La commune de Grand-Santi a inauguré une station de turbidité installée durablement sur l'île de Kawani Kampoe, située sur le Maroni, fleuve touché par la pollution liée à l'activité humain notamment l'orpaillage. C'est une première sur le Haut-Maroni et une avancée significative pour la surveillance de la qualité de l'eau. Précisions avec notre partenaire Radio Peyi.
Cette initiative s'inscrit dans le cadre du projet Bio-plateaux de l’Office de l’eau, qui vise à une gestion transfrontalière de l'eau et de la biodiversité entre la Guyane et le Suriname. La station de mesure permettra de mesurer en temps réel la turbidité de l’eau et d’alerter les autorités sanitaires en cas de pollution.
L'outil a été inauguré mercredi 26 mars en présence du ministre surinamais des Travaux publics, Riad Nurmohamed, référent Bio Plateaux au Suriname, Nicolas De Bouillane De Lacoste, ambassadeur de France au Suriname, Patrick Lecante, président du Comité de l'eau et de la Biodiversité ainsi que le maire de Grand-Santi, Félix Dada.
Une technologie de surveillance en temps réel
Marjorie Gallay, ingénieure en connaissance et suivi de la ressource en eau à l'Office de l'eau en Guyane, explique le fonctionnement de la station : « C'est un équipement qui va permettre de mesurer en direct, directement dans le milieu, une couleur de l'eau. On va venir mesurer l'opacité de l'eau, ce qu'on appelle la turbidité. Plus elle est claire, plus la turbidité est basse. Si l’eau devient trop trouble, cela signifie qu’elle est polluée. La station enregistre ces données et les transmet par satellite vers des serveurs, permettant un suivi presque en temps réel, avec une mise à jour toutes les heures.»
Selon les normes définies, une eau dont la turbidité dépasse 35 NTU (unité de turbidité établie par Environmental Protection Agency) est considérée comme impactée par la pollution.

Un outil p our mieux informer et prévenir
Félix Dada, maire de Grand-Santi, souligne l'importance de cette station pour la prévention et la gestion de l’eau potable : « Cette station est très importante pour nous. Elle nous permet d’alerter la population sur la qualité de l’eau. Si les données montrent une pollution, nous pouvons alerter les services de l’État et plaider pour l’installation de pompes d’eau potable en amont des zones habitées. Cela nous donne des arguments concrets pour solliciter des financements et prendre des mesures sanitaires comme la distribution de pastilles de purification.»
Le maire espère que d'autres stations seront installées afin d’avoir une surveillance plus large et précise du Maroni.
Un projet attendu depuis une décennie
La mise en place de cette station résulte d’un projet en discussion depuis une vingtaine d’années. Marjorie Gallay explique : « "On sait que les eaux du Maroni évoluent avec l'augmentation des activités humaines dans le bassin versant. L'érosion des berges, la chute des arbres et les variations de couleur de l’eau sont des signes de ces changements. Nous en parlons depuis vingt ans, et les premières discussions sur cette station remontent à une dizaine d’années. Aujourd’hui, avec cette installation, nous passons à une surveillance active et régulière.»
Une station de mesure qui ouvre la voie à une meilleure préservation de la ressource et à des actions concrètes pour la santé des populations locales des deux pays.
Par Radio Peyi