Présentée lors de la niche parlementaire du groupe GDR, la proposition de loi pour une « meilleure réussite scolaire des jeunes ultramarins grâce à l'apprentissage des langues régionales » a été adoptée à l’unanimité en séance, ce jeudi.
« Nous avons eu un débat digne, respectueux et avec beaucoup de sagesse » a salué le député GDR de Polynésie Steve Chailloux, interrogé par Tahiti-infos. Linguiste de formation, Steve Chailloux a été nommé rapporteur de ce texte préparé par le député de La Réunion, lui aussi GDR, Frédéric Maillot. C’est en effet assez rare pour le souligner, ce texte a été adopté jeudi à l’unanimité par l’ensemble des groupes présents en séance.
Présentée dans le cadre de la niche parlementaire de la Gauche démocrate et républicaine -émanation parlementaire du Parti communiste-, qui compte le plus de députés ultramarins, le texte vise à « proposer l’apprentissage des langues régionales au sein de toutes les écoles maternelles et élémentaires », « première pierre qui consolidera la réussite scolaire et l’avenir de nos jeunes » a expliqué Frédéric Maillot.
Parmi les quatre amendements déposés en commission et adoptés, le groupe Renaissance a fait acter « la nécessité d’évaluer et d’analyser les pratiques en matière d’enseignement des langues régionales, d’enseignement plurilingue, ou d’enseignement dans les langues régionales, dans les territoires d’outre-mer ». Le gouvernement est tenu de présenter un rapport au Parlement, contenant ces analyses, dans un délai de 18 mois après la promulgation de la loi.
« L’objectif principal de cette démarche est de mieux comprendre comment les langues régionales sont enseignées dans les territoires d’outre-mer, et comment ces pratiques influent sur les résultats scolaires des élèves. Cette évaluation permettra également d’identifier les éventuelles lacunes ou besoins spécifiques en matière d’enseignement linguistique dans ces régions » explique l’amendement.
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« Les études scientifiques et linguistiques s’accordent à dire et l’ont toutes déjà démontré : le bilinguisme est une chance et participe au développement cognitif des enfants » a insisté dans son communiqué le député Réunionnais, citant, en ligne de mire, la lutte contre l’illettrisme et le décrochage scolaire. « Ayant moi-même connu le décrochage scolaire, je crois sincèrement que si le créole avait été là pour moi, mon parcours scolaire aurait été différent ».
Si, en raison de son statut et de ses compétences, la loi ne concerne pas la Polynésie française où l’enseignement des langues polynésiennes est déjà assurée à l’école, le député de cette collectivité appelle à « aller beaucoup plus loin ». « Ce n'est qu'un caillou que nous posons sur un très long chemin de la valorisation des langues » a-t-il encore expliqué à Tahiti-infos, citant entre autres « le renforcement de la formation des enseignants » et « l'ouverture de postes ».
Parmi les autres réussites de la niche GDR à l'Assemblée nationale, la création d'une commission d'enquête sur le logement en Outre-mer, l'adoption des propositions de loi visant à mutualiser et adapter les politiques publiques au changement climatique et sur la prise en charge intégrale des soins liés au cancer du sein, et l'adoption de la proposition de résolution pour poursuivre le débat démocratique autour du CETA et obtenir le rejet de ce traité préjudiciable, contre l’avis du gouvernement.