Présidente-directrice générale de l'Institut de recherche de développement (IRD) depuis deux ans, Valérie Verdier en amont de son arrivée à La Réunion dans le cadre la mission scientifique Ecole bleu Outre-mer à bord du Marion Dufresne, s'est entretenue avec Outremers 360. Dans cette interview, Valérie Verdier revient sur le bilan des multiples missions de recherche entreprises par l'IRD dans les Outre-mer. Elle expose également les enjeux, les ambitions et les grands projets en cours de l'IRD en matière de recherche scientifique concernant les territoires ultramarins.
Valérie Verdier, vous avez été nommée en janvier 2020 à la tête de l'IRD et vous avez effectué en 2021, vos premiers déplacements en Outre-mer, notamment en Guyane en janvier et plus récemment en Nouvelle-Calédonie : quel bilan tirez-vous de ces déplacements ?
Depuis ma prise de fonction, je me suis rendue dans trois « régions » ou « bassin » d’Outre-mer : à La Réunion et Mayotte, en Guyane et en Nouvelle-Calédonie. Ces déplacements sont essentiels, ils permettent d’échanger directement avec de nos personnels sur place et d’avoir des échanges directs avec nos partenaires institutionnels, académiques et scientifiques. La crise sanitaire que nous avons traversée a particulièrement affecté ces déplacements et rencontres lors des 2 premières années de mon mandat à la tête de l’Institut de Recherche pour le Développement.
Ces déplacements sont d’excellentes opportunités d’échanger sur les enjeux liés à la recherche scientifique, à l’innovation et à la formation dans les régions ultramarines. Ils permettent de consolider notre présence et surtout de co-définir avec nos partenaires, les ambitions scientifiques partagées et de construire des projets ensemble au bénéfice des territoires ultramarins dont j’ai fait une priorité stratégique pour notre Institut.
Je retiens avant tout de mes déplacements en Outre-mer l’excellent accueil reçu auprès de nos partenaires, le souhait partagé du renforcement et du développement de notre politique partenariale et d’une meilleure implication de l’IRD dans les politiques de sites universitaires. Ainsi j’ai pu conclure des accords avec des établissements universitaires et scientifiques comme cela a été fait avec le Centre Universitaire de Formation et de Recherche de Mayotte (CUFR) et l’Université de Guyane par exemple. Ceux-ci permettent de définir des cadres de coopération pour co-construire des activités de recherche, de formation, d’expertise et de partage de l’information scientifique en direction des sociétés et des décideurs.
De la même manière, ces déplacements sont l’occasion de lancer de nouveaux projets. En Nouvelle-Calédonie, nous avons signé, avec l’AFD et Météo France, un accord de collaboration pour le projet « Climat du Pacifique, Savoirs Locaux et Stratégies d'Adaptation » (CLIPSSA).
Ces déplacements présentent également des opportunités de rencontres avec les représentants des pouvoirs publics, qu’il s’agisse des représentants de l’Etat dans les territoires et des représentants des collectivités et autorités coutumières.
En Nouvelle-Calédonie par exemple, j’ai ainsi pu rencontrer Louis Mapou, Président du gouvernement, M. Jacques Lalié qui préside la province des Îles Loyautés, Mme Sonia Backès, présidente de la Province Sud (désormais Secrétaire d’Etat à la Citoyenneté auprès du Ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer) et M. Yvon Kona, président du Sénat coutumier.
De manière générale, ces rencontres poursuivent l’ambition de mettre au centre des débats la recherche scientifique pour l’appui aux politiques de développement durable des territoires et de porter notre modèle de co-construction de la recherche dans le respect de valeurs éthiques partagées et respectueuses des savoirs locaux et également le besoin de restitution des travaux de recherche, formation, expertise que nous portons.
Ce déplacement a été aussi l’occasion d’échanger avec les parties prenantes pour le remplacement d’un navire océanographique semi-hauturier dans le Pacifique, tel que le prévoit le plan d’évolution de la Flotte Océanographique Française. L’IRD soutient fortement ce projet pour qu’une telle plateforme, véritable outil de coopération régionale et de diplomatie scientifique, permette de collaborer avec les Etats insulaires du Pacifique et de l’Indopacifique et de réaliser des programmes de recherche conduits dans les eaux de Nouvelle-Calédonie, de Wallis et Futuna, de la Polynésie Française, et dans les eaux internationales.
