Il y a quelques mois, la lutte contre la vie chère mobilisait la population martiniquaise. Depuis, un protocole d’objectifs et de moyens a été signé en octobre et doit encore être déployé. Alors qu’un nouveau préfet vient d'arriver ce lundi 10 février, Jean-Yves Bonnaire, président de l’association Contact-Entreprises, invite à plus de dialogue avec les acteurs locaux. À la tête de cette organisation patronale regroupant plus de 300 entreprises de la Martinique, il était cette semaine à Paris pour plusieurs rencontres autour des enjeux économiques du territoire. Dans un entretien accordé à Outremers360, il revient sur l’urgence de restaurer la confiance pour relancer l’investissement et l’emploi.
Outremers360 : En ce début d'année 2025, comment se porte l'économie martiniquaise ?
Jean-Yves Bonnaire : Depuis le quatrième trimestre 2024, l'économie martiniquaise est dans une phase d'incertitude. Les tendances montrent un ralentissement. La crise sociale qui a secoué le territoire a été violente, même si elle est actuellement en sommeil. Cependant, les revendications restent fortes, ce qui laisse planer un risque de résurgence. L'économie est morose, et cette situation inquiète les chefs d'entreprise. Cela se traduit par une baisse des investissements et un ralentissement de la dynamique de l'emploi.
Comment s’est passée cette semaine de rendez-vous à Paris ?
Nous avons eu plusieurs échanges autour de l'économie et des entreprises martiniquaises. L'image de la Martinique a été écornée ces derniers mois à cause de la crise. Il est essentiel de donner une image juste de notre territoire en 2025. Nous avons donc rencontré des médias nationaux et des acteurs politiques. Ce qui se passe au niveau national en termes de structuration gouvernementale a des répercussions chez nous, et il est important que la voix des entreprises martiniquaises soit entendue par les décideurs politiques. C'est un travail de long terme. La Martinique est parfois mal comprise et mal perçue. Certains ont choisi une voie radicale pour exprimer leurs revendications, ce qui a isolé le territoire.
Quelles solutions préconisez-vous ?
La Martinique doit trouver des solutions endogènes. Les acteurs locaux – politiques, économiques et associatifs – doivent définir une stratégie propre et présenter un véritable projet martiniquais. Cela nous permettra d'obtenir l'oreille du gouvernement et d'avancer. Le protocole d'accord d’octobre 2024 est inédit dans son ambition, mais place la Martinique sur une trajectoire différente du reste des Outre-mer. Il faudra voir à l’avenir si cela est bénéfique. L'objectif est que les Martiniquais retrouvent confiance en l'avenir et acceptent de s'investir pour leur territoire.
Quelles sont, selon vous, les priorités ?
Le retour à l'apaisement est primordial. Il faut un dialogue franc et respectueux. La Martinique souffre d'un vieillissement de sa population et d'un solde naturel négatif, ce qui est très préoccupant. Il est urgent de trouver des solutions pour enrayer cette démographie déclinante.
Quels sont vos projets pour les semaines à venir ?
Nous avons plusieurs initiatives en cours chez Contact Entreprise, notamment autour de l'éducation à l'économie. Il est essentiel de replacer l'entreprise et l'économie au centre du jeu, car notre avenir en dépend. Nous préparons également une conférence sur la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) pour montrer comment les entreprises peuvent contribuer au développement sociétal de la Martinique.
Abby Said Adinani