À l’occasion de l’ouverture du Salon des maires et des Collectivités locales, le 21 novembre, l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas), représentée notamment par Luc Carvounas, son président, et Ericka Bareigts, sa première vice-présidente et maire de Saint-Denis de La Réunion, a remis à Philippe Vigier, ministre délégué chargé des Outre-mer, son manifeste en faveur des territoires ultramarins intitulé « L’égalité sociale maintenant ! ». Ce document dresse un état des lieux sans concessions et appelle à la mise en œuvre de « dispositifs d’exception ».
La publication du manifeste fait suite aux « Rencontres des solidarités des Outre-mer » de l’Unccas qui se sont déroulées à Saint-Denis de La Réunion les 15, 16 et 17 novembre 2023. Durant ces trois jours, les maires d’Outre-mer et leurs CCAS ont pu faire le point sur des problématiques telles que la pauvreté, la vie chère, l’isolement, le chômage, la croissance démographique, le vieillissement et l’accès aux soins, entre autres. « Ces défis socio-économiques majeurs justifient la mise en œuvre de dispositifs d’exception adaptés aux particularités et à la diversité de leurs territoires. Dans ce contexte, les maires et leurs adjoints aux solidarités, membres de l’Unccas, appellent à un sursaut de mobilisation nationale et à un vaste plan d’investissement et de développement social », indique le rapport en préambule.
L’Unccas se pose la question : « Avons-nous oublié le principe d’égalité territoriale ? », avant de rappeler quelques chiffres. Les taux de pauvreté en Martinique et en Guadeloupe sont d’environ 27,6%, et un ménage sur trois y vit avec moins de 1000 euros mensuels, soit 60% du revenu médian français dans son ensemble. La Réunion a quant à elle un taux de pauvreté de 42%. En Guyane, c’est plus de la moitié des habitants qui sont sous le seuil de pauvreté. À Mayotte, ce chiffre grimpe à 77%. Dans ce contexte, les inégalités sociales sont évidemment plus marquées. La Martinique et La Réunion sont parmi les départements les plus inégalitaires de France. « À Mayotte, le rapport entre les deux extrêmes est abyssal : 20% des ménages les plus riches gagnent 80 fois plus que les 20% les plus pauvres », précise l’Unccas.
Dans son manifeste, les CCAS déclinent de nombreuses problématiques, portées par la garantie des droits sociaux : le droit à une alimentation de qualité, le droit au logement, le droit à des infrastructures et à la prévention des fractures numériques ; pallier les difficultés de maîtrise du français et du faible niveau de diplôme ; accompagner les familles monoparentales et déployer une offre de formation et d’accompagnement global des jeunes ; favoriser l’accès à des emplois de proximité non délocalisables ; accompagner le grand âge et prévenir la perte d’autonomie ; combattre les inégalités profondes de santé et faire face à la pression migratoire (voir lien vers le document en bas de page).
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Cinq propositions phares
Pour finir, l’Unccas formule cinq propositions phares. La création d’une agence de développement des territoires ultramarins, « chargée de coordonner des programmes de développement économiques et sociaux structurels, mais aussi d’évaluer la mise en œuvre effective de la loi, des crédits et des impacts à court et long terme des actions engagées sur ces territoires ». Cette agence aurait aussi pour missions d’harmoniser les analyses des besoins sociaux ultramarins et de porter les projets à financements européens. Des mesures de rattrapage et l’application du principe de différenciation territoriale : l’Unccas demande à l’Etat que les engagements pris dans le cadre des contrats de convergence et de transformation co-construits entre l’État et les collectivités locales (deux ans après la Loi pour l’égalité réelle en Outre-mer de 2017) sur la base de diagnostics locaux soient effectivement appliqués.
Pour des régions ultrapériphériques à la française (RUF), à besoins sociaux exceptionnels, dispositifs exceptionnels. « Confrontés à des problématiques sociales d’exception, nous aspirons à des dispositifs d’exception afin de disposer des moyens nécessaires au déploiement de politiques locales de développement social », plaide l’Unccas. L’organisme souhaite notamment des cadres de subventionnement régionalisés et un soutien financier contractuel. Créer un fonds de dotation des solidarités Outre-mer. Afin de lutter contre la grande pauvreté, les acteurs économiques et les multinationales implantées dans les territoires ultramarins seraient incitées à y contribuer. La mise en œuvre de ce fonds pourrait être coordonnée par l’agence de développement des territoires ultramarins préconisée par l’Unccas.
Soutenir les élus locaux en matière d’ingénierie de projet. Les collectivités territoriales manquent de capacités d’ingénierie administrative et financière, déplorent les CCAS, compétences pourtant « essentielles pour passer des marchés publics, monter des projets d’équipements complexes - du fait notamment de l’éloignement et des aléas climatiques -, mobiliser des fonds européens ou répondre à des appels à manifestation nationaux ». Aussi, pour encourager les jeunes à rester au pays et développer les emplois de proximité, l’Unccas appelle à l’instauration d’une politique régionale de formation en ingénierie sociale pour développer les compétences des jeunes et des cadres locaux.
À lire ► Manifeste pour les Outre-mer : l’égalité sociale maintenant !
PM