Guyane : Dans l’éducation, les syndicats appellent à une mobilisation pour un plan de rattrapage d’urgence

© Radio Péyi

Guyane : Dans l’éducation, les syndicats appellent à une mobilisation pour un plan de rattrapage d’urgence

Une intersyndicale regroupant la FSU, Lutte des classes, le STEG-UTG, Sud Education et le SNETAA/FO appelle à une mobilisation générale à partir du 17 mars prochain. Les syndicats exigent un plan de rattrapage d’urgence pour l’éducation en Guyane, pointant un manque d'infrastructures, de personnels et de moyens pour assurer une scolarisation satisfaisante de tous les enfants. Focus grâce au reportage de nos partenaires de Radio Péyi.



Depuis 2013, cinq collèges, deux lycées et 22 écoles ont été construits en Guyane. Toutefois, pour les syndicats, ce rythme reste insuffisant face à l’augmentation du nombre d’élèves (+15 % en dix ans). L’intersyndicale plaide ainsi pour un nouveau plan de construction d'établissements scolaires.
"La première urgence dans le premier et dans le second degré", estime Florent Hennion, co-secrétaire départemental du syndicat FSU Guyane. Il rappelle que "les constructions qui ont été actées lors des accords de Guyane en 2017 sortent de terre dans les années à venir, on a quatre ouvertures de nouveaux établissements l'année prochaine, donc on pourrait se dire les choses sont en train d'aller mieux. La réalité sur le terrain c'est qu'on a des établissements qui sont gigantesques, on a des collèges à 1300, des lycées à plus de 2000 élèves, ça n'existe qu'en Guyane et à Mayotte ce genre d'établissement. Il est important de donner aux élèves de Guyane les mêmes conditions de scolarisation que celles qu'on peut trouver ailleurs sur le territoire français, ça veut dire des établissements à taille humaine, donc ça veut dire des collèges autour de 500, des lycées autour de 750. Quand on a des grosses usines, il faut dire les choses comme elles sont, évidemment les conditions d'accueil sont mauvaises, évidemment il y a un petit peu plus de problèmes à l'intérieur de ces établissements qui sont gigantesques".

Des avancées à nuancer

Selon une étude publiée il y a six mois par l’INSEE, la situation de l’école en Guyane s’est améliorée sur les dix dernières années, avec une augmentation des moyens humains et financiers ainsi qu'une progression des résultats scolaires. Cependant, pour Florent Hennion, cette amélioration est à relativiser.
"C’est une chose de dire que les choses s'améliorent depuis dix ans, mais il faut savoir d'où on est parti. Quand on fait les constats et qu'on regarde d'où on est parti, il faut quand même savoir qu'il y a un peu moins de dix ans, la cour des comptes faisait un rapport dans lequel elle arrivait à la conclusion suivante qui est quand même assez glaçante, c'est que le prix de la scolarité d'un élève en collège REP plus en Guyane est beaucoup moins cher que le prix de la scolarité d'un élève en collège classique dans l'hexagone. Ça devrait tous nous faire bondir, puisqu'en réalité en REP plus, on est censé mettre plus de moyens (…) Nous, on souhaite que la réalité de la Guyane soit prise en compte. Donc ça veut dire un certain nombre de constructions scolaires et puis il faut aussi qu'on regarde les chiffres de maîtrise de la langue, de maîtrise des fondamentaux, les taux de réussite au bac pour prendre en compte les difficultés rencontrées par les élèves et elles sont nombreuses".

Un taux de réussite au baccalauréat en trompe-l’œil

Les syndicats soulignent également les difficultés liées au taux de réussite au baccalauréat. En 2022, ce taux atteignait 76 % toutes séries confondues. Cependant, si l'on prend en compte les élèves sortant du système scolaire sans présenter l'examen, ce pourcentage chute à 45 %.
"On prend en compte les élèves qui quittent le système scolaire sans diplôme, ces élèves-là ne présenteront jamais le baccalauréat et donc c'est pour ça que le chiffre est très bas, ça veut dire qu'on a un grand nombre d'élèves qui quittent le système scolaire avant même d'avoir obtenu le baccalauréat. C'est aussi beaucoup lié à l'offre de formation sur le territoire guyanais. C'est-à-dire qu'évidemment elle est très différente sur l'île de Cayenne, sur le bassin de Saint-Laurent ou à Kourou. Certaines familles font le choix du coup de ne pas scolariser leurs enfants dans la filière qu'ils souhaitaient avec la que ça amène, et cætera. Et puis, il faut quand même dire les choses, ça fait des années qu'on accueille de plus en plus d'élèves dans les lycées généraux et l'offre en professionnel, elle est insuffisante en Guyane. C'est bien de vouloir pousser un maximum d'élèves vers les filières générales et technologiques, mais en Guyane, on le fait parfois un petit peu à l'encontre du bon sens".

Les revendications des syndicats visent donc à garantir une éducation plus adaptée aux réalités du territoire, avec des établissements à taille humaine, une offre de formation plus diversifiée et un encadrement renforcé 

Damien CHAILLOT