de France. D’après l’IEDOM, « en dix ans, entre 2012 et 2022, le nombre d’habitants a diminué au rythme moyen de 1% par an, soit une baisse de 3698 habitants par an. Compte tenu de la baisse du taux de natalité, la population martiniquaise vieillit. L’indice de vieillissement de la population n’a cessé de croître au cours des dernières décennies : entre 2012 et 2022, il est ainsi passé de 42% à 111% (soit +69 points en 20 ans), dépassant le niveau de l’indice de vieillissement national (+22 points) ».  

 Du côté économique, le produit intérieur brut (PIB) de la Martinique s’établissait à 9,5 milliards d’euros en 2022, et son taux de croissance était de +5,6% par rapport à 2021. L’IEDOM souligne cependant que cette hausse ne doit pas occulter les inégalités existantes. Citant l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), l’organisme relève qu’en 2020, 27% des Martiniquais vivaient sous le seuil de pauvreté, contre 15% en France hexagonale. En outre, « si l’inflation est plus faible qu’au niveau national, le niveau général des prix demeure plus élevé (+13,8%) avec une différence encore plus marquée pour les produits alimentaires (+40,2%) ou encore les services de communication (+37,4%) ».

Le taux de chômage dans l’île a atteint son niveau le plus bas sur la décennie l’année dernière en s’établissant à 12%. Il est en deçà des autres départements et régions d’Outre-mer mais reste nettement supérieur à l’Hexagone (7,2%). Les jeunes de moins de 29 ans étaient la catégorie la plus touchée par le chômage avec un taux de 31%. « En 2022, le nombre d’emplois salariés s’établit à 131 736 (+0,5% en moyenne annuelle entre 2012 et 2022). Le secteur tertiaire est le premier pourvoyeur d’emplois de l’île. En 2022, il regroupe 84% de l’emploi salarié, soit 110 439 personnes. Les effectifs de la fonction publique représentent quant à eux 40 400 personnes en 2021, dont 40,6% exerçaient dans la fonction publique territoriale, 36,4% dans la fonction publique d’État, et 23% dans la fonction publique hospitalière », précise l’IEDOM.

Le secteur tertiaire (services marchands et non marchands) constituait 87% de la richesse produite en Martinique en 2021, contre 79,2% pour l’Hexagone, avec un poids des services publics particulièrement important (37,9%). La même année, l’agriculture, la sylviculture et la pêche contribuaient à hauteur de 2,2% au PIB de l’île. La banane demeure le premier produit d’exportation du territoire, avec une production de près de 152 000 tonnes en 2022. Concernant la filière canne, elle « reste très dépendante des conditions climatiques (pluviométrie) et la production s’affiche en baisse de 10% en 2022. Par ailleurs, l’enherbement a également un impact sur les rendements qui sont passés de 140 tonnes à l’hectare en moyenne, à 60 tonnes aujourd’hui », écrit l’IEDOM.

« Le BTP représente 3,8% de la valeur ajoutée de la Martinique en 2021. Cette proportion est en légère baisse sur les dix dernières années (4,1% en 2011), le secteur n’enregistrant qu’une hausse de +0,2% en moyenne par an de sa valeur ajoutée entre 2011 et 2021 », constate l’IEDOM. La diminution d’activité est principalement due à « un manque de visibilité de la commande publique » et à l’allongement des délais de paiement qui fragilise la trésorerie des entreprises. Cependant les perspectives pourraient devenir favorables grâce au marché de rénovation des bâtiments et de mise aux normes parasismiques.

 Pilier important de l’économie, l’activité touristique a bien redémarré, avec un chiffre toutes catégories confondues de 720 002 visiteurs en 2022, soit plus du double que l’année précédente. « Le niveau des dépenses globales atteint 508 millions d’euros en 2022, soit une hausse de 3,6% par rapport à 2019, qui était déjà une année record », relève l’IEDOM. Par ailleurs, des projets d’investissement existent pour enrichir l’offre d’hébergement, et l’inscription en septembre 2023 de la montagne Pelée et des pitons du nord au patrimoine mondial de l’UNESCO devraient favoriser la demande. Mais il existe un obstacle : l’augmentation des prix des billets d’avion qui aurait augmenté de 15,4% entre août 2022 et août 2023 vers les régions d’Outre-mer, selon la Direction générale de l'aviation civile (DGAC). L’évolution du secteur touristique dépendra aussi de l’évolution des prix des vols.

 

PM