Les Outre-mer au cœur de la Stratégie Nationale Biodiversité 2030

Vue de la forêt guyanaise ©Guyane-Amazonie

Les Outre-mer au cœur de la Stratégie Nationale Biodiversité 2030

À la fin de l’année 2023, le gouvernement a publié la mouture définitive de son projet de « Stratégie Nationale Biodiversité 2030 » (SNB). Elle comporte 40 mesures phares dont la plupart concernent les Outre-mer, qui représentent 80% de la biodiversité nationale. Selon le document, l’État devrait consacrer plus d’un milliard d’euros à la protection de la nature et de l’eau dès 2024.

Avec ses territoires hexagonaux et ultramarins, la France est présente sur presque toute la surface du globe et possède le deuxième espace maritime mondial. Selon la SNB 2030, « 10% des espèces connues sur la planète sont présentes en France ; plus de 600 nouvelles espèces y sont décrites chaque année, en majorité en Outre-mer ; et la France est le 6e pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées inscrites sur la Liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature, ndlr) ». 

Le document précise que s’ils ne constituent que 0,08% de toutes les terres émergées, les territoires ultramarins français concentrent 80% de la biodiversité nationale, conférant au pays une place unique. « La France exerce en effet sa juridiction sur le deuxième espace maritime mondial, de plus de 10 millions de km², dont plus de 96% sont ultramarins, incluant 55 000 km² de récifs coralliens et lagons, soit plus de 10% de la superficie mondiale corallienne et plus de 20% des atolls mondiaux ».

Le haut niveau d’endémisme est dû principalement au caractère insulaire de la majorité des Outre-mer. Plus de 98% de la faune vertébrée et 96% des plantes vasculaires spécifiques à la France sont concentrés sur les 22% des régions ultramarines. « Un hectare de forêt en Guyane peut abriter plus de 300 espèces d’arbres, soit plus d’espèces qu’il n’y en a dans toute l’Europe continentale. Dans les Terres Australes et Antarctiques, les communautés d’oiseaux marins sont les plus diversifiées au monde. »

Compte-tenu des spécificités des Outre-mer, et après consultation des acteurs territoriaux et de la société civile, trois axes de travail ont été retenus par la SNB : « le développement économique endogène respectueux de la biodiversité ; les fonctionnalités du continuum terre-mer et l’aménagement du territoire ; les liens humain-nature et la protection de la biodiversité ».

Le document ajoute que « la Stratégie nationale biodiversité 2030 fera l'objet d’une gouvernance spécifique en Outre-mer en s’appuyant sur les comités de l’eau et de la biodiversité, les conseils de bassins maritimes et les conseils scientifiques régionaux du patrimoine naturel, en tenant compte des instances coutumières et en renforçant la participation citoyenne, y compris des populations les plus éloignées ». 

La SNB contient au total 40 mesures, dont la majorité est applicable dans les Outre-mer. Parmi elles, le renforcement de la protection des espèces menacées. « D’ici 2030, les 300 espèces endémiques les plus menacées suivant les critères de la liste rouge de l’UICN seront protégées via un plan de conservation, en renforçant notre action pour la flore et les espèces ultramarines », souligne le document. 

Autre mesure, la réalisation du premier recensement exhaustif de la biodiversité nationale, dans les Outre-mer et dans l’Hexagone d’ici 2027. La première partie sera lancée en mai 2024. L’objectif est de renforcer les réseaux naturalistes et d’analyser l’ensemble du territoire national en recourant aux nouvelles technologies de l’ADN environnemental. « En parallèle, des référentiels publics en open data seront progressivement déployés pour chaque type d’espèces », note la SNB.

De même, la dynamique d’extension et de consolidation des aires protégées sera poursuivie. « La protection sera particulièrement renforcée sur les écosystèmes exceptionnels qui font la valeur de notre territoire : 100% des récifs coralliens ultramarins feront l’objet de protection en 2025, 65% des mangroves feront l’objet de mesures de conservation d’ici 2030 et les herbiers de posidonie seront intégralement protégés ». Par ailleurs, la SNB annonce qu’un nouveau parc national des zones humides sera créé d’ici 2030 et que le nombre de territoires emblématiques couverts par un label Grands Sites de France sera doublé d’ici 2027. 

PM