Avec 20 883 crimes et délits recensés en 2024, le territoire enregistre une augmentation de 4% par rapport à l'année précédente. Si les homicides et les cambriolages sont en baisse, les vols de véhicules et les saisies d'armes connaissent une forte progression. Par ailleurs, la lutte contre le trafic de stupéfiants a conduit à la saisie de 3,5 tonnes de cocaïne, dont une tonne à l'aéroport Félix Éboué. Focus grâce au reportage de nos partenaires de Radio Péyi.
Le préfet de Guyane, Antoine Poussier, tempère cette augmentation en insistant sur l'impact des actions menées par les forces de l'ordre : « La délinquance et la criminalité générale n'ont pas augmenté en 2024 et l'augmentation est due uniquement à l'activité des services. La délinquance la plus violente, c'est-à-dire les homicides, les vols à main armée et les coups et blessures, reste à un niveau qui est hors norme par rapport au reste du territoire national. C'est ma priorité, avec l'autorité judiciaire, de faire baisser cette délinquance violente. Les moyens ont été renforcés, c'est plus d'une centaine de policiers et de gendarmes en plus en deux ans. On modifie aussi nos modes d'action. On a par exemple mis en place un dispositif de contrôle sur le fleuve Maroni, baptisé Atipa, pour mieux contrôler les flux entre Albinat et Saint-Laurent du Maroni, et puis, c'est le continuum de sécurité, la capacité à coopérer toujours plus avec les maires et aussi de l'autre côté à coopérer de façon la plus opérationnelle possible avec le Brésil et le Suriname ».
Une lutte intensifiée contre l'orpaillage illégal
L'orpaillage illégal atteint un niveau sans précédent en Guyane. Le général Jean-Christophe Sintive, commandant de la gendarmerie de Guyane, souligne les efforts déployés pour lutter contre ce fléau : « Une mobilisation accrue effectivement des forces armées et de la gendarmerie sur la lutte contre l’orpaillage illégal, sur des méthodes qui ont changé et qui ont évolué, on s'est amélioré dans nos méthodes de lutte, notamment sur le ciblage opérationnel. Il y a encore dix ans, 30 % de nos opérations étaient réussies, aujourd'hui c'est 85 %. C'est-à-dire que quand on part sur une mission, on sait où on va et on sait ce qu'on va chercher, et la plupart du temps on trouve ce qu'on cherche. Donc ça veut dire qu'avec des effectifs qui ont légèrement évolué à la hausse, on fait beaucoup mieux que ce qu'on faisait il y a dix ans. Dans les saisies et destructions cette année, c'est 95 millions d'euros de saisies et destruction qui ont été portés au préjudice des Garimpeiros en forêt. C'est un niveau jamais atteint par la gendarmerie et les forces ».
Une baisse des homicides mais un nombre encore élevé
Malgré une baisse de 17 % des homicides, avec 49 faits recensés en 2024, la situation demeure préoccupante. Le général Sintive rappelle que les efforts doivent se poursuivre : « Je suis satisfait du travail qui a été produit par les services de la gendarmerie ici en Guyane, il y a une baisse des homicides, c'est une réalité mais on est quand même à un niveau qui reste élevé avec 49 homicides en 2024 pour toute la Guyane, 36 homicides en zone gendarmerie. Alors effectivement il y a eu moins d'homicides, moins d'homicides en forêt, moins de règlements de comptes, mais on reste quand même à des niveaux importants. Ça veut dire qu'il faut qu'on poursuive le travail d'attrition notamment sur ces factions criminelles, sur ces groupes criminels parce qu'une bonne part des homicides ici en Guyane sont des règlements de compte ». La sécurité en Guyane reste donc un enjeu majeur pour les autorités, qui poursuivent leurs efforts pour contenir la criminalité et améliorer la situation sur le territoire.
Damien Chaillot
