Le CESE poursuit son travail de sensibilisation des décideurs en faveur de l’eau dans les Outre-mer. L’avis présenté en octobre dernier a été remis officiellement au ministre délégué aux Outre-mer ce mercredi 14 février. Ses 23 préconisations interviennent autour d’un enjeu : rendre effectif et égal pour toutes et tous le droit d’accès à l’eau car l’essentiel des 500 000 personnes qui n’ont pas d’eau potable en France, se trouvent en Outre-mer.
Michèle Chay, rapporteure, a rappelé qu’un quart de la population de Guadeloupe n’a pas d’eau tous les jours du fait des nombreuses coupures. A cela s'ajoutent les difficultés : vétusté du réseau de distribution et des infrastructures, manque d’investissement, problèmes de gouvernance, compteurs bloqués... et les tarifs pratiqués qui sont les plus élevés au niveau national. La délégation s’attache à porter la parole des usagers et son travail de mobilisation des maires, des parlementaires et des représentants de l’Etat est un moyen essentiel pour faire évoluer la situation. Le CESE souhaite insister sur les problématiques de sous-consommation de crédits dans le cadre du Plan Eau-DOM et des Contrats de convergence et de transformation : le paradoxe est que des financements importants existent mais ne sont pas suffisamment utilisés.
Le CESE préconise d’engager un plan d’action prioritaire pour l’eau en Guadeloupe, Guyane et à Mayotte pour supprimer les « tours d’eau », renouveler ou développer les infrastructures. Il propose également de mettre en place un tarif social de l’eau et de distribuer des chèques eau afin que toute la population puisse avoir accès quelque soit ses revenus. Le CESE demande aux parlementaires de déposer une proposition de loi conférant un droit opposable à l’accès à l’eau potable pour tous et toutes. Trop de personnes vivant dans des habitats précaires ou isolés sont exposées aux trafics et aux risques sanitaires en consommant une eau dont la qualité n’est pas contrôlée.
Contacté par Outremers360, le CESE a indiqué qu«il faut aussi se préparer aux conséquences du changement climatique qui aura un impact important sur les ressources disponibles. La création d’ouvrages de stockage, la protection des ressources souterraines et le reboisement des bassins versants sont indispensables. Des investissements devront être réalisés rapidement d’interconnexion des réseaux, de retenues collinaires, sans compromettre outre mesure le cycle naturel de l’eau, et de citernes de stockage pour faire face aux épisodes extrêmes. Il faudra également renforcer la pédagogie au « bon usage » de l’eau en adoptant des comportements plus durables et responsables. Rappelons-nous que l’eau est toujours au cœur des interactions des hommes et des femmes avec leur environnement.» Pour le CESE, il s’agit de faire prendre conscience que l’eau est un bien commun, précieux et fragile, auquel chacun et chacune doit pouvoir accéder en étant responsable de ses usages et acteur de sa préservation.