En 2023, la FEDOM s’est donnée pour mission de se pencher sur la transition énergétique des entreprises ultramarines, à travers des séminaires dans les territoires. Après un premier en Polynésie, en février, la FEDOM organise son second séminaire à La Réunion ce vendredi 31 mars. Pour l’occasion, le président de la Fédération et ancien ministre, Hervé Mariton, a répondu à nos questions.
Pour quelles raisons et dans quel objectif avez-vous souhaité lancer cette série de séminaires sur la transition énergétique des entreprises en Outre-mer ?
La transition énergétique est un enjeu pour la planète. C’est évidemment un enjeu pour les Outre-mer, et c’est un enjeu aussi pour les entreprises ultramarines que la FEDOM représente. Soit parce qu’elles produisent de l’énergie, soit parce qu’elles en consomment. Les interrogations sur l’avenir du marché de l’énergie et les enjeux sur la décarbonation sont importants pour toutes nos entreprises.
Les Outre-mer sont dans un contexte particulier, avec à la fois un mix énergétique qui évolue vite et dans la bonne direction mais qui est encore globalement très carbonné. Ce mix est d’une part, très dépendant du fioul, et d’autre part, il n’y a aucune production nucléaire en Outre-mer. Ajouter à cela le fait que les transports sont très liés aux hydrocarbures, avec une prépondérance du véhicule individuel et de l’avion. Enfin, nous sommes sur des économies qui en termes de produits sont très liées aux importations, et donc au transport maritime. On est donc sur des économies dont l’empreinte carbone est élevée et c’est un enjeu pour l’avenir de ces territoires que de baisser cette empreinte, y compris dans le contexte européen et des engagements européens pris en termes de baisse de carbone.
Il y a plusieurs manières de prendre le sujet. Il ne faut pas le vivre comme contrainte mais comme une description objective mais aussi comme une occasion, une opportunité d’évolution de l’économie. La transition énergétique est un enjeu en soi, mais cela représente aussi des opportunités de développement économique, entre autres dans la production d’énergies renouvelables, et c’est une occasion de transformation de l’économie et des entreprises locales. Certaines d’entre elles sont conscientes de cela, elles travaillent sur leur empreinte carbone et leurs évolutions.
Vous avez organisé un premier séminaire en Polynésie, quelles ont été les premières réflexions ?
Ce séminaire a été une grande réussite. Intéressant et rassemblant à la fois acteurs publics, entreprises de production et consommateurs d’énergies. Ce séminaire a fait apparaître plusieurs choses. D’abord, l’importance de la clarté du cadre public. Pour le prochain à La Réunion, on part avec une avance puisque l’île est plutôt en avance par rapport à d’autres territoires et son Plan pluriannuel de l’Énergie y est bien établi. La Polynésie a aussi rappelé qu’il y avait un certain nombre de contraintes physiques liées aux réseaux. C’est un sujet sur lequel La Réunion est plutôt bien outillée.
Le séminaire en Polynésie a permis à la fois de bien rassembler les producteurs d’énergies et mettre en avant les projets, et a amené à la fois les grandes entreprises comme les plus petites entreprises, également demandeuses de transition énergétique. Nous avons aussi évoqué le sujet de la formation pour que ces enjeux de transition énergétique soient traités dans les meilleures conditions.
Si la PPE de la Polynésie française est moins avancée que celle de La Réunion, elle est tout de même bien avancée. Mais, le réseau en Polynésie ne permet probablement pas d’accomplir parfaitement les ambitions de la PPE. Et c’est bien que ces choses soient dites, et c’est justement l’objet de ces séminaires. C’est important d’avancer, mais on ne peut masquer les difficultés. Et il était intéressant que cette contrainte sur le réseau en Polynésie ressorte.
Vous évoquez La Réunion, dont le séminaire aura lieu ce vendredi, et son avance par rapport à d’autres territoires…
La Réunion a un niveau de décarbonation intéressant, particulièrement lié à l’hydraulique. Sur un territoire où la démarche est historiquement prise en compte, bien avancée autour de la conversion d’un certain nombre de centrales, il faut continuer à aller de l’avant et partager le message avec le plus grand nombre, à la fois sur la production, la demande et la maîtrise de la consommation. C’est un travail qu’on mène avec tous nos adhérents et l’ensemble des structures telles que les MEDEF, les CPME, les Chambres de Commerce, les maires, l’ADIR, EDF, TotalEnergies, Albioma et plus largement tout le tissu économique de l’île.
Après La Réunion, quelle sera la suite de votre calendrier ?
Deux prochains séminaires auront lieu courant avril : d’abord en Guadeloupe pour les Antilles, puis en Guyane. Il y aura un séminaire début juin en Nouvelle-Calédonie et nous en ferons, en distanciel, pour Saint-Pierre et Miquelon, qui est dans une situation tout à fait spécifique. Nous devrions conclure ce cycle de séminaire par un séminaire de synthèse le 27 juin à Paris.
Quel sera, in fine, le but de ces séminaires pour la FEDOM ?
L’idée, pour nous, est multiple : rassembler toutes les initiatives et demandes des entreprises ultramarines dans le domaine de transition énergétique ; pousser et encourager le mouvement ; et mobiliser les pouvoirs publics pour faire en sorte que le cadre institutionnel, juridique, économique et financier, sur le plan national et européen, soit le meilleur possible. Bien sûr, il y aura un certain nombre de demandes et propositions adressées au gouvernement. D’ailleurs nous en avons déjà formulé dans la perspective du Comité interministériel aux Outre-mer prévu en mai. Nous ferons une synthèse plus large et plus ambitieuse à l’horizon fin juin, que nous partagerons au gouvernement. En particulier au Ministère de la Transition énergétique et au Ministère des Outre-mer, mais aussi aux parlementaires. Cela permettra probablement de poursuivre un certain nombre de sujets dans le cadre de la préparation de la Loi de Finances de 2024.