Invitée d’honneur du SIBCA, la Guyane a choisi de mettre en avant ses initiatives en matière d’habitat durable et d’adaptation climatique. Pour Thibault Lechat-Vega, troisième vice-président de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG), porte-parole de la collectivité et représentant des Outre-mer au comité européen des régions, cette visibilité constitue une étape stratégique avant la COP30.
Après le succès récent des « journées d’adaptation » organisées en Guyane, la CTG poursuit son engagement en matière de résilience climatique. À l’approche de la COP30, prévue au Brésil, qui mettra en lumière les enjeux amazoniens et tropicaux, la présence de la Guyane au SIBCA est perçue comme une opportunité unique. « La collectivité a impulsé une nouvelle dynamique en matière d'adaptation aux changements climatiques. Nous ne sommes pas venus en tant que spectateurs, nous sommes venus apprendre mais aussi inspirer, montrer ce qu'on fait chez nous, et peut-être inspirer Paris, Bruxelles,et les autres territoires tropicaux», souligne Thibault Lechat-Vega, convaincu que les bonnes pratiques développées localement peuvent être partagées au-delà des frontières.
La CTG, un acteur central du logement durable
Pour répondre aux défis de son territoire, la CTG assume un rôle multiple. D'abord un rôle de pilotage avec l'intégration des enjeux climatiques dans les documents de planification et d’urbanisme. Elle possède aussi un rôle en matière de norme par l'élaboration de référentiels et plaidoyer pour l’adaptation des règles aux réalités locales. Et puis, un rôle de financement et d'accompagnement en proposant investissements directs et conventions pour des projets améliorant la qualité de vie, au-delà de la seule construction de mètres carrés. «La CTG intervient directement dans les projets qui, non seulement améliorent le quotidien des habitants, mais permettent de mieux vivre, vivre plus dignement et surtout vivre plus durablement.», rappelle le vice-président.
La Guyane connaît une situation exceptionnelle : sa population a doublé en 30 ans et continue de croître rapidement. Plus de 30 % des logements sont sur-occupés, un record national, tandis que 80 % des habitants sont éligibles au logement social.
Face à cette pression, la CTG veut accélérer la production de logements sociaux et très sociaux, tout en garantissant leur qualité et leur durabilité. Le rattrapage des retards, notamment ceux liés à l’Opération d’Intérêt National (OIN) de 2012, constitue une priorité.
Au cours de ce salon, des signatures de convention illustrent cette volonté de la collectivité territoriale, avec la signature d'une convention avec l’AFD, pour solliciter le soutien du Fonds Outre-Mer dans le cadre de 4 projets stratégiques et d'une convention entre l’EPFAG et la SIFAG, portant sur la vente préférentielle de terrains aménagés, destinés à des logements sociaux et intermédiaires
Miser sur le local et le bas carbone
Pour Thibault Lechat-Vega, l’avenir du logement passe par une logique bas carbone. Cela signifie privilégier l'usage des matériaux biosourcés qui devrait être la norme en Guyane mais ausi conjuguer l’innovation qui doit aller de pair avec les savoir-faire traditionnels et ancestraux. Les filières locales en bénéficient déjà : le bois d’œuvre, avec un travail de certification sur de nouvelles espèces, mais aussi la « Brique de Guyane », témoignent de cette dynamique.
Au-delà de l’enjeu environnemental, la CTG défend une vision économique : « Le bas carbone n’est pas synonyme de décroissance. C’est une économie de croissance qui crée de la valeur ajoutée, des emplois locaux et améliore la dignité des familles. »