Mercredi 7 juin 2023, Nicolas de Bouillane de Lacoste, ambassadeur de France au Suriname, était en Guyane afin de participer à la session régionale de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN), mais également ainsi que pour une intervention en milieu scolaire, au lycée professionnel de Balata. À l’occasion de ce déplacement, nos partenaires de Radio Péyi ont pu l’interviewer au sujet des échanges entre la France et le Suriname. Il a pu annoncé entre autres un renforcement des liens diplomatiques entre la France et le plateau des Guyanes : Suriname et Guyana.
« Les choses avancent, mais à leur rythme », c’est en substance le propos de Nicolas de Bouillane de Lacoste, ambassadeur de France au Suriname, au micro de Radio Péyi. En témoignent, plusieurs accords signés entre la France et le Suriname, qui mettent beaucoup de temps à devenir effectifs, à l’image de la convention de coopération policière signée en 2006, entrée en vigueur 16 ans plus tard, fin 2022, l’accord frontalier de mars 2021, ratifié par la France, mais pas encore par le Suriname, ou encore l’accord sur la coopération judiciaire, signé il y a deux ans, mais qui n’est toujours pas appliqué.
Une inertie décisionnaire qui n’empêche pas le renforcement des liens entre les deux pays et le développement de programmes communs, explique Nicolas de Bouillane de Lacoste : « Nous avons eu la chance d’avoir le garde des Sceaux qui est venu jusqu’à Paramaribo en septembre l’année dernière, nous avons également une délégation de sénateurs qui sont venus, nous sommes en train de préparer une mission économique avec des entreprisses de Guyane et des Antilles qui partiront à Georgetown les 19 et 21 juin… Je crois qu’on commence à comprendre que cette région va changer. Le Guyana est en train de se métamorphoser, le Suriname va suivre, et il n’y a aucune raison pour lesquelles la Guyane ne profiterait pas de l’essor économique absolument colossal qui arrive déjà aujourd’hui ».
Une situation qui se concrétise également in situ, avec l’ouverture prochaine d’une antenne diplomatique dans la capitale du Guyana : « Nous allons ouvrir une antenne diplomatique à Georgetown, nous serons le premier pays européen à ouvrir une représentation diplomatique, dès le 1er septembre de cette année, justement pour orchestrer cette montée en puissance des relations entre la France et le Guyana, entre la France et le Suriname ».
Autre dossier évoqué au micro de Radio Péyi, l’ouverture du bac Le Malani qui doit faire la jonction entre Albina et Saint-Laurent-du-Maroni, maintes fois annoncée et repoussée : « Je veux être très prudent, parce qu’il y a eu beaucoup d’annonces, et quand ces annonces ne sont pas suivies des faits, c’est toujours désagréable. Moi, je pense que nous aurons une mise en service çà la fin de l’année, début de l’année prochaine (…) Je sais que tous mes prédécesseurs ont beaucoup travaillé sur cette question du bac (…) Les financements sont européens, donc là aussi, merci l’Europe qui a financé le bac Malani et qui finance les travaux de cale sèche côté surinamais. Mais il y a en effet des travaux qui doivent être menés. Je crois qu’ils vont commencer dans les prochains jours, donc la situation change et je reste confiant, nous monterons sur le bac Malani en début d’année prochaine ».
Enfin, c’est un fait divers qui a conclu l’entretien avec l’ambassadeur de France au Suriname, celui d’une pirogue chargée de cyanure qui a coulé dans le lac de Brokopondo. Les faits sont encore indéterminés, selon Nicolas de Bouillane de Lacoste : « La situation n’est pas encore totalement tranchée. J’ai vu des responsables d’un institut indépendant la semaine dernière, d’après les analyses qu’ils ont menées, ils ont certes trouvé des traces de cyanure (…) mais les sacs qui seraient tombé du bateau ne sont pas des sacs de cyanure, mais d’oxyde de calcium, m’a-t-il dit. Apparemment, la situation ne serait pas aussi grave que celle qui a été parfois décrite. Malgré tout, l’utilisation du cyanure est en pleine croissance dans l’orpaillage, l’utilisation du mercure semblerait être un petit peu à la baisse, remplacer par le cyanure, ce n’est pas mieux, c’est même pire dans certains cas. Ce drame en tout cas, l’écho médiatique est très fort, et j’espère qu’il permettra une prise de conscience ».
Damien CHAILLOT