Martinique : Le Plan Chlordécone 4, avec 92 millions d’euros engagés par l’État

Martinique : Le Plan Chlordécone 4, avec 92 millions d’euros engagés par l’État

Complémentaire des précédents plans dans ce vaste dossier, une nouvelle étape est franchie avec ce Plan Chlordécone 4 présenté mercredi 18 novembre au comité de pilotage, et qui concernera la période 2021-2027. Une enveloppe de 92 millions d’euros, une consultation du public, et la volonté d’axer le travail sur l’identification des victimes d’empoisonnement à cet insecticide, utilisé aux Antilles jusqu’en 1993.

Utilisé de 1972 à 1993 dans les bananeraies des Antilles afin de lutter contre le charançon de la banane qui détruisait les cultures, le Chlordécone, reconnu comme perturbateur endocrinien neurotoxique et reprotoxique, avait été classé cancérogène depuis 1979 par l’Organisation Mondiale de la Santé. S’il a fallu attendre 1990 pour que le gouvernement français interdise son utilisation, deux dérogations successives, signées par les ministres de l’Agriculture de l’époque, ont prolongé son utilisation jusqu’en 1993, principalement en Martinique et en Guadeloupe.

Les répercussions sont massives, puisque la quasi totalité des Guadeloupéens et des Martiniquais sont touchés, et que la molécule, particulièrement persistante dans l’environnement puisque pouvant rester présente jusqu’à 700 ans dans l’environnement, a également impacté les sols, différentes cultures, rivières, littoraux, bétails, et poissons.

92 millions d’euros sur 6 ans, et un vaste plan d’action

Après les 30 millions d’euros débloqués pour la période 2014-2016, s’ajouteront donc les 92 millions d’euros de ce nouveau fonds, financés par 4 biais. 53 millions proviennent des ministères et établissements publics, 20 millions des organismes sociaux, 16 millions des collectivités territoriales et fonds européens, et 3 millions proviennent du plan de relance. Une consultation du public, accessible via une plateforme en ligne ou directement en mairie est lancée depuis aujourd’hui, jeudi 19 novembre, et pour 4 semaines.

Identifier toutes les victimes est un axe capital de ce nouveau plan, et plusieurs préconisations ont été faites en ce sens. Parmi elles, la mise en place d’un centre de consultation de pathologies professionnelles, d’outil de formation en pharmacovigilance, ou encore le renforcement de la prévention dans les entreprises. Un fonds d’indemnisation doit également être mis en place, corollaire de l’identification des victimes impactées par l’insecticide.

Damien Chaillot