Martinique : L’Ordre des médecins s’inquiète de la situation sanitaire, liée au Chlordecone.

Martinique : L’Ordre des médecins s’inquiète de la situation sanitaire, liée au Chlordecone.

Pubertés précoces, troubles dys, retards scolaires, baisse de l’attention et du QI chez l’enfant, troubles de la fertilité, gynécomasties (développement de glandes mammaires chez l’homme) ou encore cancers hormonaux-dépendants chez l’adulte, les conséquences sont nombreuses et particulièrement graves pour la population martiniquaise.

Les traces de l’insecticide étant encore aujourd’hui extrêmement présentes sur le territoire, et les conséquences particulièrement graves, la non-reconnaissance officielle semble avoir des raisons politiques, comme l’explique le docteur Lucien Lin, vice-président de l’ordre des médecins de Martinique, interrogé par nos confrères de Martinique la 1ère : « Nous partons dans des considérations politiques. S’il faut une reconnaissance officielle de cause à effet sur la pathologie de nos patients, on va arriver à des questions de réparation et d’indemnisation ».

L’Ordre des Médecins soutient aujourd’hui la mise en place d’un plan Zéro Chlordécone, souhaité depuis de nombreuses années. Une possibilité évoquée, celle d’octroyer les terres non contaminées aux agriculteurs, puisque environ 60% des terres cultivables sont considérées comme non-polluées. « Que l’on donne aux agriculteurs la possibilité de travailler et de cultiver les terres non-polluées. Il y en a tout le Nord-Caraïbes, là ou il n’y a pas eu de bananes, toutes ces communes ont des terres, il y a des réserves foncières, mais il faut des moyens, de la mécanisation, et il faut aider les ouvriers agricoles ».

Dans la lignée d’un plan Zéro Chlordéone, le seuil de tolérance est également remis en question. Si la limite maximale de résidu de Chlordécone est aujourd’hui fixée à 0,020 grammes par kilo dans l’alimentation, l’Ordre des Médecins milite pour une suppression pure et simple de cette Limite Maximale Résiduelle (LMR). « Nous estimons que nos compatriotes n’ont pas à recevoir 20 micro-grammes de toxique tous les jours. Nous souhaitons qu’il y ai zéro micro-gramme. Les LMR doivent être supprimées, puisque au final, c’est accepter une intoxication connue et su de tous. Non, on dit non. Mais il faudra donner les moyens (…) il faut des moyens financiers, il faut de l’aide ».

L’Ordre des médecins a publié un communiqué de presse ce mardi 15 décembre, évoquant de graves inquiétudes quant à la présence de Chlordécone en Martinique, insecticide interdit depuis 1993, invitant la population a participer à la consultation citoyenne en cours jusqu’au 18 décembre, et demandant la création d’une filière Zéro Chlordécone.

Malgré les nombreux Plans Chlordécone, dont le dernier en date, le Plan Chlordécone 4, était présenté le 18 novembre dernier, encadrant l’actuelle consultation publique à ce sujet, la situation ne s’améliore pas. Elle semble au contraire se dégrader, pour l’Ordre des Médecins qui interpelle  l’opinion publique, une démarche rare de la part de cet organisme.