À La Réunion j’ai pu évoquer les ambitions territoriales que partage l’IRD et le Conseil Régional autour des enjeux environnementaux et, en Guyane, j’ai échangé avec le recteur Alain Ayong Le Kama sur nos ambitions communes de renforcement de la culture scientifique et des actions de médiation en direction des plus jeunes pour les orienter vers des carrières scientifiques.
Mes premiers déplacements en Outre-mer sont donc marqués par ces rencontres de collègues, de partenaires et de décideurs afin de renforcer la présence et visibilité de l’IRD dans ces territoires, d’y approfondir notre politique de partenariat scientifique équitable et respectueuses et de continuer à jouer ce rôle moteur et fédérateur d’une recherche en phase avec les besoins des territoires ultramarins autour de la réponse aux enjeux globaux que nous affrontons collectivement.
Outremers 360 : Quelles seront vos prochaines visites Outre-mer ? Et quels seront les sujets, thèmes, problématiques abordées ?
Du 24 au 27 juillet prochain je serai de retour dans l’Océan Indien sur le Marion Dufresne à l’occasion du Leg 3 de l’Ecole Bleu Outremer, porté par l’Ifremer. Cette campagne océanographique, dont l’IRD est partenaire, accueille actuellement, à bord du Marion Dufresne, des étudiants, des scientifiques, des professionnels du monde maritime et en formation artistique. Ce projet a pour objectif de faire découvrir la recherche océanographique à des jeunes, mais également les sensibiliser à la richesse mais aussi la fragilité des environnements océaniques. La vie à bord est propice aux rencontres et au partage de connaissances et je suis ravie de pouvoir naviguer, de Mayotte à La Réunion, au côté de cadres dirigeants de l’État, d’élus des territoires et de scientifiques dans le cadre du « Séminaire Interministériel Haut Niveau ». L’IRD soutient cette initiative, construite à travers le partenariat de l’ESR français et proposant une expérience pédagogique tout à fait nouvelle. Ce déplacement sera également l’occasion d’aborder au sein de 2 tables-rondes, auxquelles je participe ou anime, les enjeux de financement de la recherche et du développement dans les Outre-Mer ainsi que la question de l’apport de la science à la gouvernance des océans.
Je profiterai aussi de ce 3ème leg pour signer avec son Secrétaire général, M. Velayoudom Marimoutou, un accord-cadre entre l’IRD et la Commission de l’Océan Indien (COI). C’est un partenariat important pour promouvoir les sciences de la durabilité dans l’océan Indien occidental et qui intervient après l’annonce ce 18 juillet par la Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Mme Sylvie Retailleau, du soutien au projet BRIDGES. Un projet porté par l’IRD le CNRS et l’Ifremer pour créer des ponts entre conservation, développement et coopération régionale dans l’Océan Indien.
Je me rendrai également dans les îles Eparses à la fin du mois de septembre à la suite de l’invitation du Préfet des TAAF, M. Charles Giusti, qui m’a été adressée, l’IRD participant à l'Initiative pour le Développement de la Recherche dans les Îles Eparses. Ce déplacement sera l’opportunité de discuter de l’implication de la recherche scientifique dans la définition de mesures de conservation de ces îles, ainsi que dans l’appui scientifique à leur gestion.
Je prévois enfin, sans avoir défini de date à ce jour, de me rendre dans les Antilles et en Polynésie Française. Cette dernière est un lieu particulièrement important et stratégique pour notre institut, en particulier en recherche océanographique.
Au cours de mes futurs déplacements en Outre-mer, je continuerai à promouvoir la capacité de l’IRD à coordonner des programmes scientifiques en s’appuyant sur son réseau de partenaires, de représentants et de chercheurs. Cela prend tout son sens à l’heure où la France souhaite renforcer son influence et encourager la coopération scientifique dans les Outre-mer.
Là où la coopération régionale est érigée en priorité, l’IRD répond que le développement de programmes scientifiques entre les collectivités et les pays d’une même région ultramarine avec cette approche bassin peut incarner une diplomatie scientifique répondant aux enjeux globaux. Les Outremers sont des territoires sentinelles des changements globaux, premiers territoires nationaux touchés par les conséquences de la crise planétaire, ils concentrent effectivement des enjeux sociétaux et scientifiques majeurs et globaux qu’il faut continuer d’étudier, de comprendre, d’expliquer afin de formuler des réponses et des solutions concrètes termes d’adaptation et de vie meilleure pour les populations.
Outremers 360 : Justement, à La Réunion, l'IRD a lancé un lâcher de moustiques stériles : comment se porte aujourd'hui cette expérience ?
