Les Outre-mer au cœur de la programmation de la 23ème Nuit Blanche pour un voyage à travers les océans et les continents

Les Outre-mer au cœur de la programmation de la 23ème Nuit Blanche pour un voyage à travers les océans et les continents

Evènement phare de l’été culturel parisien, la Nuit Blanche fête cette année sa 23ème édition le 1er juin prochain autour des valeurs de l’olympisme. Une édition 2024 qui mettra en lumière la beauté, les richesses et la diversité des cultures, des histoires et des sensibilités ultramarines sous la férule de la directrice artistique d’origine guadeloupéenne, Claire Tancons. Au total plus de 250 projets artistiques seront présentés à Paris, dans une trentaine de villes de la métropole du Grand Paris, mais aussi dans les territoires ultramarins tout au long d’une nuit qui s’annonce longue et magique. 

A bien des égards, cette 23ème édition de Nuit Blanche à Paris aura un caractère exceptionnel et historique. Exceptionnel car cet évènement phare de l’été culturel parisien sera la plus longue de l’histoire. Elle démarrera en effet cette année en Nouvelle-Calédonie, premier territoire français à voir lever le soleil pour se coucher en Polynésie française, là où il se couche le plus tard, non sans avoir voyagé à travers les fuseaux horaires entre La Réunion, la Guadeloupe, Guyane et Martinique. Car, pour la première fois, plusieurs projets artistiques seront issus de ces territoires. Historique également avec une Nuit Blanche qui a été élaborée autour des valeurs de l’olympisme que sont l’amitié entre les peuples, le respect, le partage et l’audace, Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 obligent.

Le 1er juin, Paris accompagné d’une trentaine de villes de la Métropole du Grand Paris, certains territoires ultramarins, vont célébrer ces Jeux au cours d’une programmation aux accents et aux couleurs des Outre-mer permettant aux Parisiens et aux Franciliens adultes comme enfants de se plonger « dans la beauté, les richesses et la diversité des cultures, des histoires et des sensibilités ultramarines », comme le souligne la maire de Paris Anne Hidalgo. 

« Une France ultramarine » pour la Nuit Blanche 2024 

Car cette année, Nuit Blanche a décidé de « faire pays avec la dimension mondialisée de la France » pour reprendre les termes de Claire Tancons, la directrice artistique d’origine guadeloupéenne et grande prêtresse de cet évènement pour qui « Paris, ville-île, capitale d’une France polygone, sera le lieu de diffraction des ondes océaniques propagées par les sensibilités d’artistes dont les cultures et histoires ultramarines sont le gage de leur attachement français autant que leur dimension internationale car toujours déjà ancrées dans la complexité d’un monde contemporain créolisé où la diversalité l’emporte sur l’universalité et où désirs d’hétéronomie et d’autonomie rivalisent ».

©Outremers360

Une antienne reprise plus prosaïquement par Jacques Martial, adjoint à la maire de Paris en charge des Outre-mer qui s’enthousiasme pour cette édition 2024 de Nuit Blanche qui nous invite à « parcourir un pays que nous ne connaissons pas forcément, la France des trois océans. Une France des quatre continents. Une France ultramarine ».

Une carte ultramarine de Paris

Ainsi, parmi les 126 projets proposés à Paris et les 143 de la Métropole du Grand Paris, 13 projets emblématiques sont présentés dans le cadre de la carte blanche à Claire Tancons qui nous redessine une nouvelle carte de Paris, ultramarine cette fois faite d’une programmation riche en performances et de formats divers. Une 23ème édition qui donne autant à voir qu’à savoir.

Chorale et opératique, cette programmation propose une plongée dans le chant choral de diverses traditions calédoniennes à Nouméa, une performance théâtrale immersive «Lucioles » mettant en regard deux textes récents de l’auteur martiniquais Patrick Chamoiseau ou encore la performance processionnelle en trois mouvements « Déboulé Céleste », en forme de défilé carnavalesque de l’artiste plasticien d’origine guadeloupéenne Raphaël Barontini récemment plébiscité pour son exposition « We Could be Heroes » au Panthéon. 

Pédagogique aussi sera cette programmation en apportant des éclairages contrastés sur différents aspects de l’histoire de Paris de l’époque en contant le destin remarquable mais aussi tragique du chevalier de Saint-George avec « Mouvements pour Saint-George, chevalier virtuose » par Romuald Grimbert et Johana Malédon. L’histoire en question encore où la résistance face aux colonialisme français des communards, Kabyles et Kanaks est mis en scène dans « Kaldûn Requiem ou le pays invisible », une performance musicale, chorégraphique et théâtrale par le formidable conteur Abdelwaheb Sefsaf et le théâtre de Sartrouville.

Les corps contemporains en mouvement entre art et sport avec la performance processionnelle en trois mouvements avec « Wélélé » par le plasticien décorateur guadeloupéen Kenny Dunkan et le breakdance « I Can(‘It) Breathe » par les artistes martiniquais Jean-François Boclé, Julien Boclé et Therry Pécou. Des artistes transdisciplinaires qui défient les lois des genres à l’instar aussi de la danseuse réunionnaise Soraya Thomas avec sa nouvelle création chorégraphique « Les Jupes ».

Des œuvres d’artistes qui traduisent une conscience écologique planétaire comme c’est le cas pour la thérapeute guyanaise Tabita Rezaire qui a pensé une sculpture monumentale dans « l’art de naître » qui restitue le savoir ancestral des sages –femmes issues des populations marronnes ou amérindiennes. C’est aussi le cas pour la performeuse polynésienne Orama Nigou qui, avec « Cycle de Rùmia, Acte 3, Oivi no Rùmia » fait rimer écologie avec préservation des espèces animales et végétales.

Des artistes représentatifs de la diversité des pratiques artistiques contemporaines mondialisées

Que penser des artistes engagés qui transmettent certaines images dont celles du film « Koropa » de la photographe Laura Henno qui met en lumière les enjeux migratoires que connaît le territoire mahorais ou la performance poétique sur la problématique de l’eau à Mayotte dans « We will not Bow » portée par l’artiste trinidadien Marlon Griffith ou encore cette réflexion sur les mouvements diasporiques contemporains, dont la peinture de l’artiste américain Edgard Arceneaux dans « The Mirror is You » est le symbole, sinon que les problématiques ultramarines sont loin d’être prises en compte, générant ainsi certaines frustrations voire des rancœurs.

Grâce à ces artistes, tous « représentatifs de la diversité des pratiques artistiques contemporaines mondialisées plutôt que représentants d’une appartenance nationale », explique Claire Tancons, Nuit Blanche 2024 fait le pari de « proposer de nouvelles images de la France au monde – et à elle-même ». 

Bref, une édition qui fait la part belle aux Outre-mer avec une programmation artistique audacieuse pour faire connaître « notre perception du monde et qui, au-delà du cadre naturel français ou de l’étau ultramarin, permet une lecture fine et dense des enjeux contemporains du monde », conclut la directrice artistique de Nuit Blanche 2024. Rappelons aussi qu’une trentaine de villes dans le monde feront Nuit Blanche ce jour-là.

E.B.

Nuit Blanche 2024

Samedi 1er juin 2024

Renseignements et programmation : www.paris.frnuit-blanche-2024