« Le racisme et l’impunité », les « fléaux qui gangrènent la police » dénoncent plusieurs personnalités dans une tribune

« Le racisme et l’impunité », les « fléaux qui gangrènent la police » dénoncent plusieurs personnalités dans une tribune

©Capture / Loopsider

Dans une tribune publiée dans Libération, une quarantaine de personnalités de l’Hexagone et des Outre-mer dénoncent « le racisme et l’impunité », « fléaux qui gangrènent la police ». Selon elles, « la violence raciste qui s’est abattue sur Michel Zecler n’est pas une violence isolée qui serait « le-fait-de-quelques-brebis- galeuses-qui-déshonorent-la-police-nationale » ». 

« Ce nouveau scandale illustre une fois de plus les fléaux qui gangrènent la police : le racisme et l’impunité qui entourent les agents qui l’expriment, pour peu qu’ils aient le bon goût de ne pas le faire devant des caméras indiscrètes », écrivent les 46 personnalités, parmi lesquelles Audrey Pulvar, Emmanuel Gordien, Lucien Jean-Baptiste, Aïssata Seck, Firmine Richard, Jacob Desvarieux, Serge Romana, Jacques Martial, Lilian Thuram ou encore, le président du Crefom Daniel Dalin.

Sur le plan judiciaire, la tribune demande « que la procédure que le parquet vient d’ouvrir contre ces agents de police se penche sur les fautes qui auraient pu être commises par la préfecture de police de Paris. En effet, la lenteur avec laquelle cette dernière a prononcé des suspensions a eu une conséquence : la préfecture de police de Paris semble avoir sciemment laissé des agents de police indélicats et violents au contact du public ».

Pour les signataires de cette tribune, « la violence raciste qui s’est abattue sur Michel Zecler n’est pas une violence isolée qui serait « le-fait-de-quelques-brebis- galeuses-qui-déshonorent-la- police-nationale » ». « Elle est, disions-nous, le symptôme d’une gangrène » et « montre l’ampleur des problèmes de racisme et de violences au sein de la police et leurs inévitables alliés : le silence complice des collègues et le déni de trop de syndicats policiers, de la hiérarchie policière, du ministère de l’Intérieur et plus généralement des pouvoirs publics ».

Mobilisation contre l’article 24

La tribune revient aussi sur l’article 24 de la loi Sécurité globale, « dont l’effet et sans doute le but sont de restreindre l’accès à de telles images ». Pour les signataires, la mobilisation contre cet article est « d’autant plus urgente et essentielle ». « Nul ne peut ignorer que la connaissance des violences policières est très largement le fait des vidéos prises par des journalistes ou par des citoyens. Sans ces vidéos, la parole des membres des forces de l’ordre – même lorsque les mensonges sont grossiers – l’emporte quasi systématiquement sur celle des victimes de violences policières ».

Les signataires voient dans cet article 24 un « signal envoyé aux membres des forces de l’ordre », celui d’un « soutien, une fois de plus traduit par certains en une impunité encore plus affirmée ». « Il n’est pas admissible qu’en démocratie, le fonctionnement d’un corps de fonctionnaires échappe aux regards citoyens. C’est pourtant ce à quoi aboutira cet article, par une montée de l’agressivité des membres des forces de l’ordre en situation de manifestation – la répression du rassemblement en soutien aux réfugiés lundi dernier sur la place de la République est à cet égard éloquente –, par autocensure ou par des menaces de poursuites savamment distillées ».

Dans une publication ce vendredi soir sur les réseaux sociaux, le président de la République Emmanuel Macron a dénoncé des images « qui nous font honte ». « Je demande au Gouvernement de me faire rapidement des propositions pour réaffirmer le lien de confiance qui doit naturellement exister entre les Français et ceux qui les protègent et pour lutter plus efficacement contre toutes les discriminations », a-t-il également déclaré.

Pour rappel, en janvier dernier, Emmanuel Macron avait déjà demandé au gouvernement « des propositions claires pour améliorer la déontologie » des forces de l’ordre, en pleine manifestation contre la réforme des retraites. Une demande réitérée en juin dernier, alors que le mouvement Black Lives Matter trouvait son écho en France à travers la mort d’Adama Traoré en juillet 2016.