« Létrandéor », la première traduction en créole réunionnais de l’Étranger d’Albert Camus, œuvre emblématique de la littérature francophone

« Létrandéor », la première traduction en créole réunionnais de l’Étranger d’Albert Camus, œuvre emblématique de la littérature francophone

A l’occasion de la Journée internationale des langues et cultures créoles ce 28 octobre, la maison d’édition réunionnaise Orphie qui fête par ailleurs ses 40 ans, a décidé de célébrer cette journée en publiant la première traduction en créole réunionnais de l’Etranger d’Albert Camus. Avec cette traduction, cette œuvre emblématique de la littérature francophone devenue en créole « Létrandéor » sous la plume de l’auteur réunionnais Jean-Louis Robert, offre ainsi une nouvelle dimension à ce classique intemporel.

Troisième roman le plus lu dans le monde, l’Etranger d’Albert Camus a déjà été traduit en 68 langues, a fait l’objet d’une adaptation cinématographique réalisée par le célèbre réalisateur italien Luchino Visconti et a inspiré beaucoup d’autres œuvres. Autant dire que s’attaquer à cette œuvre emblématique de la littérature francophone était un défi de taille.

Un défi que n’a pas hésité à relever l’auteur réunionnais Jean-Louis Robert, professeur de Lettres à la retraite, mais déjà auteur de traductions notamment des « Fables de Babrius », de La Fontaine ainsi que l’écriture de contes en français puis traduits en créole réunionnais. Jean-Louis Robert pour qui « traduire, c’est surtout créer et inventer », s’est donc attelé avec passion à cette tâche de traduction en créole réunionnais d’un roman « qui a été traduit dans presque toutes les langues du monde. Alors pourquoi pas en créole réunionnais ? », plaide -t-il. 

Sous la plume de Jean-Louis Robert ce roman est donc devenu « Létrandéor », pouvant s’entendre par « l’être en dehors », un titre qu’Albert Camus « aurait beaucoup apprécié », assure Mohammed Aïssaouï, auteur du « Dictionnaire amoureux d’Albert Camus » (Plon 2023) et qui a par ailleurs signé la préface.  Une onction qui va droit au cœur de ce gardien de la culture réunionnaise qu’est Jean-Louis Robert qui explique que « la langue créole est parfaitement capable de dire ce que disent les grands textes littéraires à condition de la travailler et de l’enrichir ».  

C’est chez Orphie, maison d’édition réunionnaise qui fête aujourd’hui ses 40 ans que cette première traduction en créole réunionnais de ce classique de la littérature française est publiée. Créée à La Réunion en 1984, Orphie explore depuis 4 décennies la littérature ultramarine, de l’océan indien à l’océan atlantique, en passant par la mer des Caraïbes avec un credo chevillé à sa structure « promouvoir, valoriser et diffuser la diversité des voix des territoires ultramarins à travers un catalogue éclectique ». Orphie, ce sont 876 publications et 715 auteurs, dont Raphaël Confiant, Daniel Vexelaire, Isabelle Hoarau, Hector Poulet, Catherine David, Leslie Belliot ou encore Pierre Appolinaire Stephenson… Et la maison d’édition réunionnaise ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et entend élargir son champ d’action à tout le monde francophone. Elle annonce d’ores et déjà 70 ouvrages cette année sur tous les territoires et dans tous les segments littéraires.

En attendant, c’est à dessein que les éditions Orphie ont choisi ont de publier cette traduction en créole réunionnais de l’Etranger le 28 octobre, Journée internationale des langues et cultures créoles célébrée à travers les pays et communautés ayant le créole en partage, soit plus de 10 millions de personnes à travers le monde. Une publication qui s’offre comme une nouvelle contribution à ce classique intemporel.

E.B.

« Létrandéor »

Albert Camus 

Jean-Louis Robert

Edition : Orphie

96 pages 

Sortie : 28 octobre 2024