« Joseph Zobel, l’enfant de la rue Cases-Nègres » ou quand Inès Sabatier à travers un documentaire part sur les traces de son arrière-grand-père, auteur majeur de la littérature caribéenne

« Joseph Zobel, l’enfant de la rue Cases-Nègres » ou quand Inès Sabatier à travers un documentaire part sur les traces de son arrière-grand-père, auteur majeur de la littérature caribéenne

Ecrit et réalisé par Inès Sabatier, son arrière-petite-fille, avec Inès Blasco et Fabrice Gardel, le film-documentaire « Joseph Zobel, l’enfant de la rue Cases-Nègres » retrace l’histoire de Joseph Zobel, écrivain et artiste martiniquais notamment connu pour son roman « Rue Cases-Nègres » magistralement adapté au cinéma par la cinéaste martiniquaise Euzhan Palcy. Un film puissant, sensible et généreux qui permet de découvrir ou redécouvrir un auteur majeur de la littérature caribéenne trop méconnu dans l’Hexagone. 

« C’est un projet que je portais depuis longtemps et qui avait même fait l’objet d’un pilote alors que j’étais en formation de journaliste », explique Inès Sabatier, autrice et réalisatrice avec Inès Blasco et Fabrice Gardel du film- documentaire « Joseph Zobel, l’enfant de la Rue Cases-Nègres ». Un projet dans lequel Inès Sabatier s’est beaucoup investie et d’autant plus cher à ses yeux Sabatier qu’elle est l’arrière-petite-fille de Joseph Zobel, et qu’elle a toujours voulu faire découvrir au plus grand nombre le parcours exceptionnel de cet aïeul qui s’est forgé un destin hors norme en bravant tous les obstacles. 

Ce film retrace en effet l’histoire de Joseph Zobel, écrivain et artiste martiniquais aujourd’hui mondialement connu grâce au roman « Rue Cases-Nègres ». Un roman autobiographique qui relate son enfance dans une Martinique coloniale et post-esclavagiste, décrivant une réalité jusque-là ignorée. En s’appuyant sur des témoignages recueillis auprès de ses proches et sur des archives privées inédites en partant sur les traces de son arrière-grand-père de la Martinique aux Cévennes, en passant par l’Afrique, Inès Sabatier nous dresse un portrait inédit et passionnant de cet auteur majeur de la littérature caribéenne.

« Rue Cases-Nègres », un roman fondateur

Né le 26 avril 1915 à Rivière-Salée dans le sud de la Martinique, Joseph Zobel vit modestement avec sa grand-mère et rêve de faire des études d’architecture auxquelles il devra renoncer par manque de ressources. Durant ses études à Fort-de-France, il se passionne pour la littérature et se prend même à écrire des nouvelles qui décrivent le monde rural dans une Martinique post-esclavagiste et où le colonialisme est encore dominant. Sur les conseils d’un ami, il parvient à publier ses nouvelles dans le journal « Le Sportif ».

 Encouragé par Aimé Césaire, alors professeur au lycée Schœlcher, il s’essaie au roman et sort en 1942 « Diab’là », l’histoire d’un agriculteur qui conquiert sa liberté par le travail de la terre. Un roman qui sera interdit par le régime vichyste dirigé par l’amiral Robert car jugé subversif. « Diable » sera finalement publié en 1947.

En 1946, Joseph Obel part s’installer dans l’Hexagone avec sa famille et reprend ses études. Il deviendra professeur de français dans un lycée de Fontainebleau, tout en poursuivant ses projets littéraires. En 1950, il publie « Rue Cases-Nègres » où il relate son enfance dans cette Martinique post-esclavagiste et inégalitaire où les populations noires notamment rurales dans des conditions particulièrement dégradées et humiliantes. « Rue Cases-Nègres » sera l’une des premières œuvres littéraires à décrire cette réalité.

 Une passion pour la poésie

Passé dans un premier temps inaperçu, ce texte puissant et généreux sera adapté à l’écran en 1982 par la cinéaste martiniquaise Euzhan Palcy sous son titre originel « Rue Cases-Nègres ». Le film rencontrera un énorme succès, trustant de nombreuses récompenses tant sur le plan national qu’au niveau international, dont le César de la meilleure œuvre en 1984.

Après la publication de « Rue Cases-Nègres », Joseph Zobel part s’installer au Sénégal en tant qu’enseignant, puis comme producteur à la radio du Sénégal où il est chargé de produire des programmes éducatifs et culturels dans un contexte de décolonisation de l’Afrique francophone. De retour en France en 1974, il choisit de rejoindre la Provence pour continuer son œuvre littéraire et plus généralement artistique puisque se souvenant qu’il voulait être architecte, Joseph Zobel s’exercera aussi à la peinture et à la sculpture. Mais toujours, il reviendra à sa passion pour la poésie. « A la fin de sa vie, il voulait être reconnu comme un être sans frontières, libre avec en partage sa poésie », salue Inès Sabatier.

Un déficit de reconnaissance dans l’Hexagone

Le 17 juin 2006, Joseph Zobel décède à Alès, dans le Gard. Il avait alors 91 ans. Il restera comme un auteur qui aura marqué la littérature caribéenne même si son œuvre, au contraire de celles des poètes du mouvement de la négritude ou de la créolité, n’a pas été reconnue à sa juste valeur notamment dans l’Hexagone.

 « Ses écrits sont précurseurs, le choix d’écrire à hauteur d’homme, en partie en créole, de narrer la vie des ouvriers, des pêcheurs, des lingères…c’était unique à l’époque. Personne avant lui n’avait rencontré de façon détaillée le quotidien des Martiniquais pauvres dans un contexte colonial et post-esclavagiste », s’émeut Inès Sabatier qui compte sur son film-documentaire diffusé en avant-première au cinéma Saint-André des Arts le 6 mai prochain et sur France 3 le 12 mai 2025 en seconde partie de soirée dans le cadre de l’opération « cœur outre-mer » ainsi qu’en replay pour contribuer à combler ce déficit de reconnaissance. 

E.B.

« Joseph Zobel, l’enfant de la Rue Cases-Nègres »

Film-documentaire inédit de 55 minutes

Ecrit et réalisé par Inès Sabatier, Inès Blasco et Fabrice Gardel

Produit par Auxyma

Avant-première

Mardi 6 mai 2025 – 20h

Cinéma Saint-André des Arts

30 rue Saint-André des Arts

75006 Paris

Diffusion sur France 3 : 12 mai 2025