Un bilan 2020 contrasté en Outre-mer. Telle est la conclusion d’un rapport préliminaire de l’Initiative française pour les récifs coralliens (Ifrecor) publié le 8 juin. De grandes disparités existent en effet entre les régions, les territoires, et au sein d’un même territoire. Synthèse.
Un petit rappel tout d’abord. Selon l’Ifrecor, la France compte pour environ 10% de la surface internationale de récifs coralliens et de lagons dans les Outre-mer (soit près de 60.000 km2), ce qui la place au quatrième rang mondial. Les récifs ultramarins français représentent 30% de la diversité mondiale des géomorphologies récifales. Les 11 territoires coralliens de la France d’Outre-mer représentent 78% du territoire maritime du pays, qui arrive en deuxième position derrière les États-Unis.
Les régions de l’Atlantique possèdent moins de 4000 espèces récifales, tandis que la Nouvelle-Calédonie (avec 14.337 espèces) et la Polynésie (7025) sont les plus abondantes. Avec quatre fois plus de poissons et trois fois plus de mollusques, la biodiversité marine dans les Outre-mer est plus riche que celle des eaux hexagonales. D’où l’importance de préserver ces trésors inestimables.
En 2016, la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages, engageait l’État à élaborer, « dans le cadre de l’IFRECOR et sur la base d’un bilan de l’état de santé des récifs coralliens et des écosystèmes associés réalisé tous les cinq ans », un plan d’action contribuant à protéger 75% des récifs coralliens dans les Outre-mer français d’ici à 2021, et 100% d’ici à 2025. Où en est-on aujourd’hui, après le précédent rapport de 2015 ?

Disparités entre les territoires
« Dans les Outre-mer français, comme ailleurs dans le monde », écrit l’Ifrecor dans son bilan 2020, « les récifs coralliens et les écosystèmes qui leur sont associés, les herbiers marins et les mangroves, sont exposés à la fois aux effets du changement climatique (évènements récurrents de hausse de température, auxquels les récifs sont particulièrement vulnérables, cyclones de plus en plus fréquents et intenses) et aux pressions issues des activités humaines directes (pollutions, pêche, sédimentation, etc.). Très variables selon les territoires, l’intensité de ces pressions est souvent dépendante de la densité de population ».
Pour résumer, « les récifs sont plutôt préservés dans les territoires étendus, à faible démographie ou inhabités, dont les zones côtières sont soumises à des pressions faibles ou modérées » : cette situation concerne le Pacifique (Nouvelle-Calédonie, Polynésie française – hors archipel de la Société, Wallis-et-Futuna), et les îles Éparses (océan Indien), où 70% des stations suivies y sont en bon état, d’après l’Ifrecor. « Ils sont plutôt dégradés, dans les territoires de superficie plus réduite, soumis à une forte pression démographique et très anthropisés ». C’est le cas aux Antilles (Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy) et dans l’océan Indien (Mayotte, La Réunion) : 62% des stations suivies y sont dégradées.

Que faire pour agir et améliorer la préservation des récifs coralliens dans le cadre de l’objectif ambitieux que s’est fixé l’Etat (protection de 100% d’ici à 2025) ? Pour l’Ifrecor, « les aires marines protégées ne suffisent plus, même s’il reste nécessaire de renforcer leur niveau de protection, notamment sur les zones les plus résilientes. » Selon cet organisme, c’est sur la réduction des pressions anthropiques locales que repose en grande partie la résilience des récifs et de leurs écosystèmes.
A savoir, « traitement des eaux usées, gestion des aménagements sur bassins-versants, promotion d’une agriculture maîtrisant l’érosion et respectant l’environnement, pêche durable sont les actions clés recommandées pour maintenir les services que procurent ces écosystèmes : protection des côtes, sécurité alimentaire, régulation du climat, ou encore, séquestration et stockage de carbone par les herbiers et les mangroves ».
Mais il faudrait aussi pérenniser et renforcer la cohérence des différents réseaux de suivi des écosystèmes, souligne l’Ifrecor. Il importe donc « de poursuivre l’acquisition des connaissances (sur les usages et leurs impacts, sur les maladies, sur la résilience...) pour une meilleure gestion des écosystèmes, et de promouvoir l’innovation permettant de renforcer la résilience des écosystèmes. Enfin de poursuivre les efforts d’éducation et de sensibilisation de tous les citoyens, mais surtout l’information des élus nationaux et locaux sur qui repose, en grande partie, la bonne gestion des milieux ».
Dans un communiqué publié le même jour et en réaction à ce rapport, le Ministère des Outre-mer a rappelé « la mise en œuvre du Plan d’actions pour la protection des récifs coralliens des outre-mer français. Ce plan national a pour objectif de protéger 100% des récifs coralliens d’ici à 2025 ». Il prend notamment forme fin 2020, à travers la plateforme citoyenne SOS Corail, « qui vise à financer des projets en faveur des coraux, mangroves et herbiers ».
>>> Consulter un résumé du rapport en suivant ce lien
Le document complet sera disponible fin juin 2021
PM