Le Groupe d'Études et de Protection des Oiseaux de Guyane (GEPOG) et la mairie de Mana ont signé, hier, une convention de gestion du site de Pointe-Isère, un espace terrestre et maritime relevant du Conservatoire du littoral. D'une durée de six ans, cet accord vise à restaurer les conditions d'accueil des oiseaux migrateurs sur cet ancien site rizicole, tout en favorisant le développement de l'écotourisme. Focus grâce au reportage de nos partenaires de Radio Péyi.
La Guyane constitue une étape essentielle pour les oiseaux limicoles qui migrent chaque année entre l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud. Autrefois, les rizières de Mana offraient un environnement favorable à leur repos et leur alimentation. Cependant, depuis l'arrêt de la culture du riz dans les années 2010, ces espaces se sont progressivement refermés, les surfaces en eau se sont réduites et la végétation s'est densifiée, rendant le site moins propice aux oiseaux migrateurs.
Clémentine Coûteaux, directrice du GEPOG, souligne l'importance de rétablir un écosystème adapté : « Ces oiseaux limicoles viennent et se reproduisent en Amérique du Nord, hivernent en Amérique du Sud, passent au-dessus de la Guyane et des rizières au moment de leur migration et quand les rizières étaient en activité, elles trouvaient un habitat naturel favorable pour se poser, des zones très ouvertes sans arbres et des zones en eau (…) Et un des enjeux en effet de la gestion de cet espace, c'est de faire des travaux et des aménagements pour que certains secteurs des rizières retrouvent une configuration favorable pour que ces oiseaux reviennent se reposer en nombre pendant leur migration ».
Un projet alliant écologie et économie
Outre la restauration de l'habitat naturel des oiseaux, la convention prévoit d'intégrer des activités écotouristiques et éducatives. « L'idée, c'est bien que ça soit un lieu d'accueil pour le grand public, pour les scolaires, étudiants, pour qu'ils puissent comprendre ce qu'est un espace de ce type-là, riche en biodiversité », explique Clémentine Coûteaux.
Le projet prévoit également une réflexion sur la cohabitation des usages, notamment en ce qui concerne la chasse. « L'objectif, ça sera d'arriver à un zonage du secteur pour se dire collégialement, tous ensemble, de manière partagée : cette zone-là, ça sera une zone qui sera ok pour l'accès du public, cette zone-là, elle sera vraiment plutôt dédiée aux chasseurs, cette zone-là est vraiment dédiée à l'accueil des oiseaux limicoles et donc, il faudra qu'il y ait une grande tranquillité qui soit respectée », précise-t-elle.
Des aménagements prévus entre 2025 et 2027
Selon Catherine Corlet, responsable de l'antenne Guyane du Conservatoire du littoral, la convention engage plusieurs actions concrètes : « Il y a plusieurs missions, ce qui a été validé dans le cadre du plan de gestion, c'est une mission d'ouverture au public, bien sûr la mission de protection de l'environnement et en particulier de la vie faune, bien sûr la mise en place de parcelles pour les agriculteurs pour faire de l'élevage extensif parce qu'on a besoin de maintenir les milieux ouverts. On a besoin aussi de travailler sur la gestion du trait de côte. Ce sont plusieurs choses qu'on va mettre en place sur le site avec les partenaires. Ce qui est important aussi, c'est de pouvoir enfin ouvrir le site au public. Alors le GEPOG fait déjà des animations, mais on va pouvoir passer sans doute à une dimension un peu plus importante ».
Des aménagements seront réalisés entre 2025 et 2027 pour rétablir des conditions favorables à l'accueil des oiseaux, tandis que les activités de sensibilisation et d'accompagnement des visiteurs seront renforcées avec l'appui du GEPOG.
Damien CHAILLOT