Ce mardi 18 février a eu lieu la 5ème conférence sur la vanille française au ministère des Outre-mer. Comme tous les ans depuis maintenant cinq ans, le rendez-vous des professionnels du secteur a réuni les producteurs des différents territoires ultramarins. Un moment d'échanges pour ces acteurs, avant leur participation au Salon international de l’Agriculture. Une rencontre qui a été marquée par la présentation du premier symposium sur les vanilles françaises, qui se tiendra dans quelques mois en Polynésie française. L’événement sera une première et se veut le symbole d'une meilleure structuration de la filière autour de l’union des acteurs de tous les Outre-mer.
Quel est le positionnement des vanilles françaises sur le marché mondial ? Quel plan de développement pour la filière dans les dix prochaines années ? Comment se portent les vanilliculteurs de Mayotte après le passage du cyclone Chido ? Voilà autant de questions qui ont été posées à l’occasion de la 5ème conférence sur la vanille française qui s’est déroulée, cette année encore, au ministère des Outre-mer.
À l’initiative de Fausto Bouchereau, président de Mohea, une plateforme mettant en avant les vanilles du monde, l’événement désormais incontournable franchit cette année un nouveau cap. « Chaque année, nos producteurs de vanille venaient à Paris à l’occasion du Salon de l’Agriculture, mais ils ne se rencontraient jamais », explique-t-il. « Je les connais presque tous et je recevais en 2019 les mêmes demandes. C’est ainsi qu’est née l’idée de cette conférence. Pour que les producteurs se rencontrent. »
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Face à une demande de plus en plus grande, les producteurs de vanille des Outre-mer décident de s’unir, avec pour objectif une filière plus forte. La Fédération nationale des producteurs de vanille française est née en 2024 avec un objectif : repositionner la vanille française sur l’échiquier mondial. « Dans les années 1950, la Polynésie produisait près de 300 tonnes de vanille. Aujourd'hui, nous n'en sommes qu'à 25 tonnes, » regrette Gilles Tefaatau, producteur et exportateur, primé deux années consécutives au Salon de l'Agriculture. « La demande de vanille naturelle et authentique ne cesse d'augmenter, pourtant. »
Le constat est le même partout ailleurs. « Aujourd'hui, nos territoires ultramarins ne produisent pas assez, or la demande est là, au niveau local, régional, national et international », poursuit Fausto Bouchereau. « Il nous faut plus de moyens, plus de soutien. »
Un symposium pour aller plus loin
Désormais, les acteurs veulent aller plus loin avec l’organisation d’un symposium, qui devrait être se tenir entre septembre et octobre 2025, en Polynésie Française.
« Ce sera une première historique pour la filière de la vanille française, mais aussi pour le secteur agricole de manière générale », se félicite Fausto Bouchereau. « Tous les producteurs des territoires seront réunis dans un cadre collaboratif et structuré. Ce sera un tournant qui posera les bases d’une coopération qui permettra aux différents acteurs de la filière de partager leur expertise sur une durée prolongée. Nous aurons des journées entières dédiées à des discussions approfondies sur les techniques de production, la qualité et l’exportation. »
Il s’agira aussi de discuter de la labellisation et de la mise en place d’un signe de qualité officiel pour la vanille française, afin d’apporter une plus-value aux producteurs. En plus des conférences et des tables rondes, le symposium proposera une immersion sur le terrain avec des visites de plantations et des ateliers pratiques.
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Le symposium se veut aussi une étape stratégique pour la reconnaissance de la filière auprès des institutions. « Nous avons besoin de soutien, aussi bien financier que logistique. En organisant cet événement, nous voulons démontrer que la filière est structurée, qu’elle a un avenir, et qu’elle mérite d’être accompagnée », indique encore Fausto Bouchereau. Des engagements concrets sont demandés au ministère des Outre-mer et à d’autres instances gouvernementales pour les prochaines étapes de cette structuration.
La vanille, vecteur d’emploi
Malgré cette dynamique positive, les défis restent en effet nombreux. Si le premier obstacle est financier, il n’est pas le seul. « Il nous faut redynamiser la filière, faire comprendre à quel point la vanille est source de création d'emplois et surtout de revenus économiques », soutient le producteur polynésien Gilles Tefaatau. « La demande dépasse largement notre capacité de production. Nous avons un produit d'exception, recherché par les plus grands chefs et artisans du monde entier, mais nous ne sommes pas en mesure d'approvisionner ces marchés comme nous le souhaiterions. »
Les enjeux sont multiples. « Il ne s'agit pas seulement d'augmenter la production, mais aussi d'améliorer nos infrastructures et nos capacités d'exportation, » conclut-il. La filière, en manque de reconnaissance et de soutien institutionnel, parle désormais d’une voix commune, de La Réunion (qui possède la seule vanille IGP de France) en passant par la Nouvelle-Calédonie ou la Guadeloupe. « Chaque territoire a ses spécificités, et c'est cette diversité qui fait la richesse de cette vanille française », explique Fausto Bouchereau. « Il n’y a pas de concurrence, mais de la complémentarité. »
Le prochain rendez-vous des producteurs de vanille sera dans quelques jours au Salon international de l'Agriculture, avec pour certains, l’intention de remporter, cette année encore, une médaille à l’occasion du concours général agricole. « Je me suis inscrit, bien sûr », nous confie Gilles Tefaatau, dont la vanille avait été distinguée en 2022 et 2023. « Obtenir deux médailles d'or au concours agricole a propulsé mon activité, notamment en attirant des chefs étoilés. »
L’année dernière, au concours général agricole, la vanille de Tahiti (vanilla tahitensis) avait remporté trois médailles, dont deux en or. La vanille guadeloupéenne avait également décroché deux médailles d’or. La vanille mahoraise, quant à elle, était repartie avec une médaille d’or et une médaille d’argent.
Abby Said Adinani