Les petits Etats insulaires vulnérables des Caraïbes, de l'Océan indien et du Pacifique réunis à Antigua-et-Barbuda pour se préparer aux crises

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Les petits Etats insulaires vulnérables des Caraïbes, de l'Océan indien et du Pacifique réunis à Antigua-et-Barbuda pour se préparer aux crises

Submergés par les dettes et menacés d'être balayés par les impacts dévastateurs du réchauffement de la planète, les petits Etats insulaires vulnérables se réunissent cette semaine pour tenter de se préparer aux crises climatiques et économiques de la prochaine décennie.


"Les dix prochaines années sont critiques pour les petits Etats insulaires en développement", insiste le projet de document qui devrait être adopté à l'issue de la Conférence de ces 39 pays qui commence lundi à Antigua-et-Barbuda, en présence d'une vingtaine de chefs d'Etats et de gouvernements.
Dans les Caraïbes, au milieu du Pacifique ou dans l'océan Indien, ces Etats qui comptent seulement 65 millions d'habitants font face de longue date à des défis spécifiques qui les rendent particulièrement sensibles aux chocs extérieurs: petit territoire, population éparpillée, isolement géographique et économies peu diversifiées et dépendantes des importations.
Des difficultés auxquelles s'ajoute une vulnérabilité exceptionnelle aux impacts grandissants du réchauffement climatique dont ils ne sont pas responsables: sécheresses, inondations, ouragans, et montée du niveau de la mer qui risquent littéralement d'effacer certains d'entre eux de la carte. "Un ouragan, un typhon, qui par simple malchance traverse le territoire d'un petit Etat insulaire en développement peut anéantir un tiers ou plus des infrastructures", et renvoyer le pays plusieurs années en arrière en termes de développement, souligne dans un entretien avec l'AFP Achim Steiner, patron du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).

Alors ils appellent à l'aide, déplorant que le monde ne soit pas à la hauteur de ses promesses de "ne laisser personne sur le bord de la route", slogan des Objectifs de développement pour 2030.
Le monde "ne peut pas laisser les petits Etats insulaires en développement se noyer dans des crises qu'ils n'ont pas créées, cela aurait des conséquences catastrophiques pour le monde entier", prévient Fatumanava-o-Upolu III Dr Pa'olelei Luteru, ambassadeur des Samoas à l'ONU et président en exercice d'Aosis, Alliance qui représente ces Etats vulnérables dans les négociations climat.

Renouvelables et économie bleue 

Première de leurs revendications, une accélération de l'action climatique mondiale pour freiner le réchauffement dont ils sont les premières victimes, et une augmentation de la finance climat.
Selon le PNUD, la mise en place des mesures d'adaptation aux impacts du réchauffement dans ces 39 pays nécessiterait entre 4,7 et 7,3 milliards de dollars par an.
Mais la plupart d'entre eux sont classés au moins comme pays à revenus intermédiaires et sont ainsi exclus de l'aide internationale et des financements à taux préférentiels des banques de développement. "Ils sont piégés dans un no man's land où ils n'ont pas accès au filet de sécurité que représentent les financements de la communauté internationale", regrette Achim Steiner, qui plaide comme eux pour une réforme du système financier international.
D'autant que la plupart d'entre eux subissent aussi le poids d'une dette importante. L'ONU estime qu'ils vont dépenser en 2024 15,9% de leurs revenus juste pour rembourser les intérêts de cette dette.

S'ils estiment qu'ils ne s'en sortiront pas sans aide extérieure, ces petits Etats insulaires devraient aussi s'engager eux-mêmes à renforcer et diversifier leurs économies pour devenir plus "résilients".
Parmi leurs axes prioritaires, le développement des énergies renouvelables et l'encouragement de l'"économie bleue" (notamment pêche durable) dans des archipels aux territoires terrestres très petits mais qui comptent 19% des Zones économiques exclusives (espace maritime sur lequel un Etat exerce sa souveraineté) de la planète.
Sans oublier la promotion d'un tourisme plus responsable, pour préserver une biodiversité exceptionnelle, notamment des coraux menacés qui attirent chaque année les amateurs de plongée du monde entier.
Mais à l'heure où certains défenseurs du climat plaident pour réduire les déplacements en avion, il ne faudrait pas leur imposer "une double punition" en n'y allant plus en vacances, estime Achim Steiner.
Quant à la société civile, elle insiste pour que les revendications de "justice climatique" s'appliquent aussi localement.
Au sein de ces pays, "il y a des groupes vulnérables et marginalisés (...), en raison de leur genre, de leur race. Et les impacts climatiques sont une autre couche d'injustice pour eux", souligne Nicole Leotaud, de l'Institut pour les ressources naturelles dans les Caraïbes (Canari).
 

 

Avec AFP