Ouvrage de l’artiste-peintre Michèle Charles-Nicolas publié aux Editions Hervé Chopin en partenariat avec la Fondation Clément en Martinique, « Immanence » sous-titré « Dans l’intensité de la vibration d’Aimé Césaire » est une monographie qui présente un choix d’œuvres, dont les titres sont tirés des poésies d’Aimé Césaire. L’occasion de découvrir l’univers artistique, les influences, les inspirations, la manière de travailler de Michèle Charles-Nicolas, mais aussi et surtout sa rencontre avec l’œuvre immense de l’illustre poète martiniquais. Une monographie complétée par un entretien très instructif avec l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau.
En 2013 – 2014, Une exposition exceptionnelle présentée à la Fondation Clément en Martinique sous le titre « Aimé Césaire, Lam, Picasso –Nous nous sommes trouvés » nous plongeait dans la richesse foisonnante des écrits de Césaire et des œuvres des peintres cubain Wilfredo Lam et espagnol Pablo Picasso, tous deux amis du penseur martiniquais. Il faut dire qu’entre la poésie d’Aimé Césaire, l’un des pères-fondateurs du concept de la Négritude et l’art pictural, a toujours existé une sorte de passerelle voire « d’appariement ». D’ailleurs, les poèmes du recueil « Soleil Cou Coupé » que Césaire a composés sont inspirés des eaux fortes de Wilfredo Lam et des gravures de Picasso.
La poésie suscite souvent le geste pictural
Autant donc dire que poésie et peinture sont souvent associées par les artistes contemporains chez qui la poésie suscite régulièrement le geste pictural. Et quand il s’est agi pour l’artiste-peintre Michèle Charles-Nicolas pour qui « peindre est un geste poétique », de donner des titres à ses tableaux, elle n’a pas hésité à recourir aux poèmes d’Aimé Césaire. Essentielle dans sa peinture, la couleur représente, pour Michèle Charles-Nicolas, un « chant poétique » pour « spiritualiser la matière, pour l’absolu d’un monde idéal, inconnu, informulé, deviné », s’émerveille-t-elle.
Et quoi de plus évident pour elle de faire appel à la poésie d’Aimé Césaire « belle comme l’oxygène naissant », pour reprendre la jolie formule du poète André Breton. Une poésie qui l’a « happée » et l’a « réquisitionnée », avoue-t-elle. « Césaire, c’est pour moi la force de la perspective, la force de regarder demain. C’est la puissance de la vision », suggère- t-elle. « Or, ma peinture fait écho à une certaine violence qu’on trouve dans la poésie de Césaire », observe celle qui a connu les œuvres d’Aimé Césaire dès 1963 avec son mari martiniquais. « Peut-être que mes couleurs puisent dans l’intensité de la vibration césairienne », confie- t-elle.
Un entretien riche d’enseignements avec Patrick Chamoiseau
Plus qu’un panorama exhaustif de son travail, c’est surtout sa rencontre avec l’immense œuvre de Césaire dans laquelle Michèle Charles-Nicolas nous propose de nous plonger avec cette monographie intitulée « Immanence – Dans l’intensité de la vibration d’Aimé Césaire » où elle présente un choix d’œuvres où son regard porteur d’humanité rejoint les arcanes de la poésie d’Aimé Césaire.
Une monographie complétée par un entretien avec l’écrivain martiniquais Patrick Chamoiseau qui nous renseigne sur l’univers artistique de Michèle Charles-Nicolas, ses motivations, ses influences, ses inspirations, sa manière de travailler qui se résume par une peinture « reliée au monde » qui dégage « une relation forte à la nature, à l’amour, à l’Autre ». Mais aussi qui est un « engagement dans le monde tel, assure- t-elle, qu’Aimé Césaire le donne à voir dans l’invention du futur, d’un futur à la fois enraciné et ouvert sur l’universel ». Comme pour traduire et exprimer avec force l’universalité de la pensée du célèbre poète martiniquais.
E.B.
« Immanence – Dans l’intensité de la vibration d’Aimé Césaire »
De Michèle Charles- Nicolas
Ouvrage publié aux Editions Hervé Chopin en partenariat avec la Fondation Clément (Martinique)
128 pages