En effet, à La Réunion, avec leurs partenaires, les chercheurs de l’IRD travaillent depuis 2009 sur la Technique de l’Insecte Stérile (TIS), utilisée comme moyen de contrôle de populations de moustiques tigres, vecteurs de maladies comme le chikungunya ou la dengue. La TIS consiste à lâcher dans la nature des moustiques mâles élevés en laboratoire et rendus stériles par exposition aux rayons X. L’accouplement des moustiques mâles stériles avec les moustiques femelles ne donne pas de descendance, ce qui entraîne naturellement un déclin de la population de moustiques et diminue ainsi le risque de transmission de maladies chez les humains. Cette méthode de lutte biologique présente de nombreux avantages : elle est respectueuse de l’environnement, pérenne et permet de contrôler uniquement l’espèce ciblée.
L’efficacité de cette technique a d’abord été prouvée en laboratoire lors de la première phase du projet (2009-2014). Jusqu’en 2019, les méthodologies ont été consolidées et les moustiques stériles ont été produits en masse. La troisième phase se termine ce mois-ci après 10 mois de lâchers de moustiques stériles hebdomadaires. L'évaluation faite de ces lâchers montre que la TIS fonctionne comme outil de lutte biologique.
Les résultats seront présentés mi-septembre lors d'un atelier de restitution où seront également présentées les perspectives en termes de recherche et de transfert vers le secteur privé pour une implémentation à large échelle. En effet, si la TIS est une technique révolutionnaire dans la lutte durable contre les Aèdes et les virus qu'ils transmettent, l'implication d'autres acteurs extérieurs à la recherche, publics et privés, est essentielle pour en assurer la mise en application à l’échelle la plus large possible.
Il est important de préciser que la TIS n’a pas vocation à remplacer les méthodes « classiques » de lutte anti-vectorielle (élimination des gîtes larvaires, démoustication, moustiquaires, information auprès des populations) mais elle vise à renforcer l’arsenal des outils de lutte anti-vectorielle efficaces existants. La TIS permet de réduire drastiquement les populations de moustiques et de contrôler l’espèce ciblée.
Outremers 360: L'IRD mène de nombreuses études et recherches en Outre-mer, quelles sont selon vous les plus emblématiques ? Les projets scientifiques phares ?
A La Réunion, certaines études ont été mises en place suite à des évènements majeurs ayant affecté le territoire. C’est le cas du programme TIS pour la crise du chikungunya et du programme ISOPOLIS (La Réunion, cité de l’innovation sociétale ouverte) suite à la crise des gilets jaunes. Ces deux programmes sont emblématiques des méthodologies à l’œuvre par la science de la durabilité puisqu'ils cherchent des solutions à même de répondre et prévenir ces crises à travers une approche innovante, interdisciplinaire et intersectorielle. ISOPOLIS par exemple, est un projet d’innovation sociétale visant à accompagner la co-construction de politiques publiques de résilience du territoire réunionnais, au service d’aspirations de la population autour du vivre-ensemble.
C’est un projet qui interroge nos habitudes de scientifiques en ce qu’il émane de la société civile. La démarche scientifique accompagne la réflexion et la transpose pour les entités de gouvernance du territoire (l’action publique, le monde économique, la société civile, le monde académique) et, par l’expérimentation, les accordent à des fins de co-construction d’un modèle de société durable.
Toujours à La Réunion, l’IRD prévoit, avec l’Université de La Réunion, de co-construire un nouveau projet au sein de la station SEAS-OI. Si sa fonction initiale était de recevoir des images satellites, l’objectif est aujourd’hui d’en faire un pôle de compétence et d’expertise régionale reconnu en télédétection et géomatique. Nous souhaitons que SEAS-OI devienne un outil au service de la politique de site de l’Université de La Réunion.
La station SEAS de Guyane doit quant à elle être « redémarrée » pour diverses raisons sociales, logistiques et sanitaires. L’IRD soutient la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) pour le redémarrage de la station puisque nous considérons que cette station est gage d’autonomie du territoire en matière d’acquisition d’images, de compétence et d’expertise locale en géomatique. Cela serait également l’occasion pour l’IRD d’y adosser son programme PROGYSAT (Projet de coopération Régionale d'Observation des GuYanes par SATellite) qui propose des projets de recherche et d’innovation autour de l’imagerie spatiale, au bénéfice du développement de la Guyane Française et de ses voisins du Plateau des Guyanes. Ce projet proposera bien entendu des applications environnementales pour la santé et le bien-être des populations.
