La Guadeloupéenne Danielle Girondin, une vie dévouée à l'entraide et au lien social, décorée de l'ordre national du Mérite par la ministre Élisabeth Moreno

© Samia Badat

La Guadeloupéenne Danielle Girondin, une vie dévouée à l'entraide et au lien social, décorée de l'ordre national du Mérite par la ministre Élisabeth Moreno

Le Mardi 22 mars, la Guadeloupéenne Danielle Girondin, ancienne éducatrice spécialisée et Présidente de l'association Génération II Citoyenneté et Intégration a reçu l'insigne de l'Ordre national du Mérite des mains de la Ministre déléguée à l'Égalité femmes-hommes, à la Diversité et à l'Égalité des chances Elisabeth Moreno.

 

Deux jours après sa distinction, Danielle Girondin reste encore « étonnée » d'être la récipiendaire de cette décoration. « J'étais à mille lieux de m'attendre à cette distinction d'où mon étonnement quand j'ai reçu le courrier », indique Danielle Girondin, jointe par notre rédaction. Pour cette Guadeloupéenne, être au service des autres est tout d'abord « normal et naturel » et une valeur innée. « Cela vient de ma mère, j'ai toujours vu ma mère aider les autres sans se poser de question. Je suis également rentrée dedans sans me poser de questions». Danielle Girondin précise toutefois que « recevoir cette reconnaissance, c'est se dire qu'on a été utile».

© Samia Badat 
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Après avoir vécu toute sa jeunesse dans sa Guadeloupe natale, Danielle Girondin part à l'âge de 20 ans dans l'Hexagone pour trouver un emploi. Elle est orientée vers un institut médico-éducatif à la recherche de personnels. Sans connaissance du métier, Danielle Girondin affirme «être tombée en amour des personnes autistes». « Cet amour n'a pas jamais quitté, j'en ai fait un métier et une carrière». Au cours de sa carrière, Danielle Girondin participe à un projet à l'époque expérimental qui consistait à réfléchir sur une nouvelle méthode de prise en charge des personnes autistes. «Ce projet nous a permis de sortir les personnes autistes de l'hôpital psychiatrique et de les mettre dans des maisons achetées par l'association Alteris. Pour la première fois,ils  sont passés d'un statut de malades à celui de citoyens. Leur donner une résidence était pour nous leur offrir une part de leur humanité». Un amour qui a duré une trentaine d'années et qui se poursuit encore. « Même en étant à la retraite aujourd'hui, je suis toujours très proche de mes collègues, de mon lieu de travail, des résidents que j'ai suivi pendant toutes ces années. Le travail sur l'autisme et la prise en charge autres que l'hôpital est quelque chose qui m'a beaucoup habité pendant tout mon parcours». 

Sa carrière auprès des personnes autistes l'a ensuite conduit à être conseillère municipale de la commune de Ballancourt, dans l'Essonne. Pour Danielle Girondin, c'est une manière d'agir sur le plan politique, de faire bouger les choses sur la prise en charge des personnes autistes. Par son mandat de conseillère municipale, elle intègre le conseil d'administration de la Caf de l'Essonne. « Finalement, tout avait un lien car au sein du conseil d'administration, j'ai pu m'intéresser  au suivi au niveau des familles». 

C'est dans ce cadre que Danielle Girondin rencontre Aissata Cissé, alors fondatrice et présidente de l'Association Génération II, qui l'invite à l'une des réunions de l'association. « Jusqu'ici je ne connaissais rien du milieu associatif. J'ai assisté à une réunion dans laquelle un groupe de pères discutait avec la police sur les problématiques de drogue. Je ne suis jamais repartie de cette association».

Comme pour l'ensemble de son parcours, Danielle Girondin va s'investir pleinement au sein de l'association Génération II dont elle deviendra d'abord la vice-présidente puis la présidente. « Au sein de l'association, je suis également portée par le lien social, l'entraide avec les autres, j'ai trouvé là aussi une manière de porter les problématiques du terrain».

© Facebook Génération II
© Facebook Génération II

L'Association qui existe depuis le début des années 2000, promeut les liens de solidarité, d’entraide des habitants du territoire en facilitant le dialogue entre les cultures au sein d’un quartier, inter-quartiers et inter-villes,  joue un rôle d’interface entre les jeunes et les institutions, facilite l’accès aux droits fondamentaux, prévient l'exclusion sociale. « A Génération II, nous sommes une association qui vient en complément de ce qui existe en matière sociale».

Interrogée sur l'évolution de ce lien social en France, Danielle Girondin souligne que « la crise de la Covid-19 a permis de révéler l'existence de ce lien social dans les banlieues notamment. Au sein de Génération II, on s'est aperçu qu'il y a eu beaucoup d'entraide entre les habitants, dans les cités. Ce lien a toujours été là mais il était passé inaperçu avec toutes les problématiques négatives». Aujourd'hui, Danielle Girondin souhaite surtout que le dialogue revienne au sein des foyers, des paroles. Le dialogue est une thématique à laquelle l'Association de Danielle Girondin est très sensibilisée avec la mise en place d'un groupe de pères, reconstruire les liens entre les jeunes de différents quartiers de l'Essonne, reconstruire les liens entre les jeunes et la police.

© Facebook Génération II
© Facebook Génération II

Mais par dessous tout,  Danielle Girondin prône un retour de l'humanité au sein de la société. « Selon moi, il faut juste un peu plus d'humanité. A Génération II, nous mettons un point d'honneur à accueillir les personnes qui franchissent notre porte.  Quand je parle d'humanité, c'est pour regarder l'autre comme on voudrait que l'on nous regarde,considérer l'autre comme soi. C'est une chose que j'ai apprise auprès des personnes autistes», conclut Danielle Girondin.