À l’approche de la fin de l’année 2024, le bilan de la lutte contre les sargasses en Martinique montre une mobilisation sans précédent des acteurs locaux et de l’État avec un investissement total de 6,4 millions d’euros pour contrer ce phénomène, a indiqué les services de la Prefecture. Les échouages de ces algues, particulièrement intenses entre avril et août, ont entraîné de nombreux défis, mais ont également permis des avancées significatives dans la gestion de cette crise environnementale.
Après des premiers échouages relativement modestes en début d’année, les arrivées de sargasses ont été massives entre la fin avril et le mois d'août, entraînant 20 alertes vigilance orange et 2 rouges, contre seulement 9 en 2023. Les côtes atlantiques ont été les plus touchées, mais des zones de la côte caraïbe, jusque-là épargnées, ont également été concernées.
Sur le plan sanitaire, le nombre de dépassements du seuil de 1 ppm/horaire en sulfure d’hydrogène, un gaz toxique émanant des sargasses en décomposition, a augmenté. En 2024, 141 dépassements ont été enregistrés, contre 119 en 2023, touchant huit sites, soit deux de plus que l'année précédente. En revanche, aucun dépassement pour l’ammoniaque n’a été relevé en 2023 ni en 2024, et les concentrations maximales de ce gaz ont diminué.
Mobilisation renforcée des acteurs
Les efforts pour contrer les sargasses se sont intensifiés, tant sur terre qu’en mer. Sur terre, 125 personnes issues des ateliers chantiers d’insertion ont participé à la collecte, avec un financement de 2,5 millions d’euros, et 40 contrats aidés ont été mis à disposition des communes. Les moyens matériels ont également été renforcés, avec près de 100 équipements, tels que camions et grues, financés par l’État.
En mer, les opérations ont coûté près d'un million d'euros, avec l’achat d’une barge de transfert et d’équipements de collecte pour les pêcheurs, apportant un soutien précieux dans la gestion des algues. Les "sargators" et autres engins de collecte en mer ont permis d’intervenir sur des zones difficiles d'accès, allégeant la pression sur les barrages mis en place pour retenir les algues.
Suivi sanitaire et perspectives
Pour protéger les populations exposées aux émanations toxiques, 300.000 euros ont été alloués au suivi des gaz et à l’accompagnement des riverains. Le Centre Régional des Pathologies Professionnelles et Environnementales du CHUM a consulté 133 personnes affectées au 15 septembre, la majorité à domicile. L’État continue de financer la montée en puissance du Groupement d'Intérêt Public (GIP), avec un budget de 1,2 million d’euros, qui coordonne désormais la lutte contre les sargasses.
Stratégies futures
Pour l’avenir, l’État et le GIP prévoient de pérenniser la collecte sur terre et en mer, en renouvelant les barrages maritimes et en lançant un nouveau "Sargator" début 2025. L’amélioration des conditions de stockage des sargasses et le soutien aux projets de valorisation, en partenariat avec l’ADEME et Atout France, font également partie des priorités.
Ainsi, malgré les défis posés par les échouages massifs de sargasses en 2024, les efforts collectifs ont permis d’améliorer significativement la gestion de cette crise. Le travail engagé se poursuivra, avec une attention accrue portée à la protection des riverains et à la recherche de solutions durables.
Damien CHAILLOT