En Guyane, depuis 1960, l’IRD assure la gestion de l'“Herbier IRD de Guyane” (Herbier CAY) qui abrite une collection unique d’environ 200 000 spécimens de plantes. Nous avons frôlé la catastrophe le mois dernier lorsqu’un incendie s’est déclaré et heureusement maitrisé. L’herbier est une plateforme de référence mondiale pour les taxonomistes et systématiciens et accueille régulièrement des spécialistes internationaux. Cet herbier est un réel support d’expertise et de valorisation des connaissances sur la biodiversité. Ces connaissances s’adressent aux gestionnaires publiques et aux bureaux d’étude du territoire. Il joue également un rôle patrimonial, voire muséal, éducatif envers les scolaires et le grand public. L’IRD souhaite donc amplifier le rayonnement international de l’herbier de Guyane tout comme celui de Nouvelle-Calédonie, améliorer l'accès aux données, notamment pour les gestionnaires de la biodiversité (collectivités locales, services publics) et favoriser la diffusion des connaissances sur les plantes et les écosystèmes, grâce à des outils d'aide à l'identification, à des contenus pédagogiques, etc.
Le second herbier de ce type hébergé par l’IRD se situe en Nouvelle-Calédonie (Herbier Patrimonial de Nouvelle-Calédonie, Herbier NOU). Cette année il va bénéficier d’un agrandissement, permettant notamment d’y intégrer une collection d’algues. La Nouvelle-Calédonie est un point-chaud de la biodiversité végétale à l’échelle mondiale avec plus de 3300 espèces, un taux d’endémisme de 76%. Là aussi, les travaux menés au sein de l’herbier sont essentiels pour la compréhension des écosystèmes et leur évolution.
En Nouvelle-Calédonie, l’IRD dispose d’un centre important par lequel il rayonne sur toute la région Pacifique. Cette région constitue un objet d’étude des changements globaux particulièrement intéressant et essentiel à la compréhension de l’évolution de la planète, à la fois parce qu’elle abrite une biodiversité tout à fait exceptionnelle, mais également parce qu’elle est le théâtre d’aléas naturels et climatiques importants. Trois projets d’envergures régionales et liés au changement climatique sont portés par l’IRD en ce moment :
- CLIPSSA qui produit des projections climatiques inédites aux échelles régionales et insulaires ainsi que leurs impacts sur des secteurs comme l’agriculture, l’énergie, l’accès à l’eau, la santé… Le projet permet d’étudier les vulnérabilités liées au dérèglement climatique et ainsi facilitera l’élaboration de stratégies d’adaptation. Les ressentis et vécus des populations ainsi que l’évolution des savoirs locaux mobilisés pour faire face aux événements extrêmes sont également étudiés, de même que les voies envisageables pour favoriser l’intégration de la diversité des savoirs scientifiques et locaux existants ou coproduits dans les politiques d’adaptation
- RERIPA qui cherche à mettre en place des solutions innovantes et durables face aux impacts du changement climatique en ciblant trois priorités : vulnérabilité côtière, santé des océans, élévation du niveau de la mer
- PACPATH qui co-construit, avec les populations locales, des solutions de conservation, de prévention et d’adaptation, et des outils de gestion.
De nombreuses recherches sur les écosystèmes coralliens sont également menées dans la région, ainsi que les questions de pêches, de subsistance et d’exploitation des ressources naturelles. L’International Research Network-South (IRN-Sud) PACSEN (Pacific Centre for social Responsability and Natural Resources -2020-2024) sur la gouvernance des ressources naturelles s'intéresse ainsi aux enjeux de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises dans la gouvernance des ressources naturelles. Ce projet repose sur une approche transdisciplinaire mêlant point de vue scientifique, sciences politiques et approche du développement durable.
Outremers 360: Une question d'actualité : les grands fonds marins. En octobre dernier, Emmanuel Macron a annoncé une stratégie d'exploration des fonds marins et une circulaire vient détailler le plan d'exploration à Clipperton plus précisément. Est-ce que l'IRD entend s'engager sur cette exploration des grands fonds marins ?
- et également un sujet sensible : l'UICN demande un moratoire sur l'exploitation des fonds marins, et notamment des nodules polymétalliques. La Fondation pour la Mer a publié un rapport avec neuf recommandations parmi lesquelles, la création de "sanctuaires de profondeur" protégés et reliés entre eux par des corridors biologiques sous-marins. Comment est-ce que l'IRD se positionne sur ce sujet très sensible, notamment dans les Collectivités du Pacifique. Est-ce que l'état actuel de la connaissance scientifique permet une exploitation qui respecte les grands fonds marins ?
