Guyane : Une plombémie « très préoccupante » sur le territoire

Guyane : Une plombémie « très préoccupante » sur le territoire

Le mercure présent dans les poissons fait partie des sources d’exposition au plomb en Guyane ©Wikicommons

L’agence nationale Santé Publique France (SPF), dans son dernier bulletin de santé publique consacrée au saturnisme, présente un bilan préoccupant pour le territoire de Guyane. Sur l’ensemble des cas de plombémie détectés en France et dans les territoires ultramarins, 12% sont comptabilisés en Guyane, qui ne représente pourtant que 0,42% de la population.

La plombémie, mesure du taux de plomb dans le sang, est prédictive de risques graves pour la santé, potentiellement irréversible pour les fœtus, embryons et jeunes enfants. L’intoxication au plomb peut avoir des conséquences dramatiques, et être responsable du saturnisme.

Les plombémies de primo-dépistages effectuées de 2015 à 2018 sur l’ensemble des territoires français ont mis en avant une très importante intoxication au plomb en Guyane, avec 2 183 cas recensé sur les 18 285. À noter, les canalisations et peintures à base de plomb ne sont pas en cause ici. Les sources d’exposition relatives à la Guyane sont la présence de munitions et d’ustensiles à base de plombs, ou encore la consommation de manioc et de poissons contaminés au mercure.

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Si une sensible augmentation des recensements de cas est observée entre la période 2011-2015 et 2015-2018, cela s’explique par le changement de la valeur seuil qui définit le saturnisme. Cependant, dans 43% des cas de détection, aucune fiche n’est transmise à l’ARS. Un manquement dû notamment par une méconnaissance du saturnisme, mais l’absence ou le retard dans le signalement d’un cas peut avoir de graves conséquences.

Dans les cas rapportés, ce sont majoritairement les enfants de 1 à 6 ans, les garçons ou les mineurs qui habitent sur le fleuve par rapport au littoral qui sont les plus imprégnés. Des résultats qui demandent une interprétation, puisque sur la tranche des 7-18 ans, les filles sont en moyenne deux fois plus dépistées que les garçons. Cette différence d’analyse laisse penser que la majorité des détections sont issues des dépistages effectués lors de grossesses chez les mineurs.

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Concrètement, le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) fixe pour objectif une plombémie moyenne de 12 µg/L (microgramme de plomb par litre de sang), et un seuil de 98% de population avec une plombémie inférieure à 40 µg/L.
En Guyane, chez les mineurs primo-dépistés entre 2011 et 2018, les résultats sont de 37,4 µg/L et seulement 52 % des enfants avec une plombémie en dessous de 40 µg/L. De plus, 40% des enfants de Guyane ont une plombémie supérieure à 50 μg/L et 68 % de la population primo-dépistée ont une plombémie supérieure à 25 μg/L, correspondant au seuil de vigilance. La situation en Guyane est par conséquent jugée très préoccupante.

« Pour faire face à cette situation, c’est une action intersectorielle et multidisciplinaire qu’il faut développer, en relation étroite avec les populations (…) Le partage des savoirs, le développement des connaissances, la sensibilisation et l’outillage des populations, dans une démarche d’aller vers pour faciliter le dépistage et la prise en charge des personnes exposées, sont les grands axes de la Stratégie régionale de réduction des expositions aux métaux lourds » explique Clara de Bort, directrice générale de l’Agence Régionale de Santé (ARS) Guyane.

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Damien Chaillot

Voir toute l’étude ici.