Nouvelle-Calédonie : Le Congrès veut mettre en place une structure de participation citoyenne

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Nouvelle-Calédonie : Le Congrès veut mettre en place une structure de participation citoyenne

C’est un des projets de Veylma Falaeo : donner une place à la démocratie participative. Pour ce faire, la présidente du Congrès a annoncé, vendredi 25 avril, le lancement d’une consultation publique en ligne concernant la création d’une structure de participation citoyenne, afin d’impliquer directement la société civile dans les processus décisionnaires. La population est invitée à partager ses idées jusqu’au 16 mai. Explications de notre partenaire Les Nouvelles Calédoniennes.

Le sujet de la démocratie participative a déjà été évoqué par le passé. En 2020, notamment, rappelle Veylma Falaeo, présidente du Congrès, il ressortait d’une enquête menée par Quidnovi, « qu’une large majorité des personnes interrogées souhaitaient que les citoyens puissent participer aux travaux du Congrès, voire proposer des textes via des pétitions ou référendums ».

Aujourd’hui, l’élue de l’Éveil océanien souhaite "voir aboutir pendant ma mandature" un projet en ce sens, qui pourrait se traduire par la création d’une structure dédiée à la participation citoyenne au sein du Congrès.

« Refondre le lien entre la société civile et la représentation politique »

Les derniers événements de mai 2024 ont fait de cette question un enjeu central, ayant mis « en lumière une crise démocratique profonde, marquée par un éloignement croissant entre les citoyens et leurs institutions », et montrant « un besoin d’écoute et de refondation du lien entre la société civile et la représentation politique ».

Un avis partagé par Vaimu’a Muliava, élu au Congrès et délégué régional Asie-Pacifique de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, également investi dans le projet. « Après ce que nous avons collectivement vécu, une colère sociale qui s’est exprimée et qui a révélé une fracture qui était déjà là et l’a rendue plus béante que jamais ». Promouvoir la démocratie participative est ainsi une façon d’en « tirer les leçons ». Et alors que la Nouvelle-Calédonie réfléchit à son avenir et « un nouveau modèle de société », c’est « le moment pour le faire », poursuit le représentant.

Ateliers et consultation publique et ligne

Le Congrès engage donc une réflexion pour déterminer les voies possibles qui mèneraient à une participation plus directe des citoyens aux travaux de l’institution. Un prestataire a ainsi été chargé de réaliser une étude pour évaluer ce qui peut être mis en œuvre en Nouvelle-Calédonie. C’est dans ce cadre que la population est interrogée.

Des ateliers ayant touché une centaine de personnes environ se sont tenus dans plusieurs communes, le dernier en date à Bourail et, afin de toucher un plus large public, une consultation numérique complémentaire est lancée sur Internet depuis ce vendredi 25 avril sous la forme d’un questionnaire accessible via le site www.congres.nc.

L’objectif est que les gens partagent leurs attentes, la façon dont ils imaginent cette structure dédiée à la société civile, dans laquelle ils pourraient exprimer leurs besoins sur tout type de sujet, transition alimentaire, climat, etc. Ces préoccupations pourraient ensuite être transformées en textes de loi portés devant les élus.

Les résultats de la consultation sont attendus d’ici la fin du mois de mai, pour une présentation publique en juin. Cette réflexion doit aboutir « à des propositions concrètes », insiste Veylma Falaeo, qui soient réalisables dans le cadre juridique et institutionnel actuel du territoire.

Transparence

Dans ce processus, le Congrès s’appuie, entre autres, sur l’Assemblée parlementaire de la Francophonie et l’expérience de ses membres, qui partagent des retours d’expérience. « Nous avons également obtenu une petite aide financière », ajoute Vaimu’a Muliava, qui indique regarder ce qu’il se fait du côté du Canada, du Québec, de Bruxelles, ou encore de la Côte d’Ivoire, qui planche sur un code de déontologie des élus.

Veylma Falaeo a également rencontré le Cese (Conseil économique, social et environnemental) et le Sénat coutumier, ainsi que les groupes politiques qui composent l’institution du boulevard Vauban. « La démarche a été comprise, même s’il y a toujours quelques réticences, ça a été bien pris dans l’ensemble. »

Anne-Claire Pophillat pour Les Nouvelles Calédoniennes