Les travaux des chercheurs de l’IRD, mais de tous les chercheurs de manière générale sur ces questions de ressources (minérales notamment) des grands fonds marins sont tributaires des questions de gouvernance des océans, des enjeux maritimes associés et il faut le dire des stratégies d’influence et de puissance sur ces territoires à forts enjeux. Je ne parle même pas ici des considérations économiques liées et des intérêts des grandes firmes.
On a bien vu combien, d’un sommet à l’autre (One Ocean Summit et UN Conference de Lisbonne), combien la position française (celle du chef de l’Etat qui en appelle désormais à « un coup d’arrêt ») a évolué et, à mon sens, dans la bonne direction en apportant quelques garanties utiles pour ne pas mettre en danger les écosystèmes marins profonds.
L’IRD est engagé dans deux expertises, initiées par le Secrétariat Général de la Mer lors de l’actualisation de la stratégie nationale d’exploration et d’exploitation des ressources minérales dans les grands fonds marins. Premièrement, à travers une expertise collective sur les enjeux de l’exploration et de l’exploitation minière sous-marine dans les ZEE du Pacifique français et les eaux internationales, et deuxièmement par l’organisation d’ateliers régionaux dans le Pacifique pour un partage d’expériences rassemblant le plus largement les territoires et les pays impliqués.
Si les chercheurs de l’IRD appuient ces opérations par la production de notes scientifiques, de notes de positionnement, ils s’appliquent aussi à rappeler les particularismes des outre-mer français, notamment en matière de gouvernance et d’autorités, qu’il s’agisse des représentants de l’Etat, des collectivités, des autorités coutumières et disons-le aussi, des traditions et savoirs associés, qui nécessitent d’impliquer bien plus largement les populations des territoires aux processus de décision et de solutions à proposer.
L’orientation de la politique scientifique de l’IRD mise en place récemment autour des défis sociétaux et la constitution de communautés de savoir (CoSav) offre une enceinte propice à ce type de discussion pour mobiliser sur ces grandes questions. Elles se posent le plus souvent dans le cadre de ces grands rendez-vous internationaux (COP internationales ou régionales, Congrès UICN, etc.) pour lesquelles la recherche scientifique menée à l’IRD et nos chercheurs apportent l’éclairage nécessaire aux débats et aux décisions par la rédaction de rapports, notes, papiers de position et en prenant part directement aux débats.
D’un point de vue de la politique nationale de recherche, avec le CNRS et l’Ifremer, l’IRD participe également au PEPR Grands Fonds Marins, copilote le PEPR BRIDGES, un projet qui vise à renforcer le dialogue multilatéral régional avec une vision systémique et novatrice de la gestion des communs. Il favorise la mise en réseau de systèmes socio-écologiques, en particulier par le biais d’aires marines protégées et d’une gestion durable des ressources marines, permettra d'accroître la coopération et la résilience de territoires voisins et interconnectés. Enfin, les projets déposés par nos chercheurs dans le cadre du PPR Océan et Climat, dont deux coordonnés par l’IRD, ont pour vocation de développer avant tout la connaissance scientifique pour apporter « un océan de solutions aux défis que nous affrontons ».
Enfin, l’IRD a porté depuis le départ l’initiative Mercator Ocean International dont le statut a changé à l’occasion du One Ocean Summit pour devenir un organisme intergouvernemental poursuivant son œuvre de cartographie et de création d’un « double » numérique des fonds marins. La déclaration de Brest signée à cette occasion appelle ainsi à une ouverture plus grande des données numériques au service d'une stratégie fondée sur les recherches scientifiques.
Au-delà de chacun de ces territoires ultramarins dans lesquels j’ai pu me rendre, notre institut développe une approche régionale à l’échelle des bassins, prenant appui sur ses représentations et chercheurs qui ont noué depuis longtemps des collaborations riches avec nos partenaires des territoires et également les organisations régionales.
L’importance des défis environnementaux, scientifiques dans les territoires ultramarins nous impose à tous de coordonner le mieux possible nos efforts au niveau territorial, national et international pour apporter des solutions à la hauteur des défis que nous affrontons.
Ma participation ces jours-ci au Séminaire interministériel de Haut-niveau à bord du Marion Dufresne dans le cadre du leg 3 de l’école bleu Outre-Mer, aux côtés d’autres acteurs de la recherche et du développement mais aussi de décideurs, permettra d’avancer sur cette ambition que nous partageons d’apporter des solutions pour la préservation des écosystèmes et de notre planète.